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"J’ai trouvé ces deux insectes morts sur mon balcon. Je n’en ai jamais vu d’aussi gros en Belgique. S'agit-il d'insectes connus dans nos régions ? Vu leurs pinces, peuvent-ils être dangereux ?", se demande Hugues via notre bouton orange Alertez-nous.
Cet habitant de Namur a découvert ces deux gros insectes morts sur le balcon de son habitation un matin en se levant. Inquiet, il les a immédiatement pris en photo. "Leur taille est de 6 cm de long et 1,5 cm de large", décrit-il. Il a en effet été impressionné par la taille de l’animal mais surtout par ses pinces proéminentes. Il s’interroge ainsi sur leur potentielle dangerosité. "Quand je vois leurs pinces, je me demande s’ils sont dangereux car j’ai mes petits-enfants qui viennent chez moi", se justifie le Namurois.
C’est ce qu’on appelle un Lucanus Cervus
Nous nous sommes adressés à la faculté Agro-Bio Tech à Gembloux, et plus particulièrement à l’unité d’entomologie qui étudie les insectes. Son responsable, Frédéric Francis, nous répond : "C’est ce qu’on appelle un Lucanus Cervus, un Lucane Cerf-Volant. On l’appelle comme ça, car ce qui ressemble à des cornes, ce sont les mandibules de l’animal. Ici, il s’agit d’un mâle. La femelle, c’est différent. Les mandibules sont beaucoup plus petites."
Les mandibules mâles, particulièrement imposantes, sont utiles lors de combats entre adultes et lors de l’accouplement. "Cela permet au mâle de tenir la femelle immobile", précise Frédéric Francis. Mais cela ne fait pas du Lucane Cerf-volant un insecte dangereux pour autant. "Ça ne pique pas du tout et il n’a pas de comportement agressif vis-à-vis de l’homme. C’est vrai qu’il n’a pas une tête très sympathique, ça peut faire peur quand on tombe dessus, mais il n’y a pas de danger. Le seul risque qu’il pourrait y avoir, c’est si on titille trop l’insecte et qu’on y laisse le doigt : il peut nous pincer avec ses mandibules", indique notre interlocuteur.
© RTL INFO
Cet insecte peut mesurer plusieurs centimètres de long. Il est le plus grand de la famille des coléoptères. "C’est pour ça que c’est assez frappant", reconnaît Frédéric Francis.
Une espèce protégée
Le Lucanus Cervus est une espèce protégée tant sur le plan belge que sur le plan européen. Cela s’explique par son caractère rare. Mais on peut cependant le retrouver dans des endroits très ciblés. "En Région wallonne, on en trouve principalement le long de la Meuse, du côté de Namur et Liège notamment. Et en Région bruxelloise, du côté de Watermael-Boitsfort, dans la forêt de Soignes."
Le milieu forestier les attire particulièrement, car on y trouve du bois en décomposition ou mort. "Les larves se nourrissent de ça", souligne le responsable de l’unité d’entomologie de la faculté Agro-Bio Tech Gembloux. "Mais aussi dans les endroits relativement ensoleillés, car les insectes aiment la chaleur. Le long de la Meuse, avec les versants exposés au soleil, le bois mort ou les arbres en fin de vie, c’est vraiment idéal pour eux", poursuit-il.
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C’est une espèce très localisée, qui ne possède pas les capacités de se disperser. Il se déplace très lentement, la marche est d’ailleurs son premier moyen de locomotion. "Ça vole mais sur une courte distance, car c’est assez trapu et volumineux. Leurs déplacements sont de l’ordre du kilomètre. Les adultes ne volent pas forcément très bien, ce qui explique qu’ils restent très localisés."
Il s’agit donc bien d’un insecte de chez nous, dont le développement total peut prendre entre 3 et 6 ans. Si vous en croissez dans votre jardin, pas de panique ! C’est normal. Nous nous trouvons actuellement dans la période la plus propice pour en voir. On peut en effet observer la Lucanus Cervus de mai à juillet, avec un pic d’observation au mois de juin.
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