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Il répétait qu'il était prêt à offrir sa vie à son pays: l'ancienne star du cricket devenu politicien Imran Khan, chassé de son poste de Premier ministre au Pakistan par une motion de censure en avril, a survécu jeudi à une tentative d'assassinat.
Imran Khan, 70 ans, était jeudi soir hospitalisé dans un état stable, après avoir été blessé par balle à une jambe, près de Gujranwala (Est), en marge d'un rassemblement politique réclamant la tenue d'élections anticipées.
Toujours populaire auprès de larges pans de la population, il a cependant contribué à accentuer les fractures de la société pakistanaise, avec une rhétorique volontiers querelleuse.
Après son éviction, il a tiré à boulets rouges sur le nouveau gouvernement et l'institution militaire. Il n'a cessé d'exiger la tenue immédiate des élections, le gouvernement préférant attendre la date butoir d'octobre 2023 pour se donner le temps de remettre l'économie sur les rails.
Imran Khan était arrivé au pouvoir en 2018, après la victoire aux législatives de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), sur une plateforme populiste mêlant promesses de réformes sociales, conservatisme religieux et lutte contre la corruption.
Vingt-deux ans après son entrée en politique, la ténacité de celui qui était idolâtré par des millions de Pakistanais pour avoir mené l'équipe nationale de cricket, sport roi dans le pays, à sa seule victoire en Coupe du monde en 1992, était ainsi récompensée.
Comme chef du gouvernement, il a d'abord capitalisé sur son image d'incorruptible et la lassitude de la société à l'égard des partis traditionnels, qui ont monopolisé le pouvoir pendant des décennies avec l'armée.
- "Taliban Khan" -
Pendant la pandémie de Covid-19, son choix de ne pas imposer de confinement national, qui aurait "fait mourir de faim" les gens, s'est révélé populaire et gagnant. Le pays a été largement épargné (30.000 morts, pour une population de 225 millions d'habitants).
Mais la conjoncture économique et ses mauvais choix avaient fini par le rattraper en avril, quand il a été renversé par une motion de censure votée par l'Assemblée nationale.
Aucun Premier ministre n'est jamais allé au bout de son mandat au Pakistan, et cet ancien sportif d'exception n'a pas connu un sort différent.
La forte inflation, la dépréciation de la roupie et le creusement de la dette l'avaient affaibli.
La détérioration de la sécurité, en particulier depuis la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan, avait aussi contribué à ses difficultés.
Leur retour triomphal a d'abord été interprété comme une victoire pour le Pakistan, accusé de longue date de les soutenir, et pour celui qui a été affublé du sobriquet de "Taliban Khan" pour n'avoir jamais cessé de prôner le dialogue avec eux.
Mais après plusieurs années d'un calme relatif, les attentats ont repris de plus belle, menés notamment par les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP).
- Loi sur le blasphème -
Imran Khan a aussi pâti de la dégradation de ses liens avec l'armée.
Ses efforts pour positionner le Pakistan en acteur régional incontournable n'ont guère porté non plus. Les liens avec Washington et les pays européens se sont distendus, notamment sous l'effet de ses diatribes contre l'islamophobie, déguisée à ses yeux en Occident sous les traits de la liberté d'expression.
Islamabad s'est encore plus rapproché de la Chine. Et la visite officielle à Moscou d'Imran Khan le jour même du déclenchement de la guerre en Ukraine lui a valu nombre de moqueries.
Ce fils d'une riche famille de Lahore, diplômé d'Oxford, marié trois fois après avoir entretenu pendant sa carrière sportive une réputation de play-boy, s'est aussi vu reprocher sa complaisance envers les religieux radicaux.
Marié en troisièmes noces en 2018 avec Bushra Bibi, issue d'une famille conservatrice et qui porte le voile, il a défendu avec véhémence la controversée loi sur le blasphème.
En novembre 2021, son gouvernement a levé l'interdiction pesant sur le Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), décrétée quelques mois plus tôt après de violentes manifestations anti-françaises organisées par ce parti islamiste, qui dénonçait le soutien apportée par la France au droit de caricaturer, y compris le prophète Mahomet.
Souvent accusé d'avoir restreint l'espace d'expression de la presse, Imran Khan a aussi suscité l'indignation des organisations féministes en établissant plusieurs fois un lien entre le viol et la manière de s'habiller des femmes, dans un pays où les violences sexuelles sont courantes.