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Benoit est l'un des premiers Belges équipés de "l'internet d'Elon Musk": en quoi s'agit-il d'une "révolution" ?

Il y a quelques mois, des "points de lumière" illuminaient le ciel, en Belgique et ailleurs dans le monde. Il s'agissait du lancement d'un grand nombre de satellites pour le grand projet d'Elon Musk baptisé Starlink. Un bon internet, partout et pour tout le monde, avec une simple antenne (presque) portable de 40 cm de diamètre. On a rencontré l'un des premiers Belges qui se l'est procurée.

Vous connaissez l'internet dit 'fixe', c'est-à-dire l'accès à internet via le réseau câblé de la téléphonie (Proximus, Scarlet), de la télédistribution (Voo, Orange, Telenet) et si vous avez de la chance, de la fibre (en cours de déploiement par différents opérateurs). Et vous utilisez certainement, sans même y penser, l'internet dit 'mobile', typiquement avec votre smartphone sur les réseaux 4G (5G si vous avez de la chance) des opérateurs Proximus, Base ou Orange.

Benoit a contacté récemment la rédaction de RTL info, via notre bouton orange Alertez-nous, car il est l'un de premiers acquéreurs d'un internet qu'il juge "révolutionnaire": l'internet "par satellite complètement repensé par Elon Musk". Celui-là même qui a illuminé le ciel (notamment belge) ces derniers mois en lançant sa flotte de satellites.

Un "antenniste" à Loyers, passionné de satellites

C'est avec une certaine excitation que Benoit nous a présenté sa récente acquisition, chez lui, à Loyers. "Depuis que j'ai 16 ans, je suis passionné de satellite. Mes parents travaillaient déjà dans un magasin de télévision, j'ai grandi dedans".

Et il s'est rapidement lancé dans l'installation d'antenne satellite, chez les particuliers les professionnels. "Je suis indépendant depuis que j'ai 18 ans. Je suis 'antenniste', il n'y en a pas beaucoup… J'installe des kits de réception satellite pour la TV chez des gens, dans des hôtels ou des immeubles d'appartements". Ce sont les traditionnelles antennes qu'on aperçoit sur de nombreux toits. Vous l'ignoriez peut-être, mais "ces antennes satellites peuvent aussi servir à se connecter à internet. J'en ai installées beaucoup dans la région", là où l'accès 'câblé' pose problème (voir plus bas).

Tous les "points lumineux" dans le ciel ces derniers mois, c'était ça !

Depuis quelques mois, Benoit suit de près l'actualité de Starlink. Il s'agit de l'internet par satellite commercialisé par la société SpaceX, qui appartient à Elon Musk (le célèbre entrepreneur américain qui est derrière PayPal et Tesla). SpaceX est une entreprise privée qui a développé ses propres fusées (plutôt des 'lanceurs') capables de mettre un tas de choses en orbite, et de revenir sur terre pour être en partie réutilisées. Mettre en orbite des hommes (notamment les astronautes ayant rejoint la station spatiale internationale au printemps dernier), mais également des satellites. Et comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, c'est forcément SpaceX qui a mis en orbite tous les satellites de Starlink.


Les satellites Starlink, en avril 2020 dans le ciel belge (©BELGA)

Oui, tous les "points lumineux observés dans le ciel" ces derniers mois, y compris en Belgique (voir notre reportage du mois d'avril dernier), c'était pour ça ! Elon Musk déployait tranquillement son réseau d'internet via satellites. Mais vous allez le voir, son réseau n'a rien à voir avec ce que Benoit installait auparavant. Notre témoin parle "d'une révolution".

En quoi Starlink est-il "une révolution" ?

"L'internet par satellites pour les particuliers, avant Starlink, c'était de grandes antennes qu'il fallait installer pendant plusieurs heures, puis orienter à la main à l'aide d'un appareil spécial. Elles communiquaient avec des satellites en orbite haute (à 36.000 kilomètres de la terre)", nous explique Benoit.

Starlink, "ce sont des antennes qui sont plus petites de moitié (environ 40 cm) et plus légères. Elles sont mobiles: elles se clipsent sur un pied. Il y a un câble détachable qu'on relie au routeur Starlink, qui transmet le signal et l'alimentation électrique. Tout tient dans une caisse".


Après avoir déplacé l'antenne, elle se réoriente d'elle-même (©RTLINFO)

Très mobiles, ces antennes sont motorisées, "elles s'orientent elles-mêmes vers les satellites" dès qu'on les installe ou qu'on les déplace. Plus besoin d'installateur, "et elles sont chauffantes: en cas de neige, elles peuvent la faire fondre". Cette antenne est reliée à un boitier qui sert à la fois d'alimentation et de transfert du signal vers le routeur Wi-Fi, ce dernier transmettant internet dans une bonne partie de la maison:

Quant aux satellites, ils ont un gros avantage: "ils sont en basse orbite, à environ 500 km de la terre". Cette courte distance réduit drastiquement la latence, c'est-à-dire le temps nécessaire pour le 'démarrage', donc pour établir la connexion et commencer à transmettre des données. C'est essentiel pour les réunions en vidéo par exemple (pas de décalage) ou pour le jeu vidéo en ligne. A titre de comparaison: "Avec l'internet par satellite d'avant, c'était 700 millisecondes (ms), soit presque 1 seconde. Avec Starlink, ça passe à 70 ms. Via l'internet câblé de Proximus ou Voo, c'est habituellement entre 30 et 40 millisecondes".

