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Il y a 3 semaines, lorsque la crise du coronavirus s'est amplifiée en Belgique, la N-VA pensait avoir un accord avec le PS. Le but: former un gouvernement fédéral de crise pour lutter contre la pandémie et ses conséquences économiques.
Mais il y a deux semaines, le 15 mars, Paul Magnette a affirmé dans notre émission C'est pas tous les jours dimanche qu'il n'y aurait pas de coalition PS et N-VA. "La N-VA vient maintenant avec des demandes de réformes institutionnelles, encore et toujours. C'est hallucinant. Venir encore avec ces questions en pleine crise sanitaire, c'est vraiment du cynisme. Nous n'allons évidemment pas entrer dans ce genre de discussion", avait déclaré le président du Parti socialiste.
Depuis lors, Theo Francken ne décolère pas. Le député fédéral et ex-Secrétaire d'Etat de la N-VA était l'invité de l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL-TVI ce dimanche. Il a répondu aux questions de Christophe Deborsu.
Christophe Deborsu: Avant son intervention (ndlr: de Paul Magnette le 15 mars), vous pensiez qu'il était d'accord pour former un gouvernement de crise avec vous. Vous êtes tombé de votre chaise?
Theo Francken: Oui, nous étions à une réunion avec le top du parti N-VA et oui, c'est clair… c'est un choc. Parce qu'il y avait un accord de principe de faire un gouvernement avec PS et N-VA, un gouvernement d'urgence pendant douze mois pour prendre des mesures contre la crise corona. Pour être efficace avec une grande majorité. Ça c'est clair.
Christophe Deborsu: Pourquoi vous dites qu'il y avait un accord alors qu'au PS on me certifie qu'il n'y en a pas eu, jamais?
Theo Francken: Ce sont des petits jeux oui ou non. Je peux simplement dire que monsieur Conner Rousseau, le président du sp.a, qui est le frère parti du PS, qui dit la même chose.
Christophe Deborsu: Il a laissé entendre effectivement qu'il y avait des choses qui se passaient. On n'a pas parlé d'accord véritablement en ce qui le concerne.
Theo Francken: Je pense que tout le monde sait qu'il y avait vraiment un accord de principe et que normalement on allait faire un gouvernement d'unité. Mais c'est impossible parce que le dimanche il a écouté ses membres du parti au bureau du parti le dimanche matin. Il y a quelques PS, surtout à Bruxelles, qui ont dit "non jamais de notre vie". À ce moment-là, il a fait son interview ici.
On a utilisé la crise pour installer ce gouvernement
Christophe Deborsu: Pour la Belgique, pour vous, il faut faire cet accord PS et N-VA, les grands partis de chaque côté?
Theo Francken: Mais bien sûr, il n'y pas… Le PS doit utiliser la tête, pas seulement le cœur, le cœur rouge. Ça ne va jamais être un gouvernement de cœur, c'est clair. Mais c'est nécessaire d'être professionnel et d'utiliser la tête aussi. Autrement, je pense que les gens qui disent toujours "Vive la Belgique, c'est le meilleur pays du monde", un jour ils vont être très déçus après les élections.
Christophe Deborsu: Vous voulez dire que s'il n'y a pas ce gouvernement-là, le Vlaams Belang (ndlr: extrême droite flamande) va monter, vous peut-être aussi, et qu'il y aura une majorité pour l'indépendance de la Flandre.
Theo Francken: Je dis que quand il y a de grandes crises, c'est toujours mieux d'avoir un gouvernement avec une base d'unité dans tous les coins de la Belgique. Pas seulement côté francophone. […]
Christophe Deborsu: Résultat actuel, c'est le gouvernement de Sophie Wilmès, composé de trois partis et soutenu de l'extérieur par les socialistes, les verts, CDH et DéFI. Vous avez déclaré ceci sur le gouvernement Wilmès. "À la tête du gouvernement un poids léger électoral", vous parlez de Sophie Wilmès sans aucune expérience électorale. Elle a obtenu à peine 16.000 voix en mai dernier. "Bienvenue dans la corona dictature où les élections ne sont pas importantes". C'est dur ça, la "corona dictature".
Theo Francken: Moi je pense que le fait qu'on a couplé les pouvoirs spéciaux pour le gouvernement, car on doit mener cette crise efficacement et vite, coupler ça avec un vote de majorité pour installer un nouveau gouvernement… Moi je trouve que ce n'était jamais l'objectif et que ce n'était pas nécessaire. Je pense qu'on a utilisé la crise pour installer ce gouvernement. Et ça je ne trouve pas ça correct.