Aux cris de "Liberté, liberté!", plus de 160.000 personnes, dont 11.000 à Paris, ont manifesté dans les rues de France samedi contre l'extension du pass sanitaire et la vaccination obligatoire pour certaines professions, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Au total, 161.000 personnes ont arpenté les rues, selon le ministère de l'Intérieur, ce qui constitue une hausse conséquente, puisque 114.000 personnes avaient manifesté le 17 juillet.
Les rassemblements les plus importants ont eu lieu à Paris, mais aussi dans le sud de la France (Marseille, Nice, Montpellier et Bordeaux).
Dans la capitale, où la mobilisation a enregistré une baisse (11.000 personnes contre 18.000 une semaine plus tôt), les manifestants se sont scindés en trois groupes distincts.
Essentiellement constitué de "gilets jaunes", un premier cortège a rejoint la Porte de Champerret. En chemin, des incidents sporadiques ont opposé policiers et manifestants dans le IXe arrondissement, puis à proximité des Champs-Elysées après la dispersion, selon des journalistes de l'AFP. Neuf personnes ont été interpellées, a indiqué le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Sur la place du Trocadéro (XVIe), plusieurs milliers de personnes, rarement masquées, se sont réunies à l'appel de Florian Philippot. Entre deux "Marseillaise", le Président des patriotes et ex-n.2 du RN, a dénoncé "l'apartheid" que met en place l'exécutif, appelant à faire tomber "le tyran" Macron.
Enfin, un millier de personnes a rejoint la place des Invalides.
Ces manifestations ont eu lieu alors qu'une très large majorité de français (76%) approuve la décision du président Emmanuel Macron de rendre obligatoire la vaccination pour les personnels soignants et d'autres professions, avec sanctions à la clef, selon un sondage Elabe pour BFMTV du 13 juillet. L'extension du pass sanitaire (vaccination complète ou test négatif récent) recueille aussi une majorité d'approbations.
En dehors de Paris, des rassemblements ont lieu dans plus de 160 villes en France.
A Marseille, 4.300 personnes, selon la police, ont défilé dans le centre. "Je ne ferai pas l’injection", a lancé Sandra, une infirmière de 49 ans qui refuse de donner son nom. "Notre pays devient totalitaire", juge pour sa part Jean-Claude Dib, 71 ans, chauffeur routier à la retraite qui se dit "prêt à rendre coup pour coup".
Deux journalistes de France 2 qui couvraient la manifestation ont été insultés, bousculés et chassés par plusieurs individus, selon plusieurs sources.
A Nice, 6.000 personnes selon la police - Réfractaires au pass sanitaire, anti-vaccins, "gilets jaunes" et opposants au président Macron -, ont marché autour d'un même mot d'ordre: "liberté".
A Montpellier, 5.000 manifestants selon la préfecture ont investi la place de la Comédie aux cris de "liberté" et "à bas la dictature sanitaire", avant de défiler dans le centre.
- Projet de loi en discussion -
Dans le sud-ouest, 5.000 personnes, parmi lesquelles des "gilets jaunes" et personnels soignants, ont manifesté à Bordeaux, selon la préfecture, 3.000 à Pau et 2.000 à Bayonne.
Au moins une dizaine de rassemblements ont lieu en Auvergne-Rhône-Alpes où la manifestation la plus importante a réuni 3.500 personnes à Annecy, selon la préfecture.
A Lyon, moins de 2.000 personnes, divisées en deux cortèges, ont défilé. Les forces de l’ordre ont essuyé des jets de projectiles à proximité de la Place Bellecour où la manifestation avait été interdite. Cinq personnes ont été interpellées, a indiqué la préfecture. Les autorités ont également relevé 500 personnes à Saint-Etienne et 600 à Roanne (Loire).
Dans la région Grand Est, environ 4.000 personnes ont manifesté à Strasbourg, selon la police. Quelques "blouses blanches" dans le cortège, parmi elles Elodie, aide-soignante de 34 ans, a dénoncé "le chantage sur les soignants envoyés en première ligne" et qu'on "menace" maintenant de "ne plus payer" et de "virer".
Des manifestations ont également eu lieu, entre autres dans le Nord, à Lille (2.000), Dunkerque (environ 400), Amiens (700). Dans l'Ouest, 4.000 personnes ont défilé à Nantes où des incidents ont eu lieu; quatre personnes ont été interpellées selon un photographe AFP. Ils étaient 2.700 à Vannes, 2.200 à Rennes et 2.000 à Rouen, Angers et Caen. Plus au sud, 2.000 personnes ont défilé à Toulouse et Perpignan, et environ 1.000 à Foix (Ariège).
Pour enrayer la progression du variant Delta, le président Macron a présenté le 12 juillet une série de mesures.
Source de débats et objet de nombreux amendements à l'Assemblée nationale, la présentation d'un pass sanitaire (parcours vaccinal complet ou test récent) est entrée partiellement en vigueur mercredi.
Déjà appliquée dans les lieux culturels et de loisirs, son extension pour les cafés, restaurants et trains est prévue au début du mois d'aout.
Le projet de loi sanitaire, qui prévoit notamment l'extension du pass sanitaire et l'obligation vaccinale pour les soignants, sapeurs-pompiers ou encore les professionnels auprès des personnes âgées, a été adopté en première lecture tôt vendredi matin à l'Assemblée. Actuellement en débat au Sénat, il doit en principe être adopté avant la fin du week-end.
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