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Les conséquences des terribles inondations qui ont touché la région de Liège sont innombrables. L'une des principales est le relogement des personnes dont le domicile est devenu inhabitable. Et ça ne concerne pas que les maisons…
Edouard nous a appelés pour nous faire part de la situation très délicate de quelques résidents du "Domaine du Pont", à Méry, un village de la commune d'Esneux. Ce domaine est l'un des nombreux campings résidentiels de la Wallonie. Ceux qui y vivent ne sont donc pas des touristes, car ils y habitent à l'année et y construisent souvent des chalets, ou y placent des caravanes résidentielles (généralement surélevées, car la zone est souvent inondée).
Suite aux inondations des 14 et 15 juillet, le camping, situé entre la rue du Domaine du Pont de Mery et l'Ourthe, a été ravagé par la crue fulgurante. Quelques résidents ayant des caravanes mobiles se sont réfugiés dans d'autres zones de Méry, notamment dans l'Avenue des Bois, où habite Edouard.
Eau, soupe, chaussures... On les aide comme on peut
"On habite beaucoup plus en hauteur, donc on n'a pas été touché par les inondations. Quelques pauvres résidents (une dizaine de caravanes et des voitures, soit une trentaine de personnes en tout) ont sauvé ce qu'ils pouvaient, et sont montés dans notre rue. On les aide dès qu'on peut: on leur a apporté du courant quand on en avait, mais surtout de l'eau et de la soupe, je leur ai même donné des chaussures que je n'utilisais plus".
Une solidarité normale pour Edouard, "on les aide comme on peut". Mais la situation, qui perdure depuis 6 jours pour certains, "devient intenable".
"Trois pitbulls dans une Fiesta", des enfants dans la rue
Dans certaines caravanes, "ils vivent à 5 ou 6". D'autres personnes "dorment dans leur voiture, car ils ont tout perdu". Il y a également "des chiens dans les voitures, dont trois pitbulls dans une Fiesta avec la fenêtre ouverte. Personnellement, je n'ai pas envie qu'il y en ait un qui sorte et qui morde mon fils". Ces résidents délogés vivent "sans sanitaire, sans eau", tandis que "les immondices s'accumulent autour des caravanes".
La situation devient donc tendue, et on le comprend. "Ça chauffe un peu tous les soirs, apparemment ils ne s'entendent pas tous entre eux. Il y a beaucoup d'enfants, qui restent dans les caravanes ou dans la rue. Or c'est une rue étroite et avec les véhicules garés, c'est dangereux pour eux avec les voitures qui doivent circuler".
Malgré la baisse du niveau de l'eau et de l'Ourthe, ces résidents ne peuvent pas rentrer chez eux. "Le domaine est inondé et il y a du mazout. Toutes les cuves des chalets ont débordé. En plus il y a de nombreux déchets".
Un terrain libre à Tilff ?
Les résidents, d'après ce qu'ils ont dit à Edouard, "veulent partir et ont tenté de joindre la bourgmestre pour trouver une solution". D'après eux, "il y a un terrain qui appartient à la commune, il est situé à Tilff, c'est l'ancien camping qui est en hauteur, pas du tout dans une zone inondable. Apparemment, il y aurait des sanitaires, mais je n'y suis jamais allé". Toujours d'après les sinistrés, "la bourgmestre ne veut pas communiquer avec eux. Je comprends qu'elle soit très occupée pour l'instant, mais il y a peut-être des priorités". Dans sa rue, "ça devient insoutenable pour eux, il faut trouver un terrain à ces gens pour qu'ils retrouvent une vie décente".
Nous avons tenté de joindre la bourgmestre, mais sans réponse. "Elle est bien entendu fort occupée, au centre de crise, son téléphone n'arrête pas de sonner", nous a confié Adrien Calvaer, l'échevin en charge, notamment, de l'urbanisme et du logement à la commune d'Esneux. Rentré précipitamment de vacances, il a "les pieds dans l'eau" dans sa maison, et n'est pas au courant d'une demande liée à l'utilisation de l'ancien camping de Tilff. "Effectivement, ce camping est désaffecté et la commune a des projets le concernant. Je ne suis ni pour ni contre (le déménagement provisoire des résidents vers cette zone disponible), mais il faut que la demande nous parvienne et ensuite, que le collège communal se prononce".
Un problème de communication, dans des conditions difficiles et inédites, est sans doute à l'origine de ce blocage. Mais une solution semble envisageable.