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Le 26 septembre 2016, les forces spéciales débarquaient à Marcinelle, au domicile de Thomas V., un policier locale de Charleroi. Le FBI avait en effet constaté que ce dernier avait acheté deux grenades sur le darkweb et en avait averti les autorités belges. L'enquête avait permis d'apprendre que le suspect envisageait d'assassiner les compagnons des deux seules femmes de sa vie, l'un d'eux étant d'ailleurs un de ses collègues. Placé sous bracelet électronique dès la première chambre du conseil, Thomas V. a comparu ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Charleroi pour deux tentatives d'assassinat, pour avoir importé deux grenades, porté un couteau-papillon, utilisé des fausses plaques d'immatriculation et s'être introduit dans les systèmes informatiques de la DIV et de la BNG. Interrogé par le tribunal, le prévenu a reconnu avoir envisagé de tuer ses deux "rivaux amoureux" et avoir réalisé des actes préparatoires. "J'étais dans une période confuse, entre alcool et somnifères, je me sentais mieux lorsque je pensais à mes projets morbides. Mais confronté à la réalité, j'ai pris conscience des conséquences et j'ai renoncé".
"Il était déconnecté de la réalité"
Selon le parquet, Thomas V. a réalisé nombre d'actes préparatoires comme l'achat de grenades, des repérages et l'écriture de divers scénarios dans un carnet. "On peut y lire ses états d'âme mais également la gradation dans la violence envisagée puisqu'au départ, il voulait utiliser un couteau, avant de passer à l'arme à feu puis à la grenade". Le 20 septembre 2016, Thomas V. a simulé un contrôle de police dans la région de Chimay pour intercepter l'une des victimes. Muni d'un couteau, il envisageait de poignarder sa cible dans un bois mais s'est désisté au dernier moment. "Ses notes démontrent toutefois qu'il n'a pas abandonné ses projets. C'est d'ailleurs à ce moment qu'il a fomenté une attaque à la grenade contre le policier, afin de la faire passer pour un attentat". Au terme de son réquisitoire, le parquet a requis 8 ans de prison. Selon Me Mayence, conseil du prévenu, il y a effectivement eu des actes préparatoires, mais pas de commencement d'exécution. "Il était déconnecté de la réalité, ancré dans un système obsessionnel avec un risque de passage à l'acte. Mais il n'est jamais passé du virtuel au réel en renonçant seul à ses projets", a plaidé l'avocat qui a sollicité l'acquittement pour les préventions de tentative d'assassinat, en ajoutant que les victimes ne se sont jamais rendu compte de ce qu'elle risquaient, y compris celle avec qui il est entré en contact.
Me Mayence, qui sollicite une suspension probatoire du prononcé, a rappelé le parcours de ce jeune policier, sportif de haut niveau et intellectuellement brillant qui, aujourd'hui, est sorti de sa spirale délirante, a repris des études et trouvé une nouvelle compagne. Jugement le 7 novembre.