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L'acteur américain Bill Cosby, reconnu coupable d'agression sexuelle fin avril, va connaître mardi à 13H30 (17H30 GMT) sa peine, qui ne pourra pas dépasser dix ans d'emprisonnement.
Le juge Steven O'Neill s'est retiré une dernière fois en fin de matinée avant de se prononcer sur la peine du comédien américain, convaincu par un jury d'avoir agressé sexuellement Andrea Constand un soir de 2004 à son domicile.
Il a annoncé qu'il rendrait sa décision à 13H30 (17H30 GMT).
Avant de suspendre l'audience, il a ordonné que Bill Cosby soit inscrit, à vie, sur le registre des prédateurs sexuels violents de Pennsylvanie, accédant à la demande du procureur Kevin Steele.
Il a ainsi suivi l'avis de l'expert de l'autorité compétente (SOAB), Kristen Dudley, qui avait clairement indiqué, dans son rapport et à l'audience lundi, que l'homme de télévision et humoriste présentait, selon elle, un risque de récidive.
Une nouvelle humiliation pour le comédien, avant que ne soit prononcée la première peine post-Weinstein, après ce qui fut présenté comme le premier verdict #MeToo, du nom du mouvement anti-harcèlement.
Alors qu'il en avait la possibilité, Bill Cosby n'a pas souhaité s'exprimer avant le prononcé de la peine.
Lundi, le magistrat avait annoncé que l'accusation et la défense s'étaient entendues pour que les trois chefs d'accusation soient réunis en un seul.
L'agression à caractère sexuel, assortie d'une circonstance aggravante, le seul chef retenu désormais, n'est passible que de dix ans d'emprisonnement, alors que Bill Cosby risquait jusqu'ici théoriquement 30 ans de réclusion.
Mais même une peine réduite serait une épreuve pour le comédien de 81 ans, amoindri physiquement et désormais quasiment aveugle.
Il y a encore cinq ans, Bill Cosby était considéré comme l'une des figures morales les plus éminentes des Etats-Unis, parmi les premiers acteurs noirs à avoir connu le succès, mais aussi militant inlassable du mouvement des droits civiques.
Depuis, des dizaines de femmes l'ont accusé publiquement de les avoir agressées sexuellement, des faits prescrits à l'exception du cas de Mme Constand, le seul qui ait donné lieu à des poursuites pénales.
Sa réputation est d'ores et déjà ruinée, ensevelie sous les témoignages qui l'ont dépeint invariablement comme un prédateur sexuel au mode opératoire bien rôdé, qui comprenait, très souvent, l'administration de puissants sédatifs.
- "Tant de douleur" -
L'après-midi de lundi avait été consacrée aux dernières plaidoiries ainsi qu'aux témoignages d'Andrea Constand et ses proches.
"L'impact de cet événement ne disparaîtra jamais", a dit, d'une voix posée, la soeur de la victime, Diana, qui vit aujourd'hui au Canada.
"Je vis avec mon traumatisme au jour le jour", a expliqué la mère d'Andrea Constand, Gianna. "Cet événement a engendré tant de douleur et de tristesse dans ma vie."
"Tout ce que je demande, c'est justice, comme il plaira au tribunal", a dit simplement lundi Andrea Constand, avant de reprendre sa place dans le public.
"Quand l'agression a eu lieu, j'étais une jeune femme pleine de confiance, tournée vers un avenir plein de possibilités", a écrit la victime dans sa déclaration d'évaluation, fournie au tribunal.
"Aujourd'hui, presque 15 ans plus tard", a-t-elle poursuivi, "je suis une femme d'âge mûr (45 ans) qui a été en mode pause durant l'essentiel de sa vie d'adulte, dans l'incapacité de se remettre ou d'aller de l'avant."
Lors de sa plaidoirie, le principal avocat de Bill Cosby, Joseph Green, a appelé le juge à se montrer clément, tant dans la peine que sur la qualification de prédateur sexuel violent.
"M. Cosby n'est pas dangereux", a dit le conseil. "Les hommes aveugles de 81 ans, qui ne sont pas autonomes, ne sont pas dangereux."
Des arguments balayés par le procureur du comté de Montgomery, Kevin Steele, pour qui l'âge n'est pas une excuse.
"Il devrait avoir un passe-droit parce que cela a pris si longtemps pour en arriver là?", s'est-il insurgé. "Personne n'est au-dessus de la loi."
Le procureur a réclamé le maximum désormais possible, soit dix ans.
Après le prononcé du verdict, en avril dernier, l'ancien avocat de Bill Cosby, Tom Mesereau, avait clairement indiqué que le créateur du "Cosby Show" ferait appel de sa condamnation, quelle qu'elle soit.
Joseph Green ne s'est lui, pas exprimé sur le sujet.
La loi de Pennsylvanie prévoit que si le condamné annonce son intention de faire appel dès le prononcé de la peine, le juge peut le laisser libre sous caution en attendant l'examen de cet appel.
Bill Cosby pourrait donc ressortir libre du tribunal de Norristown mardi, bien qu'ayant été condamné à une peine de prison.