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Cette photo d'Alisson aux côtés de sa grand-mère a été prise en 2020. Juste avant le confinement. La famille s'était rendue dans sa résidence pour fêter les 90 ans d'Huguette. Cela fait un an que la jeune femme n'a plus vu son aïeule. Patiente jusqu'ici, elle commence à trouver le temps long, d'autant que sa grand-mère a reçu les deux doses requises du vaccin contre le covid. Dans son message reçu via Alertez-nous, elle affirme que la maison de repos a annoncé à la famille qu'elle ne pourrait revoir Huguette avant plusieurs semaines. "Je trouve scandaleux de faire vacciner les personnes âgées en leur promettant un retour à une vie à peu près normale"... Alors que celle-ci tarde à reprendre ses droits.
Huguette a fête ses 91 ans le 22 janvier, sans voir sa famille. Le home en question situé à Blaton permet aux résidents de rencontrer un seul proche par semaine (le même durant 15 jours), sur rendez-vous. "Ma grand-mère n'a pas souhaité le faire car elle devait descendre et traverser deux longs couloirs pour nous voir derrière un plexiglas dans une petite pièce et cela sous-entendait aussi de choisir qui allait lui rendre visite. C'est compliqué, nous sommes une famille nombreuse... Ne pas voir ses petits enfants qu'elle a l'habitude de voir, ce n'est pas facile", confie Alisson.
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75 % des résidents wallons ont reçu les deux doses, 85 % des Bruxellois
La campagne de vaccination dans les maisons de repos touche effectivement à sa fin. La question d'un assouplissement des mesures très strictes entourant les contacts des résidents avec le monde extérieur se pose donc tout naturellement.
Selon les derniers chiffres communiqués par le cabinet de la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale, plus de 75 % des résidents des maisons de repos du sud du pays ont reçu les deux injections de vaccin. Pour le personnel, la proportion atteint 40%. En ce qui concerne le taux de participation, soit les personnes qui acceptent de se faire vacciner car ce n'est pas une obligation, il dépasse les 85% pour les pensionnaires. La moyenne est de plus de 70% parmi les membres du personnel. A Bruxelles, plus de 85% des résidents ont été vaccinés. Et le taux de participation du personnel est en progression, il tourne autour des 60 %. La campagne dans les maisons de repos s'achèvera la première semaine de mars.
Malgré l'avancement de la vaccination dans les résidences pour les personnes âgées, les règles pour les visites n'ont pour l'instant pas évoluées. La matière est régionale. En Wallonie, en théorie, les résidents peuvent avoir la visite de deux personnes en même temps (toujours les mêmes durant 15 jours). A Bruxelles, tous les établissements (avec ou sans cas de coronavirus) doivent demeurer au stade 2 (sur 3). Concrètement dans la capitale, la bulle de deux visiteurs maximum est également d'application. Ici aussi avec l'obligation de garder les mêmes proches durant deux semaines. Mais Vincent Frédéricq, secrétaire général de la Femarbel, la Fédération des maisons de repos, l'admet : "Certains établissements, traumatisés par la situation vécue en avril dernier, sont peut-être trop restrictifs". Il ajoute que "des foyers sont apparus dans quelques établissements où les gens ont été vaccinés, cela s'explique par le relâchement des gestes barrières".
Vers un assouplissement des règles ?
La Fédération estime qu'il reste un certain nombre d'inquiétudes, notamment face aux variants mais elle ne veut pas que les résidents soient pénalisés. Elle plaide "pour un déconfinement le plus large possible, en tenant compte de la situation épidémique générale, mais en continuant à maintenir strictement les gestes barrières". D'autant plus qu'à ce stade, l'incertitude concernant l'effet de la vaccination sur la transmission de la maladie n'a pas été levée. En d'autres termes, la vaccination empêche dans la majorité des cas de tomber malade, mais on ne sait pas si une personne vaccinée qui serait infectée peut ou non transmettre le virus.
Tests rapides en Flandre
Vincent Frédéricq évoque aussi une piste : des tests rapides pour les visiteurs des maisons de repos, tests nasopharyngés qui livrent un résultat en quelques minutes. La méthode est déjà utilisée en Flandre depuis le début du mois. Cependant, si le visiteur refuse de se faire dépister, on ne peut lui refuser l'accès. A Bruxelles, il y a des discussions pour envisager l'emploi de ces tests.
Décision fin de semaine ?
De manière générale au niveau politique, une réflexion est en cours pour assouplir les règles. Les experts du GEMS, groupe chargé de conseiller le gouvernement sur la gestion de la crise, a remis un avis sur cette question ce mardi. Le but est de parvenir à harmoniser de nouvelles règles dans les trois régions du pays. Une circulaire doit être adoptée à la fin de cette semaine ou au début de la semaine prochaine, nous indique le cabinet de la ministre wallonne de la Santé.
De son côté, Alisson n'a qu'un souhait : rendre visite à sa grand-mère dans sa chambre, en respectant bien sûr les gestes barrières: "Avoir un échange, en face à face, sans plexiglas et sans limite de temps, pouvoir lui ramener ses petites douceurs comme autrefois". Pas tout à fait la vie d'avant, mais une visite presque normale.