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Philippe Close: On a décidé de mettre en place un programme pour ce que j'ai appelé les "oubliés du climat". C'est les habitants de logements sociaux qui n'ont pas l'occasion d'isoler leurs logements. Les années 2000 et 2010 ont été vraiment le déclencheur de grands plans d'isolation, mais qui ont touché uniquement les propriétaires de leurs logements. Et pas les locataires. Il fallait résoudre cela.
Fabrice Grosfilley: On parle beaucoup de voitures et d'industrie, mais à Bruxelles la majorité de la pollution c'est le logement, c'est le chauffage?
Philippe Close: Les deux polluent évidemment. Si on prend les particules fines et ce que ça peut générer comme maladies, vous savez qu'aujourd'hui c'est plus de 15.000 personnes qui meurent de ces particules fines, c'est évidemment la voiture. Par contre, sur les gaz à effet de serre, 60% de ce qui est produit vient du chauffage. Alors que la voiture n'est que de 20%. Donc on doit pouvoir travailler sur l'isolation des bâtiments.
Fabrice Grosfilley: L'idée, c'est que vous lancez ce matin un plan isolation. Ça va concerner combien de logements?
Philippe Close: On va essayer d'atteindre 2.000 logements.
Fabrice Grosfilley: Ce sont les logements sociaux de la Ville de Bruxelles.
Philippe Close: Oui, les logements sociaux de la Ville. En travaillant sur ce grand plan qu'on a appelé les oubliés du climat, on mobilise 74 millions d'euros à notre échelle, juste au niveau de notre commune.
Fabrice Grosfilley: C'est 37 millions de la Ville et 37 millions que vous empruntez à l'Europe.
Philippe Close: Voilà, exactement, à la Banque européenne d'investissement, avec nos deux sociétés de logement. Vous savez, aujourd'hui il y a des gens dans le logement social qui en viennent à quasi payer plus en chauffage et en électricité qu'en loyer. C'est inadmissible et intenable.
Fabrice Grosfilley: Pourquoi est-ce qu'on n'y a pas pensé avant?
Philippe Close: Je pense que notre gros problème c'est qu'on a laissé le bâti de logement social un peu dépérir. Il faut quand même être clair aussi, on doit pouvoir battre notre coulpe (ndlr: se repentir d'une faute) du côté des pouvoirs publics. On met trop de temps, à la fois à construire du logement social, et à la fois à le rénover. Moi, c'est dans la campagne électorale communale qu'une citoyenne m'a interpellé, c'est né de ça, sur le terrain. Elle m'a dit: "Vous inaugurez des nouveaux logements mais chez moi il continue à pleuvoir dedans!". Je me suis dit que cette dame avait raison.
Fabrice Grosfilley: Il y a 9.000 logements sociaux à Bruxelles, vous allez en rénover 1.800. Ça va prendre combien de temps?
Philippe Close: Il y en a déjà beaucoup des nouveaux, qui sont eux, évidemment, isolés. Le vrai effet, ce que je suis content, c'est que j'ai vu que Rudi Vervoort a proposé d'amener un demi-milliard s'il était réélu comme ministre-président (de la région bruxelloise), pour toute la région.
Fabrice Grosfilley: Est-ce qu'il a fallu attendre que ce soit les écologistes qui montent dans la majorité à Bruxelles pour que vous ayez cette idée? Parce que vous avez changé de partenaire après les élections (ndlr: le PS était anciennement allié au MR).
Philippe Close: Je vais être très clair: c'est plus simple de parler de logement social dans une majorité progressiste. Il faut quand même être franc aussi.