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Cinq interpellations et 16 perquisitions ont été réalisées vendredi à Bruxelles dans le cadre d'une vaste enquête anticorruption menée par le parquet fédéral. Un ancien eurodéputé et le patron de la Confédération internationale des syndicats ont été privés de liberté. L'un des quatorze vice-présidents du Parlement européen a également été interpellé pour audition, indique samedi soir le parquet fédéral, confirmant une information du journal Le Soir et de l'hebdomadaire Knack. Selon les deux médias, il s'agit de l'eurodéputée grecque Eva Kaili (S&D, sociaux-démocrates) mais le parquet fédéral n'a pas fait de commentaires sur le nom des personnes incriminées.
Eva Kaili est vice-présidente du Parlement européen depuis cette année et est responsable, entre autres, des relations avec le Moyen-Orient. Son compagnon F.G. - assistant parlementaire du S&D - a déjà été interrogé par les enquêteurs dans le courant de la journée de vendredi, ajoute les deux médias. L'intéressé a travaillé par le passé pour l'eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri et est également actif dans son asbl Fight Impunity, où une perquisition aurait également eu lieu vendredi matin, tout comme au domicile de l'ancien eurodéputé italien où près de 500.000 euros en espèces auraient également été saisis.
Les deux dernières personnes interpellées seraient un lobbyiste ainsi que le syndicaliste Luca Visentini. Ce dernier a été élu secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI) en novembre, qui compte 200 millions de membres dans le monde.
Les enquêteurs soupçonnent un pays du Golfe d'influencer les décisions économiques et politiques
Seize perquisitions avaient été menées vendredi dans le cadre de cette enquête et quatre personnes été interpellées. "Depuis plusieurs mois, les enquêteurs de la PJF (police judiciaire fédérale, NDLR) soupçonnent un pays du Golfe d'influencer les décisions économiques et politiques du parlement européen, cela en versant des sommes d'argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants à des tiers ayant une position politique ou stratégique significative au sein du parlement européen", avait expliqué, plus tôt dans la journée, le parquet fédéral. Selon Knack et Le Soir, l'État du Golfe incriminé est le Qatar, où se déroule actuellement la Coupe du monde de football.
Une enquête judiciaire a dès lors été ouverte pour des faits présumés d'organisation criminelle, de corruption et de blanchiment d'argent. Seize perquisitions ont été menées à Ixelles, Schaerbeek, Crainhem, à Forest et à Bruxelles. "Cette opération visait en particulier des assistants parlementaires travaillant au sein du parlement européen. Parmi les personnes interpellées, figure un ancien parlementaire européen", indiquait encore le parquet fédéral.
Ces perquisitions ont permis aux officiers dirigés par le juge Michel Claise, spécialisé dans les matières financières, de mettre la main sur plus d'un demi-million d'euros en liquide. "Étaient visés essentiellement dans ces perquisitions du matériel informatique et du matériel téléphonique. Matériel qui est déjà en cours d'exploitation. Des sommes d'argent relativement importantes ont également été trouvées, puisqu'à une seule des adresses, on a trouvé 600.000 euros en cash, ce qui pose question", nous a indiqué Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral.