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De plus en plus de vendeurs à la sauvette s’installent à côté d’une école à Bruxelles: "Les élèves et les parents se sentent en insécurité, c’est un gros problème"

La secrétaire d’une école à Anderlecht dénonce une situation problématique. Depuis environ un an, de plus en plus de vendeurs à la sauvette s’installent juste à côté de l’établissement scolaire, nuisant à son environnement direct. Même si elle intervient, la police révèle son incapacité à y remédier, faute de moyens légaux. De son côté, le bourgmestre planche sur une solution structurelle.

"C’est la catastrophe. Les parents et les élèves ne se sentent plus en sécurité quand ils viennent à l’école", déplore la secrétaire de l’école Sainte-Marie à Anderlecht, via notre bouton orange Alertez-nous.

A la fois excédée et découragée, Véronique Toumpsin ne sait plus vers qui se tourner. "Tous les jours de la semaine, surtout le vendredi, il y a des vendeurs à la sauvette qui se mettent au niveau du piétonnier où se trouvent l’entrée et la sortie de l’école", déplore la secrétaire.

"Le vendredi, c’est impossible de faire le rang à midi tellement il y a des marchands"

"Quand on sort, on ne peut pas mettre un pied devant soi. Le vendredi, c’est impossible de faire le rang à midi tellement il y a des marchands. Il faut slalomer", explique-t-elle, en envoyant des photos pour illustrer ses propos.

Selon la secrétaire, ces vendeurs à la sauvette sont présents toute la journée et sont de plus en plus nombreux au fil des heures. "Ce problème existe depuis plusieurs années, mais la situation s’empire. Il y a de plus en plus de marchands le long des façades et devant l’école. Avant, il y en avait quelques-uns le vendredi mais, depuis un an, c’est dramatique", regrette Véronique, qui occupe son poste depuis 8 ans.

"Cela fait un an que le phénomène a pris de l’ampleur"

Le bourgmestre d’Anderlecht dresse le même constat. "Cela fait un an que le phénomène a pris de l’ampleur. C’est lié au fait qu’une partie de la population qui vivait de petits boulots a dû trouver d’autres sources de revenu en raison de la pandémie. Ces marchands vendent des produits de contrebande comme des cigarettes et toute une série d’objets de moindre qualité", confirme Fabrice Cumps, interpellé à plusieurs reprises à ce sujet par des riverains.

"Au départ, ils étaient surtout présents le dimanche, jour du marché aux abattoirs. Maintenant, ils s’installent aussi la semaine dans cette rue piétonnière. En fait, ils profitent du grand passage à ces endroits pour avoir une clientèle. Il y a plusieurs milliers de personnes qui passent le weekend près des abattoirs", ajoute le bourgmestre.


"Un instituteur s’est fait déjà voler deux fois son GSM" 

Selon Véronique, leur présence engendre un sentiment d’insécurité. "Un instituteur s’est fait déjà voler deux fois son GSM quand il faisait le rang avec les élèves. La dernière fois, c’était il y a 15 jours", assure-t-elle. "Vendredi dernier, il y a même eu une bagarre. Certains boivent et fument. Devant une école maternelle et primaire où il y a de jeunes enfants, cela ne va pas", lance la secrétaire.

Par ailleurs, elle dénonce les conséquences au niveau de la propreté publique. "C’est toujours sale. Il y a des déchets, des cartons sur le sol. Cela ne donne pas envie de rentrer dans l’école. Il y a des balayeurs de rue qui viennent nettoyer souvent mais visiblement ce n’est pas suffisant", regrette Véronique.

D’après elle, la situation serait tellement problématique que des parents pensent à changer leurs enfants d’établissement scolaire.

Véronique appelle la police tous les vendredis

Pour tenter d’y remédier, l’école appelle régulièrement les forces de l’ordre. "J’appelle la police tous les vendredis. Ils me répondent que s’ils peuvent envoyer des agents, ils le feront", explique la secrétaire. "En général, les policiers demandent aux vendeurs de remballer leurs affaires. Ensuite, ils se mettent au coin de la rue et ils attendent que la police parte. Deux secondes après leur départ, ils reviennent et étalent à nouveau leurs marchandises. J’ai vu une ou deux fois la police embarquer l’un d’entre eux. En gros, la police connaît le problème mais semble ne pas savoir comment le gérer", témoigne-t-elle.

