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Guerre en Ukraine: des pays africains dénoncent des discriminations envers certains réfugiés, l'Ukraine dément

De nombreux pays africains, dont le Nigeria et l'Afrique du Sud, tentent d'aider leurs ressortissants à fuir l'invasion russe en Ukraine, sur fond d'accusations croissantes de racisme à l'encontre d'Africains à la frontière ukrainienne.

Comme des centaines de milliers de personnes, de nombreux Africains - pour la plupart étudiants - tentent de fuir l'Ukraine pour rejoindre les pays voisins, notamment la Pologne. Et les accusations de comportements racistes à leur égard se multiplient.

Des accusations de discriminations sur les réseaux sociaux

L'Union africaine (UA) s'est dit "particulièrement préoccupée par les informations rapportées selon lesquelles les citoyens africains, se trouvant du côté ukrainien de la frontière, se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité".

Le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall, président en exercice de l'UA, et le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, rappellent que "toute personne a le droit de franchir les frontières internationales pendant un conflit (...) quelle que soit sa nationalité ou son identité raciale". Appliquer un "traitement différent inacceptable" aux Africains serait "choquant et raciste" et "violerait le droit international", soulignent-il.

Le Nigeria a ainsi exhorté lundi les autorités frontalières d'Ukraine et des pays voisins à traiter "avec dignité" ses citoyens. "Des informations regrettables" indiquent que "la police ukrainienne et le personnel de sécurité refusent de laisser les Nigérians monter dans les bus et les trains" vers la Pologne, a déclaré le porte-parole de la présidence nigériane Garba Shehu.

"Dans une vidéo qui circule largement sur les réseaux sociaux, une mère nigériane avec son jeune bébé a été filmée en train d'être forcée physiquement de céder son siège", a-t-il poursuivi, ajoutant que selon d'autres informations, des fonctionnaires polonais ont refusé l'entrée en Pologne à des Nigérians venant d'Ukraine. "Tous ceux qui fuient une situation de conflit ont le même droit au passage en toute sécurité en vertu de la convention des Nations unies, et la couleur de leur passeport ou de leur peau ne devrait faire aucune différence", a-t-il insisté.

Le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères, Clayson Monyela, a lui aussi affirmé que les Africains étaient victimes de "mauvais traitements" à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne et que l'ambassadeur d'Afrique du Sud s'y était rendu pour aider un groupe de Sud-Africains, majoritairement des étudiants, coincés, à entrer en Pologne.

Des témoignages de comportements racistes recueillis par Le Soir

Nos confrères du Soir ont interrogé des étudiants étrangers à l'intérieur du centre de Korczowa, au sud-est de la Pologne, à la frontière avec l'Ukraine. "Avant de quitter les lieux, nous avons pu recueillir les témoignages d’étudiants étrangers qui ont dénoncé les comportements racistes dont ils ont été victimes lors de leur fuite vers la Pologne ou lors de leur passage au poste frontière de Korczowa", écrivent les journalistes du Soir.

L'Ukraine dément

"Les gardes-frontières ukrainiens ont reçu l’ordre d’autoriser tous les étrangers à partir", a assuré le ministre des Affaires étrangères ukrainiennes, Dmytro Kuleba, durant un échange avec le ministre des Affaires étrangères nigérianes. Dmytro Kuleba a réfuté les accusations mais a indiqué que le sujet sera investigué.

La Pologne réfute les accusations

Ces accusations de racisme ont été rejetées, notamment par l'ambassadrice de Pologne au Nigeria, Joanna Tarnawska. "Tout le monde reçoit un traitement égal. Je peux vous assurer que, selon les informations dont je dispose, certains ressortissants nigérians ont déjà franchi la frontière avec la Pologne", a-t-elle déclaré à des médias locaux.

Selon Mme Tarnawska, les documents d'identité invalides sont acceptés pour franchir la frontière et les restrictions liées au Covid-19 ont été levées. Les Nigérians disposent d'un délai de 15 jours pour ensuite quitter le pays, a-t-elle ajouté.

Certains Nigérians qui ont franchi la frontière ont décrit leur voyage dans l'obscurité jusqu'aux frontières bondées où des fonctionnaires donnaient la priorité aux femmes et enfants ukrainiens.

Un des officiers est venu et nous a dit que c'est plus dur pour nous, les étrangers, parce qu'ils doivent contacter notre gouvernement dans différents pays

Désormais en Pologne, Stéphanie Agekameh, étudiante en médecine, a ainsi affirmé que les responsables du poste-frontière de Medyka s'occupaient d'abord des Ukrainiens: "un des officiers est venu et nous a dit que c'est plus dur pour nous, les étrangers, parce qu'ils doivent contacter notre gouvernement dans différents pays".

Depuis le début de l'offensive russe, plus de 500.000 Ukrainiens ont gagné des pays frontaliers, dont la moitié ont rejoint la Pologne, selon l'ONU.

Pour l'heure, plus de 260 Nigérians ont été accueillis par les ambassades, éparpillés entre Roumanie, Hongrie et Pologne. Près de 200 autres sont attendus lundi, d'après le ministère nigérian des Affaires étrangères.

Le ministre des Affaires étrangères de République démocratique du Congo (RDC), Christophe Lutundula, a de son côté affirmé qu'il recevrait mardi l'ambassadeur de Pologne pour favoriser le passage de quelque 200 ressortissants de RDC actuellement en Ukraine.

"Ils sont à la frontière où on n'accepte pas qu'ils accèdent à ces pays" voisins, a affirmé le ministre.

Le gouvernement ghanéen a quant à lui déclaré qu'il rencontrerait les parents des étudiants bloqués en Ukraine et a envoyé des fonctionnaires de l'ambassade aux postes frontaliers pour les aider.

La Côte d'Ivoire, qui compte environ 500 ressortissants en Ukraine d'après les médias locaux, a également indiqué prendre des dispositions pour leur évacuation.

D'après le ministère kényan des Affaires étrangères, 201 Kényans sont en Ukraine, majoritairement des étudiants. Le ministère a récemment indiqué qu'ils étaient tous sains et saufs, même si certains restaient bloqués à la frontière polonaise en raison de restrictions de visa.

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