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Le réalisateur Roman Polanski, accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes, est rejugé en appel par la cour de Paris pour des accusations de diffamation portées par l’actrice Charlotte Lewis. Relaxé en première instance, il risque néanmoins une condamnation civile.
Roman Polanski, 91 ans, est de nouveau jugé par la cour d’appel de Paris ce mercredi, mais uniquement sur le plan civil. L’affaire concerne une plainte pour diffamation déposée par l’actrice britannique Charlotte Lewis, qui accuse également le réalisateur de violences sexuelles. En mai dernier, Roman Polanski avait été relaxé par le tribunal, qui estimait que ses propos litigieux ne portaient pas atteinte à l’honneur de l’actrice. Cependant, Charlotte Lewis a fait appel de cette décision.
Des accusations de longue date
Charlotte Lewis accuse Roman Polanski de l’avoir agressée sexuellement en 1983, alors qu’elle avait 16 ans, lors d’un casting à Paris. Ces allégations s’inscrivent dans une série de plaintes déposées contre le cinéaste, notamment celle de Samantha Geimer, victime de relations sexuelles illégales avec Polanski en 1977, lorsqu'elle n'avait que 13 ans.
Dans l’interview qui fait l’objet de la plainte, publiée par Paris Match en 2019, Roman Polanski avait réagi aux accusations portées par plusieurs femmes, dont Charlotte Lewis. Il y évoquait les "contradictions" de l'actrice, déclarant : "Voyez-vous, la première qualité d'un bon menteur, c'est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever ses contradictions".
Un procès sur la liberté d’expression
Le tribunal n’avait pas à juger les accusations de viol, mais uniquement à déterminer si Roman Polanski avait abusé de sa liberté d’expression en diffamant Charlotte Lewis. Lors de l’audience précédente, ses avocats avaient rappelé qu'en 1999, dans une interview au News of the World, l'actrice avait fait part de son admiration pour le réalisateur et avait minimisé les faits. Elle aurait confié au tabloïd : "Il me fascinait et je voulais être sa maîtresse". Ces propos, que Lewis conteste en partie, ont été utilisés pour souligner ses supposées contradictions.
Le tribunal avait alors estimé que les déclarations du cinéaste n'étaient pas de nature à porter atteinte à l'honneur de la plaignante et avait prononcé sa relaxe. Cependant, même si la relaxe est définitive sur le plan pénal, la cour d'appel pourrait reconnaître une "faute civile" et condamner Roman Polanski à verser des dommages et intérêts à Charlotte Lewis.
Un réalisateur toujours sous le coup de la justice américaine
Roman Polanski, célèbre pour des films comme "Le Pianiste" ou "Rosemary's Baby", reste considéré comme un fugitif par la justice américaine depuis plus de 40 ans, après sa condamnation pour relations sexuelles illégales avec Samantha Geimer. Par ailleurs, il est convoqué en 2025 en Californie dans un autre procès civil, où il est accusé du viol d’une adolescente en 1973, des faits qu'il continue de contester "avec la plus grande fermeté", selon son avocate.