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Nous avons interrogé Olivier Bisback. Il est cascadeur depuis 28 ans sur des tournages en Belgique et à Hollywood. Il a été formé à manipuler les armes sur les scènes d’action. "On ne donne l’arme à un acteur qu’à un moment très précis. Avant, l’armurier vérifie son fonctionnement", indique-t-il avant de nous faire une démonstration. "L’arme est OK, on inspecte le canon, que la chambre soit vide, je vérifie le chargeur. L’arme est donnée de cette façon, jamais le canon vers l’acteur".
A l’image du film "Tueurs" réalisé par François Troukens, les armes réelles doivent parfois remplacer les armes factices pour apporter du réalisme au film, mais cela est strictement encadré par des armuriers agréés par les autorités. "Le comédien, en général, fait un stage dans un stand de tir. L'armurier va lui remettre une arme qui n'est pas chargée avec des vraies balles, mais avec des balles à blanc, en le prévenant que ça peut être un danger. C'est-à-dire qu'un tir de moins d'un mètre peut blesser. Il peut y avoir une flamme qui peut brûler l'autre comédien ou la personne en face. Il y a des règles qui sont exigées, l'armurier est là à chaque moment pour vérifier tout ça", décrit le réalisateur belge.
Outre le risque de flamme, le tir avec des balles à blanc peut aussi propulser des débris coincés par exemple dans le canon, provoquer des blessures aux yeux ou aux oreilles suite à la déflagration.
Ce sont les mesures de sécurité élémentaires. Elles s'appliquent sur les plateaux, toujours
Dans le cas par exemple du dernier film "Mission impossible", les scènes d'action ont été coordonnées par l’un des plus grands professionnels du métier. L'ancien membre des forces spéciales françaises nous explique comment les armes sont préparées. "Nous rendons nos armes inaptes aux tirs de balles réelles en obstruant partiellement le canon, et en modifiant certaines pièces à l'intérieur, comme des verrouillages ou des choses qui permettraient à l'arme de tirer en réel. En plus de ça, nous ne manipulons que des munitions à blanc", explique Christophe Maratier, aujourd'hui armurier professionnel dans le cinéma.
"Malgré tout, on considère qu'elles sont toujours chargées, donc les gens conservent le doigt à l'extérieur du pontet (ndlr: boucle en métal protégeant la queue de détente) et le canon dans une zone de sécurité. Ce sont les mesures de sécurité élémentaires. Elles s'appliquent sur les plateaux, toujours", indique encore Christophe Maratier.
Le canon était-il obstrué?
Difficile de savoir ce qui s’est réellement passé sur le tournage d’Alec Baldwin. François Troukens précise que les accidents avec les armes à feu sont très rares. "Est-ce que quelqu'un s'est trompé dans les cartouches? Moi je pense plutôt que le canon était obstrué à force d'avoir été utilisé avec de la poudre noire, et il peut y avoir un morceau de métal qui se détache dans le canon et qui devient un projectile, et qui peut effectivement devenir létal", commente François Troukens.
Pour Olivier Bisback, le cascadeur flamand, le drame qui s’est déroulé à Hollywood est incompréhensible. Il sait que même réglementé, manipuler une arme reste un facteur de risque.