Une jeune fille de 17 ans de Grâce-Hollogne, en province de Liège, est victime de harcèlement de la part d'une autre adolescente, de Seraing. Les mots sont durs: incitation au suicide et menaces de coups. Des dizaines de personnes ont pris la défense de la jeune fille martyrisée et s'étonnent que la justice ne réagisse pas. Mais l'affaire avait été classée sans suite en début d'année. Pour la relancer, il faudra une nouvelle plainte, qui doit être normalement déposée ce jeudi.
Des dizaines de signalements nous sont parvenus ces derniers jours via notre bouton orange Alertez-nous. Des personnes qui avaient vu l'appel à l'aide d'un membre de la famille d'une ado harcelée et qui craignaient pour la vie de l'adolescente. Les captures d'écran des messages de la harceleuse sont éloquentes et montrent la violence des propos.
La belle-sœur de la victime qui a publié ces captures d'écran détaille les circonstances. "Elle se fait harceler depuis 3 ans. Son cousin est décédé à cause d'elle (la harceleuse, ndlr) et maintenant elle s'en prend à elle. L'affaire est entre les mains de la justice mais rien ne bouge. Elle a 17 ans, elle est déjà en dépression et prête à poursuivre ses études par correspondance."
En réalité, la harceleuse est une ancienne amie, pouvait-on lire dans les journaux Sud Presse ce matin. Elle est à la tête d'une bande d'ados, dont certains majeurs, que la victime décrit comme déscolarisés. Lorsqu'elle a pris ses distances avec eux dans le but de réussir ses études, le harcèlement a commencé. La famille a porté plainte plusieurs fois contre eux, et dernièrement, tout s'est emballé.
Frappée en rue, sa photo et son numéro placés sur un site porno, ...
Tout d'abord, sa photo avec son numéro de téléphone ont été postés sur un site pornographique. Des hommes parfois très âgés l'ont alors contactée, relate la jeune fille à nos confrères. Puis il y a peu, les menaces seraient devenues physiques. La victime explique avoir reçu plusieurs coups par derrière par le groupe de harceleuses à la gare routière de Jemeppe, son lieu de passage obligé pour aller à l'école. Résultat : coups bleus et entorse au pied. Et depuis, ce sont les messages ci-dessus qui lui ont été envoyés par la meneuse de la bande.
Désormais, la jeune victime, qui s'est déjà mutilée et est suivie par un psychologue, n'ose plus se rendre aux cours de peur que ses harceleurs ne mettent leurs menaces à exécution. Ils l'attendraient en effet sur le chemin de l'école.
Un suivi psychologique proposé par l'école
Du côté de son école justement, on se dit démuni quant à d'éventuelles sanctions contre la harceleuse. Et pour cause : elle est inscrite dans une autre école de la région. Il ne s'agit donc pas d'un cas de harcèlement scolaire. Cela ne les empêche cependant pas de proposer de l'aide à leur élève. Mercredi matin, la direction a proposé aux parents de la jeune fille qu'elle soit aidée par leur centre PMS (psycho-médicosocial). Elle y sera reçue cette semaine. L'école espère qu'elle trouvera là une oreille attentive pour décharger ses angoisses et inquiétudes.
Il faut de nouvelles plaintes pour relancer le dossier
Le dossier avait déjà été transmis au parquet de Liège, avec toutes les plaintes de la jeune fille et sa famille. Problème : ce dossier a été classé sans suite : "L’enquête a été faite et a été clôturée au mois de mars 2019 parce que la situation était apaisée. Aucune nouvelle plainte n’a encore été déposée jusqu’à présent", détaille le parquet.
Pour relancer la procédure judiciaire contre la harceleuse, la police locale demande à la famille de revenir déposer plainte à chaque nouveau fait. Ce qu'elle devait normalement faire ce jeudi, selon Sud Presse. La maman de la victime regrette d'ailleurs de ne pas être retournée à la police après les coups reçus à Jemeppe. Sa fille avait alors eu peur d'envenimer encore plus la situation.
La harceleuse insultée sur Facebook
La procédure judiciaire à l'encontre de la harceleuse devrait donc reprendre bientôt. D'ici-là, celle-ci elle a droit à la vindicte populaire sur les réseaux sociaux. Des messages haineux sont postés sur ses publications publiques, comme ceux ci-dessous. La mère de la jeune harceleuse a également vu son profil Facebook assailli de commentaires haineux et d'insultes de la part de personnes qui malheureusement reproduisent ce qu'elles dénoncent...
Comment le cyber-harcèlement a changé la donne
Un jeune sur 3 déjà victime de cyber-harcèlement
Selon les chiffres de Child Focus, aujourd'hui, un jeune sur trois (34,3 %) serait confronté au cyber-harcèlement et les trois quarts (76 %) des jeunes entre 12 et 18 ans ont eu connaissance d’une situation de cyber-harcèlement sans y avoir été impliqué activement.
Il ne s'agit généralement que d'une facette du harcèlement classique, qui se prolonge après l’école par le biais de la technologie.
Un jeune sur 5 déjà auteur de cyber-harcèlement
Mais un autre chiffre pose question : un jeune sur cinq (21,2 %) aurait déjà été l’auteur de cyber-harcèlement. Child Focus a remarqué que les victimes deviennent parfois par la suite les auteurs. "Dans les groupes de jeunes où le harcèlement et le cyber-harcèlement persistent sans qu’un adulte intervienne, une gigantesque culture de cyber-harcèlement peut naître et donner lieu à des réactions en chaîne où auteurs et victimes se succèdent tour à tour", détaille Child Focus.
Les jeunes filles plus souvent victimes
Au niveau du profil, les garçons ne sont qu'un petit peu plus nombreux que les filles à pratiquer le harcèlement. Par contre, ce sont beaucoup plus souvent des jeunes filles qui en sont victimes. Le pic du phénomène a lieu entre 12 et 15 ans.
Les réseaux sociaux n'offrent plus de moments de répit
L'arrivée du cyber-harcèlement a radicalement changé la donne pour ces victimes. Avant l'ère des réseaux sociaux, le foyer familial représentait la bouffée d'oxygène, le moment de la journée où le harcèlement scolaire cessait. Aujourd'hui, il pénètre dans la sphère privée jusque dans la chambre à coucher. Il ne s'arrête plus. D'autant qu'à l'école ou en rue, des adultes sont présents et peuvent venir en aide aux victimes. À la maison, dans l'intimité de la chambre ou simplement du smartphone, les victimes se sentent plus seules. Voilà pourquoi la plupart des enfants et des jeunes considèrent le cyber-harcèlement comme beaucoup plus intrusif que le harcèlement classique.
Vos commentaires