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La Russie marque mercredi sa victoire sur l'Allemagne nazie avec un grandiose défilé militaire sur la place Rouge, moment de communion patriotique voulu par Vladimir Poutine avant un référendum constitutionnel destiné à encore prolonger son pouvoir.
La parade terrestre et aérienne de plus de 13.000 soldats et 200 engins aurait dû avoir lieu le 9 mai et le vote constitutionnel le 22 avril.
Mais l'épidémie de coronavirus a obligé le président russe à remanier son calendrier.
Au coeur des réformes soumises aux Russes le 1er juillet se trouve la possibilité pour Vladimir Poutine, au pouvoir depuis plus de 20 ans, d'effectuer deux mandats de six ans de plus.
Alors que son mandat actuel s'achève en 2024, cette révision constitutionnelle assurerait à Vladimir Poutine de rester au pouvoir jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans.
Une parade militaire en dépit de la crise du Covid-19
Bien que la Russie compte encore des milliers de nouveaux cas quotidiens de coronavirus et que Moscou, malgré son déconfinement, continue d'interdire les rassemblements publics, Vladimir Poutine a tenu à organiser cette parade le 24 juin, date symbole du premier défilé du genre en 1945, et le référendum dans la foulée.
Le maire de la capitale russe, Sergueï Sobianine, a appelé les Moscovites à la prudence et à suivre la parade à la télévision. Une quinzaine de villes ont pour leur part préféré annuler leurs défilés militaires.
A cause du Covid-19, aucun dirigeant occidental ne sera au côté de Vladimir Poutine pour les 75 ans de la fin de la guerre. Même certains responsables d'ex-URSS ne feront pas le déplacement, comme le Premier ministre arménien ou encore les présidents azerbaïdjanais et turkmène. On retrouvera néanmoins les présidents kazakh, moldave, bélarusse et le Serbe Aleksandar Vucic.
Vladimir Poutine, dont ce sera l'une des premières sorties en public depuis la fin du confinement de Moscou, supervisera le défilé, qui exhibera des armes parmi les plus modernes actuellement développées par la Russie et symbolisant son ambition croissante face aux Occidentaux sur la scène internationale.
Le discours de Vladimir Poutine lors des éditions précédentes a été l'occasion de célébrer cette puissance retrouvée, qu'il s'agisse de l'annexion de la Crimée ukrainienne ou de l'intervention en Syrie.
Les commémorations de 1945 ont aussi été l'occasion cette année pour le président russe de ferrailler avec ses homologues occidentaux, notamment polonais, sur les responsabilités de chacun dans la Seconde guerre mondiale.
Pas de successeurs
Il a sonné de nouveau la charge la semaine dernière dans une longue tribune, accusant l'Occident d'un "révisionnisme" historique anti-russe qui déstabilise "les principes d'un développement pacifique" du monde.
Pour Vladimir Poutine, ce défilé et son discours seront des moments clé avant le vote populaire sur sa vaste réforme constitutionnelle.
En raison des risques dus au nouveau coronavirus, les Russes pourront voter en ligne ou dans leurs bureaux de vote dès le jeudi 25 juin, soit une semaine avant la date formelle du référendum le 1er juillet.
Cette réforme de la loi fondamentale, annoncée à la surprise générale en janvier et menée au pas de charge juste avant que le Covid-19 ne freine le processus, prévoit des prérogatives renforcées pour le président.
Des principes conservateurs devraient aussi se voir inscrits dans la Constitution, comme le fait que le mariage n'est possible qu'entre un homme et une femme.
L'opposition a dénoncé cette révision constitutionnelle comme un prétexte pour assurer à Vladimir Poutine de rester au pouvoir jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans.
Lui-même a d'ailleurs dit dimanche que la réforme signifiait que le temps "était au travail, pas à la recherche de successeurs".