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L’actualité quotidienne, lointaine ou près de chez nous, c’est notamment ce qui nourrit l'humoriste Jérémy Ferrari, qui était l’invité d’Alix Battard dans le RTL INFO 13H.
Vous écrivez sans cesse pour vos sketchs, pour vos spectacles. Votre spécialité, c’est l’humour noir, autour des thèmes de l’actualité, du quotidien. Un journal télévisé, ça doit vous inspirer ?
"Oui, c’est toujours inspirant. Je trouve qu’il n’y a pas vraiment de thèmes originaux, c’est l’axe qui rend le truc original, parce qu’au final, les humoristes et les artistes en général traitent toujours de la même chose, de l’amour, de la guerre, du sexe, de la dispute, de la politique, des conflits, donc on se nourrit des choses qui ne vont pas bien. Je pense que c’est le rôle de l’humour, aussi".
Et vous, spécifiquement, vous choisissez un axe qui fait mal, qui dérange, qui gêne ? Vous préférez qu’on dise humour noir ? Est-ce que vous aimez bien ce terme ?
"Je trouve toujours ça un peu réducteur, humour noir. Pour moi, ce terme me parait poussiéreux, j’imagine toujours un mec faire un spectacle d’une heure et demie qui fait un peu peur, c’est très éloigné de ce que je fais. Je pense que c’est un mélange, de provocation et d’absurde, je prends des thèmes très noirs et je les traite avec beaucoup de franchise. C’est ça qui fait qu’on dit, ‘il est provocateur’, mais je le fais surtout avec beaucoup d’absurde".
Vous l’avez vu dans notre journal, pour le moment en Belgique, il y a des marches pour le climat, menées par des jeunes qui sont dans la rue depuis 5 jeudis d’affilée. Vous avez commencé à travailler très tôt, très jeune, est-ce que vous étiez militant ? Est-ce que vous auriez pu vous aussi vous mobiliser dans la rue, et sécher les cours pour y être ?
"Je trouve que c’est très bien de le faire, de la même manière qu’en France, j’ai soutenu les gilets jaunes, parce que je pense que les gens doivent exprimer leur colère, et je pense que c’est très bien de descendre dans la rue. Il faut éviter de brûler des policiers et des cabines téléphoniques, mais je trouve que le mouvement, de se mettre dans la rue ensemble pour protester, c’est très bien. Le peuple, les gens, doivent montrer au pouvoir qu’ils sont là, et que ce sont eux qui décident, parce qu’il ne faut jamais oublier, et toujours rappeler aux puissants, que c’est nous qui les avons mis là où ils sont, et qu’ils sont là pour nous servir. Maintenant, moi, personnellement, je suis un peu agoraphobe, donc je vais éviter les manifestations. C’est Desproges qui disait, même si on manifestait pour la survie de mes enfants, je n’irais pas manifester, et je crois que je suis un peu comme ça. Mon rôle, il est sur scène, à écrire des choses, et à être sur des plateaux de télévision à défendre des causes. Je crois que je suis meilleur là qu’avec eux dans la rue".
Vous venez nous parler de la prochaine édition des Duos de l’impossible. Ce spectacle s’intègre dans votre festival Smile and Song, qui a lieu du 10 au 29 mars. Vous serez à Forest National le 14 mars prochain. C’est le 6e gala, avec deux heures de duos improbables. Qui seront vos invités cette fois-ci?
"Cette année, j’ai un concept un peu différent que les autres années. Dans les noms qu’on connaît en Belgique, je pense qu’on peut parler de Bouder, d’Eric Antoine, de Guillaume Bats, Véronique Gallo également. Tous les ans, il y a un thème et cette année, j’ai plutôt voulu un concept, parce que je voulais me moquer des galas féminins, parce que je pense qu’il y a d’autres manières de lutter contre la misogynie. C’est la grande mode : tout le monde fait des plateaux féminins pour lutter contre la misogynie, je trouve ça misogyne grave, ça n’a pas de sens. [...] J’ai voulu créer un faux gala féminin. Il y a plein de femmes, sauf que plein d’humoristes mecs viennent alors qu’ils ne sont pas invités, j’essaye de dégager tout le monde de la soirée, ce qui fait que ce sera un gala mixte. Il y aura tout de même beaucoup plus de femmes, Elisabeth Buffet va venir, Shirley Soignons, et j’attends encore des réponses".
Dans vos invités, il n’y a pas Gad Elmaleh. Vous avez certainement suivi la polémique, on l’accuse de plagiats en série. Vous qui écrivez énormément, est-ce que la tentation du plagiat est inévitable ?
"Non, ce n’est pas inévitable… Je ne parle pas anglais, je suis tranquille. Non, mais je souris, parce que dans le milieu de l’humour, on sait qui copie à droite à gauche. Après, ce n’est pas chouette, parce que c’est un manque de respect du public. J’avoue que nous, en interne entre humoristes, on fait 'haha, bien fait', parce que quand même, nous on s’emmerde à écrire des sketchs, donc on aimerait bien que les autres fassent pareil, maintenant ça ne remet pas en cause la carrière de Gad Elmaleh, c’est quelqu'un qui a énormément de talent, ça ne remet pas en cause toute sa carrière. Mais ce n’est pas bien de le faire. Il prend un petit taquet, il faut qu’il se remette à l’écriture. Nous ça nous fait sourire, ce n’est pas dramatique, il n’a pas tué quelqu’un, mais c’est vrai que c’est agréable, quand on fait l'effort d’écrire, et d’être tout le temps dans le renouveau, et quand on voit des mecs débarquer avec des pans entiers de sketchs qu’ils ont pompés à d’autres et d’avoir du succès avec, c’est vrai qu’on trouve ça un peu injuste. C’est marrant, c’est rigolo, mais ce n’est pas très grave".