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Face à la décision du Conseil d'Etat de suspendre la fermeture du secteur culturel, le sport francophone appelle ce mercredi à pouvoir lui aussi accueillir du public. Un appel lancé alors même que les gouvernements du pays se retrouvent en comité de concertation d'urgence pour faire marche-arrière sur la culture.
Le comité de concertation du 22 décembre avait décidé que les compétitions et entraînements sportifs professionnels et amateurs tant à l'intérieur qu'à l'extérieur étaient interdits au public
Si on peut regarder un concert... pourquoi pas un match de basket, de rugby, de football?
Le directeur de l'Association interfédérale du sport francophone (AISF) nous en dit plus sur la demande du secteur sportif. "Le fait de ne pas avoir de public peut représenter des pertes importantes pour le sport. On parle à peu près de 40% qui sont liés à la présence du public dans les recettes des clubs. Dès lors que la culture peut accueillir du public, on attend de la cohérence et que le sport puisse faire de même", nous a confié Serge Mathonet. "Il est évident que si on peut regarder un concert, une pièce de théâtre avec du public, pourquoi pas un match de basket, de rugby, de football?".
Comme dans la culture, des clubs de sport pourraient-ils enfreindre les mesures et accueillir des spectateurs malgré l'interdiction? Selon le directeur de l'AISF, ce n'est pas la volonté du secteur. D'autres voies que la concertation avec les autorités sont cependant envisagées. "Actuellement, nous privilégions le dialogue avec les autorités. Si nous ne sommes pas entendus, d'autres voies, éventuellement juridiques, seront étudiées", a indiqué Serge Mathonet.
Le foot amateur ne compte pas saisir le Conseil d'Etat
Alors que le football amateur est à l'arrêt jusqu'au 17 janvier, l'ACFF, l'Association des clubs francophones de football, ne compte pas saisir le Conseil d'Etat, a indiqué mercredi à la RTBF David Delférière, président de l'ACFF, qui espère toutefois un retour prochain du public au bord des terrains. "Comme à chaque fois, on va dialoguer avec la ministre des Sports", déclare David Delferière. "Hier soir et ce matin, j'ai envoyé un mail pour savoir ce qu'elle comptait faire. Il y aura un Codeco la semaine prochaine et les demandes du sport et du foot seront traitées à ce moment-là".
Le foot amateur ne demande donc pas un retour immédiat du public, au bord du terrain et dans les buvettes. "Il y a une différence entre la culture qui fait des recettes avec les fêtes et nous. On est moins dans l'urgence avec la trêve et on peut réfléchir à la bonne décision. Il faut croiser les doigts pour tout le monde par contre". "Dès que les décisions sont revues, il est clair que je réunis le Conseil d'administration de l'ACFF pour discuter de la reprise des championnats. Notre volonté, c'est de jouer au foot avec du public, avec des jeunes qui font leur sport. J'ai entendu l'aile néerlandophone pour entamer la même démarche. Notre volonté n'est pas d'aller au conseil d'État mais d'aller dans le dialogue", conclut David Delférière.
Le Conseil d'Etat suspend les mesures imposées au secteur culturel
Pour rappel, le Conseil d'Etat a décidé mardi de suspendre les mesures sanitaires imposées par le comité de concertation du 22 décembre dernier au secteur culturel. La juridiction a ainsi fait droit au recours introduit en extrême urgence par un membre de Sgaranelle Production qui a prévu de jouer la revue "Demain, c'était Mieux. Non peut-être" ces 28, 29 et 30 décembre au centre culturel d'Auderghem.
Le requérant contestait l'obligation de fermeture imposée au secteur culturel lors du Codeco du 22 décembre, arguant que la mesure ne figurait pas dans les recommandations rendues la veille par le groupe d'experts GEMS. Pour lui, il s'agissait dès lors d'un excès de pouvoir et d'une mesure non-proportionnelle, ainsi qu'une atteinte au droit au travail ainsi qu'à l'accès à la culture. Une mesure d'autant plus dure à avaler qu'elle n'était pas dépourvue non plus de conséquences financières, la majorité des représentations prévues se jouant à guichets fermés. Lors d'une audience tenue ce mardi, le Conseil d'Etat a fait droit au requérant en suspendant les mesures sanitaires visant le secteur culturel. Toutes les autres mesures décidées lors du Codeco du 22 décembre restent, elles, bel et bien d'application.