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Nous sommes en phase 2A depuis le 6 avril, ce qui signifie que 60% des lits de soins intensifs sont réservés aux patients covid, soit environ 1200 sur 2000. Aujourd’hui, il y a toujours plus de 900 patients covid en soins intensifs. Trouver des lits est un casse-tête quotidien.
C'est par exemple le cas à l’hôpital Jolimont, à Louvière: 15 lits y sont réservés pour les patients covid. "Nous avions 13 patients ce matin, on va faire deux sorties, on a un transfert d’un autre hôpital qui va arriver et une entrée potentielle en salle d’urgence, donc on revient de nouveau à 13 lits", expliquait hier Pierre Henin, le chef des soins intensifs. Il fait ce calcul tous les matins.
Maintenir "des patients qui sont un petit peu limite"
Certains jours, il n’y a plus de place, même pour des patients d’autres services dont l’état se dégrade. "Il arrive qu’on maintienne en salle d’urgence ou dans des étages non intensifs, des patients qui sont un petit peu limite un peu plus longtemps".
Le problème est le même à l’hôpital Erasme, à Bruxelles. Depuis deux semaines, tous les lits de soins intensifs sont occupés. Alors, plusieurs fois par jour, Jacques Créteur et son équipe font le point pour savoir quels patients pourraient déjà sortir et quels patients doivent rester.
Transférer quand c'est nécessaire
Pour décider, ils ont mis en place un barème, explique le chef de l'unité de soins intensifs: "Le curseur va être évidemment modifié en fonction du nombre de places en soins intensifs, mais il ne faut pas oublier non plus que quand un malade doit vraiment être hospitalisé en soins intensifs, l’idée, c’est de transférer dans un autre hôpital".
Faut-il encore qu’il y ait de la place ailleurs. Depuis la deuxième vague, dans chaque province, les centrales du 112 comptent ces lits encore disponibles. Dans le Hainaut, par exemple, en début de semaine, il y en avait 15.
Il ne suffit pas de créer plus de lits...
Il est tentant de penser que la solution est de consacrer plus de lits aux soins intensifs. C'est d'ailleurs ce qui est prévu dans les phases 2A (comme celle que nous connaissons actuellement) et 2B. Mais cette solution est de moins en moins évidente.
Le chef de service aux soins intensifs de l'hôpital Erasme explique pourquoi il ne suffit pas de créer plus de places: "Une étude faite lors de la phase deux a bien démontré que plus vous créez de lits de soins intensifs, plus la mortalité en soins intensifs augmente, parce qu’il n’y a pas d’expertise infirmière autour des lits. Donc si vous entourez ces lits avec des infirmières et infirmiers non qualifiés, parce que ça s’est vu tout spécialement chez des malades qui étaient sévères et étaient en ventilation mécanique, effectivement, la mortalité augmente, et de manière importante".