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De nombreux hôpitaux tourneront en mode 'week-end' ce jeudi 17 juin, assurant seulement un service minimum. Les travailleurs sont nombreux à avoir répondu à l'appel des syndicats. Ils ont déposé un préavis de grève en front commun (CNE, Setca et CGSLB) et dénoncent "la pression énorme infligée au personnel soignant pour atteindre des impératifs économiques et médicaux".
Conséquence pour les patients ?
Votre hôpital, s'il est concerné, tournera comme un dimanche. Les consultations et chirurgies de jour ont été reportées. Par exemple, à Saint-Joseph (CHR de Mons), le bloc opératoire est fermé, sauf urgence. Au Chwapi près de Tournai, le bloc opératoire tourne au ralenti. Les cliniques de l'Europe sont en service minimum et ont dû réquisitionner du personnel. La situation est la même dans certains établissements du Chirec.
A priori, les patients impactés par un report de rendez-vous ou d'opération ont été prévenus.
© Mobilisation du personnel hospitalier au CHC Mont Légia ce jeudi - Photo Guillaume Fraikin
"On voit nos collègues tomber les uns après les autres"
Épuisée, une infirmière bruxelloise nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour faire part de la situation quotidienne des travailleurs de la santé. Laurence, qui ne souhaite pas divulguer publiquement le nom de l'hôpital dans lequel elle travaille, participe a l'action de grève de ce jeudi, mais précise avoir été réquisitionnée pour assurer un service minimum. "C'est la première fois que la grève est aussi suivie chez nous, et qu'on doit recourir à des réquisitions", affirme l'infirmière-cheffe. "On ne parle que des soins intensifs et des urgences, mais aujourd'hui, le problème est général. Il est même accru dans les services généraux ou d'hospitalisation, dans les maisons de repos et les soins à domicile."
On travaille dans la peur d'oublier quelque chose
L'infirmière dénonce avant tout le manque de personnel, qui met les patients en danger. "On voit nos collègues tomber les uns après les autres. Partout, les burn-out explosent, les diminutions de travail, parce que les gens ne tiennent pas le niveau soutenu qu'on nous impose. Ça rend le risque d'erreur plus important, on travaille dans la peur d'oublier quelque chose."
Selon l'infirmière, la situation est "un cercle sans fin: il n'y a pas de budget, et on est dans le rouge. C'est au niveau fédéral de savoir ce qu'on veut et de bouger."
La pénurie d'infirmiers et d'infirmières, l'âge de la retraite et le budget de la santé sont les points centraux, pour Laurence. "Il y a une vraie pénurie d'infirmières, elles ne supportent plus la charge de travail énorme. Certaines ont peur, sont insatisfaites par le manque de temps octroyé aux patients, alors qu'elles ne prennent même pas de pause de midi. Elles n'ont même plus la force de parler avec leurs enfants, une fois rentrées chez elles."
© Mobilisation du personnel hospitalier au CHC Mont Légia ce jeudi - Photo Guillaume Fraikin
Grève nationale ce 17 juin: quelles revendications ?
Dans un communiqué, le front commun syndical prévient de "perturbations inévitables sur le terrain", dues au service minimum. Les syndicats détaillent également leurs revendications :
"Dès le matin, le personnel des hôpitaux de Wallonie et de Bruxelles remettra un bulletin à chaque direction. Les "matières" ratées sont les suivantes :
- Fonds Blouses Blanches : trop peu d’emplois créés avec les 400 millions d'euros que le personnel a été chercher lors des mardis des blouses blanches, alors que le personnel crève sur le terrain ;
- Beaucoup d’hôpitaux ont relancé la "machine économique" en intensifiant les opérations, scanners, … Et peu d’embauches d’étudiants pendant les vacances… Le personnel doit souffler.
- Trop peu d’initiatives des employeurs pour lutter contre la pénurie d’infirmier.e.s.
- Toujours aucune convention collective signée pour l’amélioration des conditions de travail. Y compris aucune utilisation des 100 millions d'euros affectés à cet objectif dans l’accord social de juillet 2020 !
- Certains hôpitaux ont refusé de prendre en compte le temps de vaccination dans le temps de travail pour le personnel qui a dû revenir au travail pour se faire vacciner.
- Le personnel fait face à une agressivité accrue de la part des patients et de leurs familles.
- Les réseaux hospitaliers se mettent en place sans aucune concertation avec les syndicats sur les conséquences pour le personnel (emplois, statut ; mobilité, …)."