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L'ex-Premier ministre pakistanais Imran Khan était jeudi dans un état stable après avoir été blessé par balle lors d'un rassemblement politique dans le cadre d'une "longue marche" à travers le pays pour revenir au pouvoir.
M. Khan, qui avait été renversé en avril par une motion de censure, mène depuis vendredi une "longue marche" rassemblant plusieurs milliers de ses supporteurs entre la ville de Lahore (est) et la capitale Islamabad, pour obtenir la tenue d'élections anticipées.
Il s'agissait d'une "tentative de le tuer, de l'assassiner", a déclaré à l'AFP l'un de ses proches conseillers, Raoof Hasan.
L'ancien champion de cricket a été blessé à la jambe droite par des coups de feu tirés dans sa direction et dans celle d'autres officiels de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), qui se tenaient debout au sommet d'un conteneur placé sur un camion avançant lentement au milieu de la foule, près de Gujranwala (Est).
"Il y avait un gars devant le conteneur qui tenait ce pistolet automatique. Il a tiré une rafale. Tous ceux qui étaient debout au premier rang ont été touchés", a déclaré à l'AFP Fawad Chaudhry, ancien ministre de l'Information du gouvernement Khan, derrière lequel il se tenait.
Des gens ont tenté de saisir l'arme, a-t-il raconté. "Dans la bagarre, il a raté la cible. Il y avait énormément de sang sur le conteneur". Une vidéo montre M. Khan et son équipe s'accroupissant brusquement alors que l'on entendait les tirs.
Selon M. Chaudhry, six personnes qui se tenaient sur le conteneur ont été touchées et un spectateur a été tué.
Dans un tweet, le président pakistanais, Arif Alvi, a dénoncé une "odieuse tentative d'assassinat".
- Assassinats politiques -
La ministre de l'Information, Marriyum Aurangzeb, a annoncé qu'un assaillant avait été appréhendé, et a confirmé l'authenticité d'une vidéo circulant en ligne dans laquelle il explique son acte.
"Je l'ai fait parce que (Khan) trompait le public. J'ai essayé de le tuer, j'ai fait de mon mieux", explique l'homme aux cheveux ébouriffés, les mains attachées dans le dos, à l'intérieur de ce qui semble être un poste de police.
Il ajoute avoir été mis en colère par la musique émanant du cortège au moment de l'appel à la prière.
La police n'a pas immédiatement commenté l'incident, ni confirmé les informations selon lesquelles un second assaillant aurait été tué.
Faisal Sultan, le docteur qui a soigné M. Khan à l'hôpital de Lahore, et son ancien conseiller santé quand il était chef du gouvernement, a confirmé qu'il était dans un état stable.
Le Premier ministre, Shehbaz Sharif, a déclaré "condamner fermement" cette attaque et "prier pour un prompt rétablissement d'Imran et des autres blessés".
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a lui exhorté jeudi "toutes les parties" au Pakistan à "s'abstenir de recourir à la violence", tout en condamnant la tentative d'assassinat contre Imran Khan.
"Les Etats-Unis sont pleinement engagés pour un Pakistan démocratique et pacifique, et nous nous tenons aux côtés du peuple pakistanais", a ajouté M. Blinken.
Plusieurs assassinats politiques ont émaillé l'histoire récente du pays, qui est par ailleurs aux prises depuis des décennies avec des mouvements islamistes violents qui contestent l'influence du pouvoir central.
Cette attaque fait notamment resurgir le souvenir de l'attentat qui avait coûté la vie en en 2007 à Benazir Bhutto, la première femme de l'ère moderne à avoir dirigé un pays musulman. Les commanditaires de son assassinat n'ont jamais été identifiés.
- Mourir pour son pays -
Des coups de feu avaient été tirés et un kamikaze s'était fait exploser près de son véhicule alors qu'elle saluait ses partisans à Rawalpindi. Elle était revenue au Pakistan quelques semaines plus tôt pour participer aux élections, après plusieurs années d'exil.
Le jour même de son retour au pays, son convoi avait été la cible d'un autre attentat sanglant à Karachi, dans lequel plus de 130 personnes avaient trouvé la mort.
Malgré son éviction, M. Khan conserve un large soutien dans la population. Depuis avril, il a organisé de vastes rassemblements dans tout le pays - attirant des dizaines de milliers de partisans - pour faire pression sur la fragile coalition au pouvoir.
Chaque jour depuis le début de cette marche, M. Khan, 70 ans, est monté sur ce conteneur pour s'adresser à des milliers de ses partisans venus des villes traversées.
Il continue d'affirmer que sa chute a été le fruit d'une "conspiration" ourdie par les États-Unis, et critique sans répit le gouvernement de son successeur, ainsi que l'institution militaire.
Imran Khan était arrivé au pouvoir en 2018, après la victoire aux législatives du PTI, sur une plateforme populiste mêlant promesses de réformes sociales, conservatisme religieux et lutte contre la corruption.
Mais sous son mandat, la situation économique s'était dégradée et il avait perdu l’appui de l'armée, qui était accusée d'avoir contribué à le faire élire.
Ces derniers mois, il s'était plusieurs fois déclaré prêt à mourir pour son pays, et son entourage a souvent fait état de menaces à son encontre.