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Lula élu président sur le fil face à Bolsonaro: scènes de liesse au Brésil

"Le Brésil est de retour!", a lancé le président élu Lula, prônant "la paix et l'union" après sa victoire d'une courte tête sur le président sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro, à l'issue d'une campagne ultra-polarisée. "À partir du 1er janvier, je vais gouverner pour les 215 millions de Brésiliens et Brésiliennes, pas seulement ceux qui ont voté pour moi", a promis Luiz Inacio Lula da Silva, 77 ans, la voix éraillée par l'émotion, lors de son discours de la victoire dans un hôtel à Sao Paulo.

"Personne ne veut vivre dans un pays divisé, en état de guerre perpétuelle. Ce pays a besoin de paix et d'union. (...) Il n'y a pas deux Brésil, nous sommes un seul peuple, une seule nation", a insisté l'icône de la gauche, en référence à la présidence clivante de Bolsonaro.

L'écart, de moins d'un point de pourcentage, est le plus serré entre deux finalistes de la présidentielle depuis le retour à la démocratie après la dictature militaire (1964-1985). Lula a obtenu 50,9% des voix, contre 49,1% pour Jair Bolsonaro, qui ne s'était toujours pas manifesté près de deux heures après l'annonce du résultat final. Un silence assourdissant qui laisse planer la menace d'une éventuelle contestation de ce résultat.

Félicitations de Macron et Biden

La victoire de Lula a été saluée par des feux d'artifice et des cris de joie dans de grandes villes brésiliennes comme Rio de Janeiro et Sao Paulo, où des centaines de milliers de personnes faisaient la fête dans la rue ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Ce sont des larmes de joie, je suis si émue! Lula va nous sauver du fascisme", a réagi Mary Alves Silva, 53 ans, en pleurs sur l'Avenida Paulista de Sao Paulo.

Le Brésil et la planète ont besoin d'une Amazonie en vie

Lula a été rapidement félicité par plusieurs dirigeants étrangers. Le président américain Joe Biden a salué son élection "libre et juste" et son homologue français Emmanuel Macron a estimé que sa victoire "ouvre une nouvelle page de l'histoire du Brésil".
"Notre pays est trop grand pour être relégué au triste rôle de paria", a déclaré le président-élu dans son discours de la victoire, assurant que le Brésil était "de retour" sur la scène internationale. Lula a également évoqué le sujet brûlant de l'Amazonie, où la déforestation et les incendies ont fortement augmenté sous le mandat de Jair Bolsonaro.

"Le Brésil est prêt à jouer à nouveau les premiers rôles dans la lutte contre le changement climatique. Le Brésil et la planète ont besoin d'une Amazonie en vie", a-t-il dit. "Le cauchemar est enfin terminé. Lula doit agir fermement et rapidement sur l'environnement", a réagi le collectif d'ONG Observatoire du Climat.


Lula réalise un come-back remarquable, 12 ans après avoir quitté le pouvoir avec une popularité record à l'issue de ses deux premiers mandats (2003-2010). Mais il avait ensuite connu la disgrâce, passant par la case prison, après des condamnations pour corruption finalement annulées pour vice de forme. Après cette victoire serrée, Lula va devoir composer avec un Parlement qui penche clairement à droite et devra nouer de vastes alliances pour gouverner.

Espoir d'une "saine transition"

Quand il a voté dans la matinée, Lula a espéré que le gouvernement Bolsonaro serait "civilisé" et "comprendra(it) qu'une saine transition est nécessaire". "J'espère que si je gagne l'élection, il aura un moment de sagesse et me téléphonera pour reconnaître le résultat", avait dit Lula lundi dernier. Beaucoup craignent une réplique brésilienne de l'assaut du Capitole après la défaite de Donald Trump qui pourrait viser par exemple la Cour suprême si souvent vilipendée par Bolsonaro.

"Je suis révoltée, le peuple brésilien ne va pas avaler une élection manipulée comme cela et remettre le pays entre les mains d'un bandit. Bolsonaro doit agir vite, sinon, on ne pourra plus rien faire", dit Ruth da Silva Barbosa, enseignante de 50 ans, dépitée après avoir suivi le dépouillement à Brasilia. L'ex-capitaine peut compter sur "l'appui de ses électeurs les plus radicalisés (...) et provoquer des troubles", selon Rogerio Dultra dos Santos, de l'Université fédérale de Fluminense.


Mais ce spécialiste voit mal toutefois les forces armées s'aventurer dans un coup de force et souligne que les institutions démocratiques sont solides. Aucun incident violent n'est venu entacher le vote des quelque 156 millions de Brésiliens appelés aux urnes dimanche. Douze gouverneurs d'Etats brésiliens ont également été élus dimanche, dont le bolsonariste Tarcisio de Freitas dans l'Etat de Sao Paulo, le plus peuplé et le plus riche du Brésil.

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