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Sébastien utilise quotidiennement la STIB pour circuler à Bruxelles. Ce mercredi matin, il a appuyé sur le bouton orange Alertez-nous pour nous signaler une situation qui l'exaspère. "On parle de plus en plus d'écologie, mais je suis outré de voir, chaque jour, des bus STIB à l'arrêt dans la rue des Augustins, avec le moteur en marche. Si ces bus étaient prêts à partir, ce serait compréhensible. Mais ici ils attendent parfois 10, 15 voire 20 minutes", s'insurge notre témoin.
Et d'après son témoignage, les moteurs ne sont pas maintenus en marche pour bouger les véhicules. "Régulièrement le moteur tourne et le chauffeur est en train de fumer une cigarette dehors en attendant le départ", décrit Sébastien. D'ailleurs, il nous envoie une vidéo (voir ci-dessus) pour prouver ses dires. "Sur le bus en question dans la vidéo, le panneau d'affichage indique qu'il y avait 7 minutes d'attente avant son départ", précise ce client de la STIB.
Dès le premier jour on nous apprend que couper le moteur à un terminus c'est très important
Nous avons envoyé une équipe précisément dans la rue des Augustins ce lundi matin. À notre passage, il n'y a que de bons élèves: tous les chauffeurs de bus que nous avons croisés éteignent bien leurs moteurs une fois à l'arrêt. C'est même l'une des premières consignes données à Sacha, un apprenti chauffeur que nous avons rencontré. "Dès le premier jour on nous apprend que couper le moteur à un terminus c'est très important. Pour la pollution, pour les problèmes d'environnement. Donc si on reste plus de deux minutes à un terminus, il est important de couper son moteur", explique Sacha Milcamp, futur chauffeur de bus.
La réaction de la STIB
Nous n'avons pas manqué d'interroger la STIB à ce sujet. "La règle transmise à nos chauffeurs est de couper le moteur lorsqu'ils se trouvent au terminus ou dans un endroit où ils vont rester. Ils le savent, ça fait partie de la formation et des rappels sont faits", nous affirme Cindy Arents, porte-parole de la Société des transports intercommunaux de Bruxelles.
"Il faut cependant voir au cas par cas et il peut y avoir une certaine latitude. Par exemple lorsqu'il fait très froid et que le véhicule reste peu longtemps sur place, il peut arriver que le moteur reste allumé. Ou par exemple si le chauffeur doit effectuer des manoeuvres régulières pour avancer dans une file de bus", précise Cindy Arents. Ainsi, les chauffeurs disposent d'une latence de deux minutes pour couper leur moteur.
La représentante de la STIB indique qu'un client peut introduire "toute plainte ou signalement" via le service de contact de la STIB.
Enfin, une autre porte-parole de la STIB a précisé ce lundi que des contrôles étaient effectués par des superviseurs de la STIB.
Laisser son moteur tourner: une infraction
Notre alerteur nous précise, à juste titre, que ce comportement est interdit. Nous vous l'expliquions à la fin janvier sur RTL INFO: en Wallonie, laisser son moteur tourner quand on est à l'arrêt constituera même une infraction environnementale à partir du 1er mars.
Mais cette pratique est déjà considérée comme une infraction pouvant être sanctionnée par une amende de 58 euros. Voici ce que dit le code de la route à l'article 8.6:
Il est interdit à tout conducteur de procéder, au point mort, à des accélérations répétées du moteur. Les conducteurs doivent en outre veiller à ne pas laisser le moteur en marche au point mort sauf en cas de nécessité.
Le terme "nécessité" utilisé dans le code laisse planer une zone d'ombre et une part d'interprétation. En janvier, le porte-parole de l'institut Vias (ex-IBSR), nous donnait son analyse. "Je doute que des excuses telles que ‘Je repars tout de suite’ ou ‘Pour garder l’habitacle chaud’ soient des circonstances atténuantes aux yeux d'un policier", confiait Benoît Godart.
7 minutes ou plus à l'arrêt, c'est énorme
En janvier, nous avions interrogé Benoît Godart sur la pollution engendrée par une voiture à l'arrêt. Sa conclusion était qu'un véhicule arrêté dont le moteur tourne plus de 10 secondes émet plus de CO2 que si le moteur avait été coupé puis redémarré. "Pour les bus, il n'y a pas de raison que ça soit très différent. Les bus font même beaucoup plus de bruit et polluent plus", confie aujourd'hui Benoît Godart.
Le porte-parole de Vias précise ne pas avoir de chiffre précis sur la pollution engendrée par un bus arrêté dont le moteur tourne. Il a cependant un exemple à nous partager. "Cela se passe en face de la gare de Nivelles. Dans une rue où il y a des arrêts de bus le long de la chaussée. Les riverains étaient tellement excédés par les bruits et les émanations qu'un habitant a affiché des pancartes sur sa façade pour demander aux conducteurs de bus d'arrêter leurs moteurs", explique-t-il.
Interrogé sur le cas évoqué par notre témoin Sébastien, le porte-parole de Vias invite les sociétés de transports en commun à sensibiliser les chauffeurs. "Je peux comprendre qu'ils laissent tourner le moteur par grand froid et si l'attente est courte, mais dans ce cas-ci, 7 minutes ou plus à l'arrêt, c'est énorme. Il n'y a pas de raison de sanctionner les automobilistes qui ont ce genre de comportement et pas les chauffeurs de bus. Ils doivent aussi montrer l'exemple", conclut-il.