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Les problèmes autour de la pénurie d'antidiabétiques tels que l'Ozempic ou le Trulicity ne sont pas près de s'arrêter. Ces médicaments sont connus pour leurs effets détournés, qui permettent de perdre du poids rapidement. Au début de l'année 2023, la molécule avait fait le tour des réseaux sociaux pour ses effets amaigrissants, aujourd'hui, certains diabétiques peinent à s'en procurer. C'est notamment le cas d'Éric. Sa femme nous a contactés via le bouton orange "Alertez-nous" pour témoigner de ses difficultés, lui qui en a réellement besoin.
"Ce médicament lui est indispensable". Ces propos, ce sont ceux de Dominique, dont le mari, Éric, est atteint de diabète. Depuis un an et demi, son médecin lui prescrit du Trulicity, un antidiabétique similaire à l'Ozempic pour stabiliser son état de santé. "On a vraiment vu la différence. Cela permet de protéger ses reins et son cœur".
Mais depuis près d'un an, la demande de cette molécule a totalement explosé à cause de son effet coupe-faim qui permet de perdre du poids. Et en ce début d'année, Dominique a eu la mauvaise surprise de ne plus avoir la capacité de s'en procurer dans sa pharmacie habituelle. "Jusqu'à maintenant, on en a toujours eu. Mais cette fois, la pharmacienne était désolée de devoir m'apprendre que le médicament est annoncé absent jusque fin décembre 2024". Éric en a pourtant bien besoin. "Si l'état de ses reins se détériore, il pourrait devoir faire de la dialyse et on a aucune autre solution que ce médicament", déplore son épouse.
Il devrait, théoriquement, y avoir assez de médicaments pour traiter les patients déjà sous traitement.
"Les risques, ce sont ceux d'un diabète mal soigné : décompenser, tomber dans le coma, plus de risques d'AVC,...", explique une endocrinologue. Et du côté des pharmaciens, le constat est clair, certains parviennent à se procurer des quantités minimes de Trulicity, d'autres n'y arrivent même plus. "On essaie d'en avoir, mais plus personne n'en a. Les grossistes et le fabricant n'en ont plus", "le laboratoire en fournit au compte-goutte, c'est au pharmacien de faire attention", nous dit-on dans deux officines différentes.
Une pénurie déjà réglementée
En Belgique, un arrêté royal a été publié le 14 novembre dernier au moniteur belge, restreignant la prescription de ce type de médicament aux personnes atteintes de diabète de type 2 et aux patients dont l'IMC (indice de masse corporelle) est supérieur ou égal à 35kg/m², ou à 30kg/m² si le patient présente au moins une comorbidité liée au poids. Pour vous donner un ordre d'idée, l'OMS définit l'obésité à partir d'un IMC de 30kg/m².
Malgré ces nouvelles règles, il est encore trop tôt pour constater les effets des mesures prises. "Normalement, les restrictions nécessaires ont été prises, mais à l'heure actuelle, on n'a pas encore les résultats. Cela fait depuis plus d'un an que le fabricant demande qu'il n'y ait plus de nouveaux patients. Il devrait, théoriquement, y avoir assez de médicaments pour traiter les patients déjà sous traitement, mais ça dépend aussi des pharmacies. Certains en font 3 ou 4 avant de trouver", essaie de rassurer Laurent Crenier, directeur de la clinique de diabétologie de l'hôpital Erasme et président de l'association belge du diabète.
Le fabricant cherche des solutions
Le fabricant, Lilly, est d'ailleurs bien au courant de la situation et essaie de résoudre le problème. "Des potentielles contraintes d’approvisionnement temporaires sont à prévoir pour le Trulicity 0,75 mg et 1,5 mg sur le marché belge. Une nouvelle usine de fabrication en Caroline du Nord (États-Unis) est en développement ainsi que des mesures et des expansions supplémentaires sur d’autres sites dans le monde (France, Italie, Allemagne)", nous explique Fanny Verspeelt, responsable remboursement et communication auprès de Lilly Benelux.