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Des victimes des attentats de Bruxelles disent n'avoir reçu aucune indemnité: "Car elles en ont fait le choix", selon les assurances

Près de deux ans après les attentats de Bruxelles, des dizaines de victimes ont été remises au travail, selon la DH. Un avocat dénonce cette situation, qu'il qualifie d'inhumaine. Jean-Paul Tieleman a écrit une lettre aux députés et sénateurs du pays pour les sensibiliser au problème. Eric Van Duyse et Eric Poncelet ont rencontré l'avocat et le porte-parole des compagnies d'assurances.

Jean-Paul Tieleman est l'avocat d'une centaine de victimes du 22 mars, qu'il qualifie de "ses protégés" plutôt que de clients. Il dit se battre pour eux avec, parfois, des moyens dérisoires, car certaines victimes sont dépourvues de toute rentrée financière. "Certaines victimes n'ont pas reçu un centime de provision malgré des préjudices extrêmement graves", affirme-t-il.


La réponse des assurances

Mais du côté des assureurs, on contexte. Si certaines victimes n'ont encore rien reçu, c'est qu'elles ont décidé de refuser les avances proposées. Un choix tactique alors que, selon les assurances, le fait d'accepter ne les engageait à rien. "Le fait d'accepter une avance, notamment pour supporter les frais qu'on a déjà dû exposer, ça n'implique pas qu'on renonce à exercer ses droits pour la partie pour laquelle il peut encore y avoir des contestations", explique Wauthier Robyns, porte-parole d'Assuralia, l'Union professionnelle des entreprises d'assurances.


Des victimes "brutalisées" par les médecins conseils?

Autre reproche fait par Me Tieleman: certaines victimes seraient aujourd'hui fortement traumatisée, parfois même incapables de sortir de chez elles. Pourtant, elles auraient été déclarées aptes à travailler. Selon l'avocat, la manière dont les victimes sont traitées est qualifiée de "maltraitance" par l'une des psychiatres. "Certaines victimes sont vraiment brutalisées moralement par certains médecins conseils. Ne faisons pas d'amalgames… mais ils sont trop nombreux à se comporter de la sorte, du genre 'Mais enfin, vous n'avez pas ce que vous prétendez avoir', ou disant 'Un an après les attentats, comment se fait-il que vous soyez toujours dans cet état-là?'", affirme Me Tielemans.

Là encore, côté assurances, on s'étonne. "Nous avons des procédures qui sont là pour prendre en charge les réclamations. Par voie extra-judiciaire aussi, donc il ne faut pas nécessairement attendre qu'un tribunal se prononce sur ces dossiers", précise Wauthiers Robyns.

Un courrier est prêt à partir cette semaine pour attirer l'attention de chaque parlementaire sur le dossier. Mais visiblement, avocats et assureurs n'ont pas fini d'en découdre.


1.400 victimes ont demandé des indemnités selon Assuralia

D'après Assuralia, les assureurs ont reçu des demandes d'indemnisation de près de 1.400 victimes, parmi lesquelles figurent 27 morts et 226 personnes sérieusement ou grièvement blessées, c'est-à-dire avec un taux d'invalidité permanente supérieur à 10%. 187 d'entre elles ont reçu une indemnité, sous forme de règlement définitif ou de provision. Pour d'autres, l'assureur attend un accord sur des propositions de versement provisionnel ou une attestation médicale. Parfois, il ne manque même que le numéro de compte où verser les indemnités. Selon ses dernières statistiques, la fédération sectorielle évalue à plus de 112 millions d'euros le coût pour ses membres des attentats du 22 mars 2016.

Les assureurs avaient mis en place un système de provisions à la suite des attentats afin de pouvoir intervenir plus rapidement et de parer aux dépenses les plus urgentes des victimes. Ces entreprises doivent à présent attendre la consolidation de la situation de ces victimes et avoir la certitude que celle-ci n'évoluera plus avant de régler définitivement le préjudice subi.

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