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Des enfants de 8 à 10 ans dénoncent des violences de la part d'enseignants lors d'un voyage scolaire: "Plusieurs versions se rejoignent"

Une maman, que nous appellerons Céline par souci d'anonymat, a appuyé sur le bouton orange "Alertez-nous" pour nous raconter "l'enfer" du voyage scolaire qu'a vécu son enfant. Entre violences physiques et psychologiques, elle a souhaité rappeler que les enfants n'avaient pas à subir les "sautes d'humeur" de certains professeurs.

Tout commence lorsque des enfants âgés de 8 à 10 ans prennent la route pour un voyage scolaire dans les montagnes françaises, accompagnés d’un corps enseignant. Après 5 jours de vacances qui devraient ravir n’importe quel enfant, ceux-ci ne rentrent pas avec le sourire aux lèvres.

"Dès que mon enfant est descendu du car, j’ai vu son visage déconfit", explique Céline, maman. "On s’est d’abord dit que ça devait être la fatigue, mais ma fille m’a directement dit que le voyage s’était mal passé et que c’était l’enfer".

Plusieurs versions qui se rejoignent

La raison de cet enfer ? Deux enseignantes se seraient montrées agressives, violentes à l’égard de certains enfants. "Des griffures, des violences verbales", explique-t-elle, "ma fille m’a expliqué avoir toujours peur de mal faire. Ce qui m’a inquiétée et confortée dans l’idée que ma fille ne disait pas n’importe quoi, c’est que d’autres ont témoigné aussi".

Les enfants ne doivent pas être victimes des tempéraments

En effet, la version donnée par la fille de Céline est la même que celle d’autres enfants ayant participé au voyage. "Toute la classe semble dire la même chose, bien que le responsable du voyage ait dit qu’ils étaient des menteurs". Après ces propos, les parents se sont réunis afin de contacter les personnes concernées.

"Nous voulions prendre des mesures pour éviter que cela ne se reproduise à l’avenir. La violence, physique ou verbale, n’est pas tolérable. On nous a répondu qu’une des enseignantes était de la vieille école, que c’était son caractère. Les enfants ne doivent pas être victimes de tempéraments", insiste la maman. "Si une enseignante n’est pas capable de gérer un certain nombre d’enfants, elle ne devrait pas le faire".

Des conditions "explicables, mais pas excusables"

Nous sommes allés à la rencontre de Claire-Anne Sevrin, coordinatrice de Yapaka, le service de prévention contre la maltraitance des enfants en Fédération Wallonie-Bruxelles. Bien qu'elle ne puisse pas commenter ce cas spécifique, n'en connaissant pas tous les détails, elle tient à rappeler quelques principes fondamentaux concernant la protection de l'enfance.

"Les maltraitances sur les enfants peuvent prendre diverses formes : abus sexuels, châtiments corporels, négligences, violences psychologiques...", souligne-t-elle. "Il est toujours difficile d'imaginer que de telles situations puissent se produire, et pourtant, elles existent".

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Si ces maltraitances se produisent dans le cadre familial, il n'est pas rare qu'elles surviennent également dans le cadre scolaire, y compris lors de voyages scolaires comme dans le cas présent. Le rôle de Yapaka est principalement préventif afin d'éviter de telles situations à l'avenir. "Il est essentiel qu'une équipe éducative puisse servir de relais avec les parents pour que l'enfant se sente en sécurité", souligne Claire-Anne Sevrin.

Concernant les débordements de professeurs, "cela arrive", admet le service de prévention. "Les conditions de travail sont complexes, les enseignants doivent gérer de grands groupes d'enfants pendant de longues journées, ce qui peut engendrer de l'impatience et de l'énervement. Ces comportements sont compréhensibles dans ce contexte, mais ils ne doivent en aucun cas être tolérés", explique Claire-Anne Sevrin.

Pour contrer ce phénomène, elle plaide pour une solidarité entre les membres du corps professoral. "En général, les enseignants sont entourés de collègues qui doivent intervenir lorsque l'un d'eux montre des signes de difficulté. Il est crucial de travailler ensemble pour éviter que les enfants subissent les conséquences de ces moments d'exaspération".

Une situation qui "s’améliore"

Mais les enseignants ne sont pas seuls. "Le PMS est également là", rappelle Claire-Anne Sevrin. Pour rappel, les Centres PMS sont des organismes du service public chargés de prévenir et de contribuer au bien-être des jeunes en âge de scolarité.

Malgré la persistance de certaines situations, comme celle rapportée dans cet article, Yapaka reste optimiste. En effet, la situation s'améliore comparativement à il y a quelques années. "Il y a une prise de conscience croissante de la nécessité de soutenir les enseignants, ce qui était moins le cas auparavant. Il y a quelques années, les professeurs lançaient des craies sur les élèves ; il est encourageant de constater une évolution à ce sujet".

Une procédure précise de l’Enseignement obligatoire

Contacté par les parents, le directeur général de l’Enseignement obligatoire a confirmé avoir reçu une plainte concernant les faits décrits. Ensuite, une procédure standard est mise en place, qui reste la même quel que soit le cas.

"Nous prenons d’abord contact avec les parents, puis avec le pouvoir organisateur de l’établissement pour recueillir les différentes versions des faits. En fonction des réponses obtenues, nous pourrions proposer l’intervention de nos équipes pour résoudre la crise au sein de l’établissement et suggérer des solutions", explique Fabrice Aerts-Bancken, directeur général de l’Enseignement obligatoire.

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En revanche, si le pouvoir organisateur ne prend pas la mesure de l’événement, d’autres mesures doivent être prises. "Nous pouvons alors décider d’envoyer des inspecteurs sur place pour vérifier la situation de manière objective, car il est crucial de s’assurer de l’exactitude des faits rapportés", détaille-t-il.

Ne minimisant pas les faits ni les cas, le directeur tient tout de même à rassurer : de telles plaintes ne sont pas fréquentes. "Dieu merci, d’ailleurs", s’exclame-t-il. "Il peut arriver qu’un professeur ne fonctionne pas correctement et nécessite notre intervention, mais parfois, ces plaintes peuvent également être exagérées par les parents", nuance-t-il. "Nous ne sanctionnons pas uniquement sur la base de la version des parents".

Que faire si les plaintes sont avérées ? 

Si les plaintes ne sont donc pas nombreuses et parfois exagérées, lorsqu’il s’agit d’une plainte fondée, l’Enseignement obligatoire se réserve le droit d’agir. "L’employeur doit d’abord prendre ses responsabilités si un employé dysfonctionne. S’il ne le fait pas de lui-même, alors nous pouvons solliciter qu’il agisse".
 

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