"Nous pouvons chasser ces vendeurs mais le lendemain, ils sont de retour"

Ces vendeurs à la sauvette sont-ils incontrôlables ? Que peut faire la police ? D’après la porte-parole de la zone de police Bruxelles-Midi, les agents sont effectivement limités dans leurs actions. "Nous sommes bien conscients de cette problématique qui est une nuisance. Nous intervenons dès que possible mais ce n’est pas facile car nous ne disposons pas des moyens juridiques pour agir. Nous pouvons chasser ces vendeurs, les contrôler mais pas les arrêter. Et le lendemain, ils sont de retour", indique la police locale.

"On comprend l’école et les parents, mais nous n’avons donc pas de baguette magique malheureusement. Nous avons la volonté mais pas les moyens puisqu’il existe une lacune au niveau légal", ajoute la porte-parole qui nous renvoie vers la commune. "Ce sont les autorités communales qui sont compétentes. Et comme ce sont en général des gens qui n’ont pas de papiers, cela relève également du SPF Affaires étrangères".

De son côté, le bourgmestre confirme cette situation compliquée. "Il y a une occupation de terrain organisée en collaboration avec la police et les gardiens de la paix, en tout cas le dimanche. Mais même si la police intervient, ce n’est pas efficace puisqu’effectivement ces marchands se réinstallent", concède Fabrice Cumps.


"Ils vendent ces produits pour survivre"

Il nous explique que ces vendeurs à la sauvette ne peuvent pas être interpellés pour commerce illégal. "On s’appuie sur les règles sanitaires pour les faire partir, mais c’est fragile comme justification. Nous pouvons les arrêter pour d’autres motifs comme la vente de produits illégaux. Par contre, si ce sont des marchandises de brocante il n’y a pas de motif d’arrestation", explique-t-il.

D’après lui, les policiers saisissent les produits illégaux qui sont ensuite envoyés à la douane. Tandis que les marchandises abandonnées lors de la fuite des vendeurs sont ramassées avant d’être détruites.

Apparemment, comme le révèle la police, le profil de ces marchands est souvent le même. "Ce sont quasi exclusivement des personnes en situation irrégulière. Ils vendent ces produits pour survivre. La police a déjà procédé à des arrestations et des ordres de quitter le territoire ont été délivrés", indique le bourgmestre, qui travaille en collaboration avec d’autres autorités compétentes.

"J’ai rencontré le Procureur du roi et ce problème était l’un des problèmes soulevés. J’en ai aussi discuté avec la Ministre de l’Intérieur qui m’a promis un contact privilégié avec l’Office des étrangers. Ce qui est effectivement le cas. Mais ce n’est pas possible d’expulser tout le monde", souligne Fabrice Cumps.


Le bourgmestre planche sur une solution plus structurelle

Alors, que faire ? D’après le bourgmestre, seule une mobilisation des forces de tous les côtés permettra de trouver une solution. Une solution plus structurelle, basée sur deux stratégies. La première idée est d’inverser le sens d’entrée et de sortie du métro Clémenceau qui donne accès au marché des abattoirs. "Les personnes ne passeront donc plus par là. Nous avons déjà obtenu l’accord de la STIB. Un test est prévu dans 10 jours", révèle le bourgmestre.

La deuxième idée est d’accaparer les lieux de manière positive, en collaboration avec d’autres acteurs. "Comme ce n’est pas possible de mobiliser en permanence des policiers sur place, on pense à une occupation positive de la place et de cette rue adjacente en mettant en place des activités culturelles et sportives. C’est donc une façon d’empêcher les vendeurs de s’installer et d’éviter de voir proliférer ce genre de brocante", explique Fabrice Cumps. Le bourgmestre espère que ce programme d’activités pourra être lancé début août.

"L’objectif est de couper leur source de revenus, à savoir la clientèle des abattoirs", conclut-il.

Si ce plan porte ses fruits, Véronique devrait pouvoir entamer la nouvelle année scolaire avec plus de sérénité. Tout comme les enseignants, les parents et les élèves de Sainte-Marie.

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