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Comme d'autres usines, une entreprise de Courcelles qui produit des pizzas est confrontée pour le moment à des difficultés d’approvisionnement en huile de tournesol, majoritairement importée de Russie et d’Ukraine. Il faut donc trouver des alternatives.
"Ce sont par exemple des huiles de colza ou de palme qui n’ont pas forcément bonne presse. C’est très compliqué parce qu’on doit non seulement protéger le consommateur de grands changements, des différences d’étiquetage mais aussi protéger le consommateur final d’une augmentation de prix assez importante", explique Grégory Doumont, le responsable qualité.
Protéger le consommateur
Rechercher d’autres solutions, cela prend du temps et cela ajoute une charge de travail aux employés. "Sur le personnel, l’impact est assez important parce que nous sommes obligés de faire des recherches de nouvelles matières premières ou d’alternatives, donc cela occupe énormément nos équipes", ajoute Grégory Doumont.
Les problèmes d’approvisionnement ne concernent pas que les produits alimentaires. Dans une brasserie de Rebecq, ce sont certains types de bouteilles en verre qui manquent. "J’ai une partie de mes bouteilles qui viennent, soit de Russie soit d’Ukraine. Donc là en Ukraine, je n’ai pas de bouteilles pour le moment et en Russie, les transports maritimes sont fermés, donc ce sont des transports terrestres avec des surprimes et aucune sécurité d’approvisionnement", souligne Paul Lefebvre, le propriétaire d’une brasserie.
Cette situation fait grimper les prix. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les bouteilles lui coûtent 30% de plus. En cas de pénurie, il pourrait opter à l’avenir pour des canettes en aluminium.
Ces problèmes d'approvisionnement concernent 4 entreprises sur 10 à cause de certaines pénuries et de l’augmentation des coûts de production, explique Bart Buysse, l'administrateur de la Fevia, la Fédération de l'industrie alimentaire en Belgique.
Des entreprises doivent se réorganiser. Est-ce que certaines pourraient devoir stopper leur production?
C’est déjà le cas pour 9% des entreprises qui doivent réduire ou arrêter la production. D’autres envisagent de devoir le faire dans les deux à quatre semaines à venir.
Pour quels aliments et quels produits, cela pose problème?
Cela dépend avec quelle matière première l’entreprise travaille : par exemple l’huile de tournesol, le blé, les crèmes de moutarde, le miel ou les emballages en verre.
Pour ces produits, le consommateur doit-il craindre des pénuries?
On ne craint pas immédiatement de pénuries, heureusement les grands magasins ont un certain stock mais dans la mesure où on est obligé de réduire la production dans certaines entreprises, cela pourrait se traduire dans quelque temps par un manque de certains produits dans les rayons. Le consommateur peut s’attendre par contre à des augmentations de prix.
Qu'espérez-vous de la part des autorités ou du secteur de la grande distribution?
On attend des autorités du pragmatisme, de la flexibilité notamment en ce qui concerne l’application de la législation sur l’étiquetage pour permettre à nos entreprises de travailler par exemple avec des matières premières alternatives, aussi pouvoir réduire la facture énergétique pour nos entreprises.
De la part de la grande distribution, on attend de la flexibilité pour prendre en compte les charges supplémentaires, les augmentations des coûts auxquelles nos entreprises sont confrontées et ne pas imposer des sanctions logistiques, dans le cas où il y a un certain arrêt ou un certain retard dans les livraisons.