Je l'ai depuis trois semaines, et c'est très stable

Moins de latence, mais plus de vitesse. "Je l'ai installé depuis environ 3 semaines, et j'ai une vitesse assez constante de 250 Mbps (mégabits par seconde), et en illimité, il n'y a pas de quota mensuel. En upload (envoi de données de l'antenne vers les satellites), je suis à 30 Mbps. C'est très stable: pas de déconnexion, or on travaille souvent chez nous, ma femme et moi". A titre de comparaison, les personnes ayant un très bon accès au VDSL de Proximus peuvent atteindre les 100 Mbps, et c'est généralement plus rapide via le câble de Voo. La fibre atteint facilement les 700 Mbps en Belgique, mais la couverture actuelle est très restreinte. L'internet par satellite traditionnel, quant à lui, "plafonnait à 70 Mbps, et au-delà de 100 GB par mois, la vitesse baissait drastiquement", selon Benoit qui installait beaucoup de kits.  

Plus bas dans l'atmosphère, les satellites de Starlink sont également plus nombreux: "il y en a quelques milliers pour l'instant, mais les lancements continuent et l'objectif est d'arriver à 12.000 satellites, interconnectés les uns aux autres, et qui communiquent vers des 'téléports' installés dans plusieurs endroits dans le monde". Bref, une couverture qui devrait un jour être mondiale, et globale. "Ce n'est pas encore le cas, mais à terme, on pourra transporter son antenne où on veut dans le monde, imaginons dans le désert, et avec une simple prise de courant, on aura accès à un très bon internet".

Elon Musk a complètement repensé l'internet par satellite

Pas de doute, pour Benoit, "c'est une révolution. Elon Musk a complètement repensé l'internet par satellite, il a tout revu et il s'occupe de tout". Effectivement, ce sont ses fusées qui envoient ses satellites, qui diffuse son internet. Et tout se commande via Starlink.com, il n'y a pas d'intermédiaire. "C'est un génie ! C'est vachement malin".

Pour quel genre de public ?

Performant, l'internet par satellite d'Elon Musk est plus cher que les tarifs habituels d'un accès à l'internet seul. Il faut actuellement compter sur un kit d'installation (antenne, câblage, routeur Wi-Fi) de 499€, des frais de livraison de 59€, et des mensualités de 99€. Trop cher ? "Non, car il faut voir à qui s'adresse principalement l'internet par satellite".

En effet, ce n'est, a priori, pas pour tous ceux qui habitent dans des régions avec une forte densité de population, où Proximus et Voo entretiennent et améliorent régulièrement leur réseau câblé. "A priori, c'est pour les zones blanches", non couvertes par un internet digne de ce nom (qui plafonne parfois à 3 Mbps, ça arrive encore) ni par la 4G. Selon des chiffres récents de l'IBPT (l'institut belge des services postaux et des télécommunications), 46.000 ménages belges n'ont pas accès à l'internet fixe à 30 Mbps (qu'on peut considérer comme 'basique' car couvrant à peine les besoins d'une famille), et 137.000 ménages belges n'ont pas accès à l'internet rapide (100 Mbps, connexion optimale pour toute la famille). Il s'agit principalement de certaines zones moins ou peu habitées des provinces de Liège, Luxembourg, Hainaut et Namur :

"Et croyez-moi, à l'heure actuelle, avec le télétravail, les enfants, les jeux vidéo, les tablettes, les visioconférences, il y a beaucoup de gens qui seraient prêts à mettre le prix pour avoir un bon accès à internet", estime Benoit.

Il y a les zones blanches, "mais également les nouvelles constructions: dans certaines rues, il n'est parfois pas possible de connecter de nouvelles maisons, et certains se retrouvent sans rien".

Est-ce un internet "sauvage" échappant aux règles en vigueur ?

Entreprise américaine promise à un certain succès, Starlink est officiellement disponible en Belgique (précommande car toujours en phase de test) depuis quelques semaines. On pourrait imaginer, vu l'indépendance totale du système (il ne faut qu'une antenne orientée vers le ciel et une prise de courant), que Starlink et Elon Musk ne se sont pas encombrés des législations locales avant de s'installer.

L'IBPT, l'institut belge des services postaux et des télécommunications, nous a surpris par ses réponses. "Starlink est notifié comme opérateur auprès de l’IBPT et peut dès lors offrir ses services en Belgique. Cette notification implique que Starlink doit respecter le droit belge". Ces règles sont liées "à la qualité du service, à la protection des consommateurs, au respect de la vie privée, à la collaboration avec les autorités judiciaires, à la médiation", nous a précisé Michel Van Bellinghen, le président. Et l'IBPT "sera bien entendu chargé du contrôle de cet opérateur" ; c'est-à-dire "la vérification des conditions contractuelles, de la transparence, de la manière dont le service est fourni". 


Michel Van Bellinghen (©RTLINFO)

Selon le régulateur, "c'est toujours une bonne nouvelle d'avoir un acteur supplémentaire sur le marché, qui augmente le niveau de connectivité du pays". Il faut dire aussi que, en étant un opérateur officiel, Starlink doit payer "une redevance annuelle"

Cependant, l'IBPT confirme que Starlink s'adresse "à un marché de niche, puisqu'en Belgique, nous avons une couverture très importante des réseaux fixes, avec des zones blanches finalement assez limitées". 

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