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Ouverture des restaurants ? Régions qui passent au vert ? Sous forte pression pour desserrer l'étau, Edouard Philippe et son gouvernement présentent l'acte II du déconfinement jeudi, avec des assouplissements attendus à partir du 2 juin au vu d'une situation sanitaire encourageante.
Les mesures seront tranchées jeudi matin en Conseil de Défense, après un premier déverrouillage le 11 mai, avec en ligne de mire la relance de l'activité économique. Le tout sera présenté à 17H00 par Edouard Philippe et plusieurs ministres.
Selon une source gouvernementale, l'exécutif envisage la réouverture le 2 juin des hôtels-cafés-restaurants en zone verte. En revanche, en zone rouge, et donc à Paris, ils ne pourraient rouvrir leurs portes que... le 1er juillet.
Autre bouffée d'air envisagée: la réouverture des parcs et jardins partout mais avec le port du masque en zone rouge. Le sujet est l'objet d'une passe d'armes à Paris entre le gouvernement et la maire socialiste Anne Hidalgo qui plaide ardemment pour leur réouverture.
D'autant que les conditions sanitaires s'améliorent, avec un reflux continu du nombre de malades graves en réanimation (1.501 mercredi, soit 54 de moins que la veille). Depuis début mars, le virus a tué 28.596 personnes (+66 en 24 heures), dont près de la moitié résidaient en Ehpad et autres établissements.
"La circulation du virus s'est largement ralentie", selon les premières conclusions du dispositif de traçage de la Sécu.
Pour l'heure, quatre régions (Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté) ainsi que Mayotte sont colorées en rouge et leurs présidents font pression pour en sortir.
Les parents attendent aussi de savoir si les collègiens de 4e et 3e, voire les lycéens seront autorisés à retourner en cours et comment l'oral du bac de français sera organisé.
Concernant les déplacements, le secrétaire d'Etat au Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne a indiqué que le cercle fixé pour l'heure à 100 km à vol d'oiseau "pourra augmenter de façon concentrique".
Mais dans les transports en commun, le port du masque restera obligatoire "tant qu'on n'a pas un traitement" contre le Covid-19, a estimé mercredi la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne.
Et les clubs de sports attendent aussi un feu vert, alors que plusieurs pays voisins ont rouvert piscines, salles de gym et club de fitness sous certaines conditions.
- Récession plus forte que prévue -
Avec l'éloignement du spectre d'une deuxième vague de l'épidémie, Emmanuel Macron et son gouvernement entendent aussi démontrer la réussite du déconfinement et dépasser les critiques sur les masques et les tests du début de la crise.
Même si les polémiques continuent: le Parlement a soutenu mercredi soir, dans un vote non contraignant, l'application pour smartphones StopCovid, un outil de traçage pour aider à lutter contre l'épidémie, mais jugé "liberticide" par ses détracteurs, dont quelques voix dissonantes au sein même du parti présidentiel LREM.
Clivante, l'application a été rejetée par le chef de file des Républicains à l'Assemblée Damien Abad mais soutenue par son homologue au Sénat Bruno Retailleau.
Autre sujet explosif: l'hydroxychloroquine. Après des semaines de polémique, le gouvernement a mis fin mercredi à l'autorisation du médicament contre le Covid-19 à l'hôpital, se défendant de toute décision "politique" à l'encontre du controversé Pr Didier Raoult, qui promeut un traitement du Covid associant cette molécule à un antibiotique.
L'institut dirigé par le professeur, l'IHU Méditerranée Infection de Marseille a lui fait savoir qu'il "continuerait à traiter" ses patients "avec les traitements les plus adaptés".
L'urgence pour l'exécutif est de relancer la machine économique alors que 84% des Français se disent inquiets de la récession qui devrait largement dépasser les -8% envisagés par le gouvernement cette année.
Sur le seul deuxième trimestre, la chute du PIB pourrait atteindre "environ 20%", après -5,8% au premier, a estimé mercredi l'Insee.
Emmanuel Macron a débloqué mardi huit milliards d'euros pour secourir la filière automobile, fortement affectée par la crise du coronavirus. Des aides qui viennent s'ajouter aux 3 milliards d'euros d'exonérations de cotisations sociales promis aux autres secteurs touchés - restauration, tourisme, culture... - afin d'éviter faillites et licenciements.
La France pourrait aussi bénéficier d'un plan de 750 milliards d'euros de la Commission européenne, destiné à relancer les économies des pays européens qui ont payé un prix exorbitant à la pandémie. La France serait le quatrième principal bénéficiaire (après l'Espagne, l'Italie et la Pologne) avec 38,7 milliards de subventions.