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Notre équipe a rencontré deux infirmières de la région liégeoise. "Moi dans mon hôpital, il y a du personnel qui est positif et qui doit travailler quand même", confie l'une d'elles, préférant garder l'anonymat.
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Cette réalité inquiète ces deux infirmières. Contactées par la direction de leur hôpital, elles apprennent que le personnel contaminé et asymptomatique est aujourd’hui autorisé à venir travailler. "On a l'impression d'être des assassins. Parce qu'on va travailler en étant malades. Asymptomatiques, mais on va quand même travailler en étant positifs, et donc on a l'impression de tuer les gens, parce qu'ils ne l'avaient pas au départ. On a des patients qui sont fragiles, des oncologies, des personnes âgées très fragiles", nous confie-t-on.
Il n'y a rien à faire, on fait des soins donc quand on fait les toilettes on est proche d'eux
L'autre infirmière que nous avons interrogée confirme. "Même si on respecte la plupart des gestes barrières, les distanciations, il n'y a rien à faire, on fait des soins donc quand on fait les toilettes on est proche d'eux. On laisse notre masque, on mange à part, on se sépare des collègues. La semaine passée, dans notre service on faisait le rapport dans deux pièces différentes", indique-t-elle.
Dans la mesure du possible, les collaborateurs positifs asymptomatiques ne seront pas affectés dans les services de gériatrie, oncologie et néonatologie
En Province de Liège, le taux d’absentéisme dans les hôpitaux avoisine aujourd’hui les 20%. Sans autres solutions, la direction de la Clinique CHC MontLégia autorise son personnel asymptomatique à reprendre le travail. "Dans la mesure du possible, les collaborateurs positifs asymptomatiques ne seront pas affectés dans les services de gériatrie, oncologie et néonatologie. Cette reprise du travail se fera bien évidemment dans le plus strict respect des gestes barrières", réagit le groupe santé CHC dans une communication écrite.
Un représentant syndical: "S'il n'y a personne c'est encore pire"
"Que voulez-vous? Evidemment des contacts il y en a. Espérons qu'on ne vive pas une catastrophe et que ça parte dans tous les sens. Mais que faire? Faire quoi? S'il n'y a personne c'est encore pire", réagit Pierre François, délégué syndical CNE-CSC au MontLégia.
Entre danger infectieux et situation inédite
Cette situation inquiète tout de même de nombreux experts. "D'un point de vue purement infectieux, ce n'est certainement pas une situation idéale. Dans le sens où, même si on est asymptomatique, c'est bien là tout le problème. Il y a quand même un certain risque de transmission", indique Emmanuel Bottieau, chef de l'unité des maladies tropicales de l'Institut de médecine tropicale d'Anvers. "J'essaie de donner une réponse un peu pragmatique. Entre un point de vue infectieux qui n'est vraiment pas idéal et une situation vraiment concrète, actuelle, qui demande peut-être qu'on fasse des sortes d'exceptions", ajoute-t-il.
Nous avons contacté le ministre de la Santé. Il dit être au courant de la problématique, mais il ne souhaite pas faire de commentaire pour le moment.