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Cholé, 19 ans, emmène notre équipe à l'intérieur du chapiteau qui accueillait les fêtards ce week-end à Dampicourt (Rouvroy). "C'est là-bas que je suis tombée", dit-elle en pointant du doigt une zone. Elle explique être convaincue d'avoir été droguée à son insu. "J'avais la tête qui tournait énormément. Puis je commençais à avoir des nausées. Mon amie est arrivée et je me suis évanouie devant elle", confie-t-elle. "Les ambulanciers m'ont pris en charge, puis je suis partie à l'hôpital".
Ces événements sont très difficiles à vivre pour la jeune femme. "Mentalement, ça m'a un peu détruit. Parce qu'on aurait pu se servir de moi", nous dit-elle.
Sept plaintes reçues par le parquet
Samedi soir, plus de 2.000 jeunes ont participé à une soirée. Dimanche, pour savoir s'il y a d'autres victimes, la mère de Chloé lance un appel sur les réseaux sociaux. Très vite, elle reçoit plusieurs témoignages qui l'interpellent. "Des jeunes filles qui me contactent. Qui ont été hospitalisées comme Chloé, dans la nuit de samedi à dimanche. D'autres jeunes filles qui me contactent en supposant avoir été droguées", indique Caroline, la maman.
Jusqu’ici, le parquet du Luxembourg indique avoir reçu 7 plaintes, un chiffre à affiner. Il s’agit de dossiers compliqués pour les enquêteurs, tant il est parfois difficile de remonter jusqu’aux éventuels auteurs. Une information judiciaire est en cours auprès du parquet d'Arlon.
Le lendemain, j'ai fait des crises de panique toute la journée
Ce lundi, plusieurs jeunes femmes sont venues porter plainte auprès de la police. Nous avons rencontré une autre jeune femme. Éline décrit ce qui ressemble à un cachet glissé dans sa boisson. "Un homme est venu nous demander si on avait de la drogue. On a dit qu'on n'avait rien du tout, mais j'ai senti que le mec était très bizarre. J'ai vu que dans mon verre j'avais une tâche verte. J'ai tout de suite été près des gens qui étaient dans l'entrée, et ils ont tout de suite pris mon verre et ont suspecté de la drogue. C'est ce que je me suis dit, il y avait quelque chose dans mon verre et c'était pas normal", décrit l'adolescente.
Quant à Maeris, elle évoque une injection. "Le lendemain, j'ai fait des crises de panique toute la journée, en me réveillant et tout ça. Et j'ai trouvé une trace de piqure sur ma fesse", nous confie-t-elle.
Organisateurs et communes réfléchissent à renforcer la sécurité
Ces témoignages en rappellent d'autres: de la drogue versée dans des verres à Ixelles, ou des piqures dans des discothèques en France. À Dampicourt, pas d'abus sexuel signalé, ni de phénomène particulier observé dans la région. Un spécialiste dans la prévention contre les drogues invite toutefois à la prudence. "Quand vous ressentez les premiers signes d'effets que vous ne contrôlez pas et que vous n'avez jamais ressentis, surtout prévenez des amis, des proches", explique Boris Hermand, coordinateur de l'ASBL Drug's care. Selon lui, le but n'est cependant pas de "tomber dans une psychose", mais plutôt de "créer un élan de bienveillance en milieu festif".
Comment renforcer la sécurité à Dampicourt? Les organisateurs de l'événement de samedi et les autorités communales vont se pencher sur la question pour les prochaines festivités.
Chloé, de son côté, confie avoir besoin de repos et compte bien éviter les soirées pour l'instant.