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Il a insisté sur le fait qu’il "fera tout pour" relancer la concertation sociale "jusqu’au dernier moment". Même s’il reconnait qu’"on est aujourd’hui à un moment particulièrement difficile sur un dossier complexe", mais les partenaires sociaux "doivent nous faire une proposition ce matin par rapport à un agenda de négociation sur une série de thèmes".
Pour y parvenir, il se dit que patrons et syndicats vont sortir la négociation sur la note salariale de l’accord et celle-ci reviendrait alors dans les mains du gouvernement. "J’espère que non", a répondu le ministre. Car "ce sera difficile d’en discuter en gouvernement. On a des positions qui sont éloignées sur le sujet" entre partenaires de majorité, socialistes d’un côté et libéraux de l’autre.
Si le gouvernement reprend la main, il ira plus loin que la proposition des patrons
Si le gouvernement devait reprendre la main sur ce point, le ministre ira plus loin que la proposition des patrons d’aller au-delà de la norme d’augmentation de 0,4% uniquement dans les entreprises qui ont fait plus de 30% de bénéfices via une prime de l’ordre de 200 à 300€.
"C’est un dossier important pour celles et ceux qui ont fait tourner notre économie pendant cette crise, on leur doit une reconnaissance décente", a-t-il expliqué. La revalorisation du salaire minimum est dès lors "essentielle" à ses yeux. Et cette prime proposée par les patrons, "je pense que c’est totalement insuffisant et même indécent", a-t-il réagi. S’il reprendre la main au gouvernement, "je ne pourrai pas me satisfaire d’une prime et d’un montant aussi bas".
La menace de bloquer les dividendes et salaires des patrons bien réelle
Il va cependant falloir convaincre les libéraux, et cela promet d’être épineux. "Il y a déjà un accord, c’est l’accord de gouvernement qui prévoit l’application de la loi de 1996 et en même temps de la souplesse à travers des circulaires ministérielles pour aller au-delà de cette norme." Mais encore faut-il appliquer cette souplesse. PS et Vooriut (sp.a) ont brandi la menace avant-hier de dire que si on bloque les salaires, alors on va aussi bloquer les dividendes aux actionnaires et les primes aux grands dirigeants d’entreprise. Cette menace "est sérieuse", a assuré Pierre-Yves Dermagne. "On ne peut pas dire d’un côté qu’il n’y a pas de marges pour octroyer des augmentations ou des primes décentes aux travailleuses et aux travailleurs qui ont fait fonctionner notre économie, et en même temps dire qu’il y a en même temps de la marge pour distribuer des dividendes aux actionnaires ou augmenter les salaires de patrons."
Pour y parvenir, il faudrait activer l’article 14 de la loi de 1996, ce qui n’a jamais été fait. Avec les libéraux "ce sera si c’est le cas un débat difficile mais c’est une question d’équité, de justice sociale".
Y a-t-il un risque que le gouvernement tombe sur ce dossier ? "On n’en est pas là", mais les socialistes défendront ensemble cette position et il se dit prêt à "aller jusqu’au bout".
Pas de changement de la loi de 1996 sous cette législature
La secrétaire générale de la CSC Marie-Hélène Ska disait que cette loi est intenable. "Ma position par rapport à la loi de 1996 telle qu’elle a été modifiée par le gouvernement Michel est claire. Ça corsète de manière trop forte les négociations. Il n’y a plus de liberté de négociation au niveau des secteurs et des entreprises. Je plaide pour qu’on puisse revenir à la version d’avant 2017. Mais ce n’est pas dans l’accord de gouvernement, il n’y avait pas de majorité pour la modifier et il n’y en a toujours pas aujourd’hui au parlement. C’est un débat qui aura lieu pour la prochaine législature", a encore commenté le ministre.