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Invité sur les ondes de Bel RTL, Pierre-Arnaud Perrouty, directeur de la Ligue des Droits Humains est revenu sur les critiques de violence et de racisme faites à l'encontre de la police. Selon lui, les autorités policières ne reconnaissent "pas assez" ce problème.
"On ne peut pas dire que la police est intrinsèquement raciste, mais réduire le problème à quelques pommes pourries dans la police, c'est rater complètement le problème", a précisé Pierre-Arnaud Perrouty, directeur de la Ligue des Droits Humains, au micro de Fabrice Grosfilley ce vendredi matin.
Marc De Mesmaeker, commissaire-général de la police fédérale, a pris la parole jeudi. Ce dernier a expliqué qu'il n'y avait pas de racisme structurel, mais juste des dérapages individuels. Mais pour le directeur de la Ligue des droits humains, il y a "trop de témoignages de personnes" qui disent qu'il y a du racisme. "Et ça ne se limite pas à quelques individus qui dérapent. Il y a un vrai problème plus général qui doit être non seulement reconnu par les autorités et ensuite adressé véritablement", a précisé Pierre-Arnaud Perrouty.
"La première étape est de reconnaître le problème"
Selon lui, les autorités policières ne reconnaissent "pas assez" ce problème. "Mais quand vous discutez avec certains responsables policiers, ils reconnaissent qu'il y a un problème. Moi je vois publiquement, soit des responsables, soit des responsables syndicaux qui nient complètement ça. Hors, la première étape est de reconnaître le problème pour pouvoir s'y attaquer", a ajouté l'homme avant de revenir sur le cas de Pierrette Herzberger-Fofana, une eurodéputée de 71 ans. Jeudi, l'élue allemande a annoncé avoir porté plainte pour "des violences policières à tendance raciste" subies en sortant de la Gare du Nord à Bruxelles, alors qu'elle prenait des photos d'une intervention visant "deux jeunes Noirs". La députée européenne dit avoir été brutalisée par les policiers qui, dans un premier temps, n'ont pas cru qu'elle était députée du Parlement européen comme le prouvait son laissez-passer de l'institution.
"Là, il s'agit d'une dame âgée qui a plus de 70 ans et qui est une femme noire. Manifestement, la police a eu du mal à croire qu'elle était eurodéputée. Et parce qu'elle filme une interpellation qui se passe mal, elle est violentée et humiliée par des policiers. Or, on ne peut pas dire qu'une femme de cet âge-là posait un quelconque problème de trouble à l'ordre public ou de menace pour qui que ce soit", a raconté Pierre-Arnaud Perrouty.
"Il faut arrêter de faire semblant"
Mais ce dernier précise que la majorité des policiers "fait correctement son boulot et n'est pas raciste". "Il est évident qu'il y a plein de policiers qui font très bien leur boulot et qui essaient de bien le faire", a dit le directeur de la Ligue des droits humains. On ne se comprend plus, car "il faut reconnaître les choses. On est dans une société très clivée, en niant le problème, on ne va jamais pouvoir s'entendre. Ce qu'on aimerait entendre de l'autre côté c'est "il y a un problème". C'est comme si le fait de le reconnaître allait porter atteinte à l'image de la police, Or je pense que c'est exactement l'inverse. Reconnaître le problème va permettre d'ouvrir un dialogue et sans doute d'améliorer l'image de la police. Tout le monde sait très bien qu'il y a un problème, il faut arrêter de faire semblant", a conclu le directeur de la Ligue des Droits Humains.