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Gabriel et Elisa nous ont contactés via le bouton orange Alertez-nous. Ils s'inquiètent du bon fonctionnement de leur sandwicherie dans une galerie commerciale qui dépérit. Pourtant très bien situé dans le centre de Bruxelles, l'endroit se vide d'année en année. Comment expliquer ce phénomène? Ces lieux ont-ils encore de l'avenir?
"Au niveau financier, on est à la limite. C'est de la survie", avoue Gabriel, co-gérant d'une sandwicherie située dans la galerie commerciale Porte Louise. Si cette galerie est idéalement située dans le centre de Bruxelles, force est de constater qu'elle est complètement désertée par les commerçants.
"Il est 15h30 et il n'y a personne", constate Elisa, co-gérante, dépitée. Ces frère et sœur se sont installés dans la galerie il y a 15 ans et au fur et à mesure, ils ont vu la situation se dégrader: "Les enseignes ferment les unes après les autres."
Dès lors, ils s'inquiètent pour l'avenir de leur sandwicherie. "Il y a moins de flux. Heureusement, on a une clientèle fidèle qui vient mais ce n'est pas suffisant. Avant, on avait du passage, les samedis étaient les meilleures journées. Maintenant ça stagne. On est encore sous contrat mais…", explique Gabriel dubitatif.
Une concurrence impitoyable
La galerie Porte Louise n'est pas la seule qui traverse une période compliquée. Et pour cause, la concurrence est rude, explique Guénaël Devillet, directeur du SEGEFA (Service d'Étude en Géographie Économique Fondamentale et Appliquée).
"On a des galeries qui sont plus modernes, d'autres qui n'ont pas subi d'investissement récemment (…) comme on est dans un système de concurrence assez élevé, les galeries qui sont les moins bien aménagées, ou les plus anciennes, sont celles qui sont le plus délaissées. Donc, les chiffres d'affaires diminuent, les loyers ne sont plus payés et au fur et à mesure, on a des commerces qui quittent et ça ne se renouvelle pas", précise le spécialiste.
Il détaille les critères qui rendent une galerie attractive:
- La localisation géographique.
- La hauteur sous plafond. Les galeries plus modernes sont généralement plus hautes.
- La luminosité.
- Le passage. Si c'est un cul-de-sac, le client a du mal à aller jusqu'au fond, alors que si elle est traversante, il y aura des flux beaucoup plus naturels.
Notre interlocuteur ajoute qu'au-delà de ces critères, il y a une problématique plus vaste qui n'est pas uniquement liée aux galeries: "On a beaucoup de rues commerçantes qui subissent la même évolution".
Même chose pour les grands centres commerciaux situés en périphérie des villes: "Parfois ces parkings gratuits sont plus attractifs en fonction des profils de personnes, mais ce n'est pas une règle universelle parce qu'on en voit certaines qui sont aussi en train de diminuer."
Plus que la concurrence entre galeries, il y a "une saturation en matière de commerce de détail".
Prudence avant de signer un contrat
Nous avons rencontré Christophe Wambersie du Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI) qui met en garde les commerçants qui voudraient s'installer dans des galeries en difficulté: "Il faut s'assurer, avant de signer un contrat qui vous lie à un gestionnaire que le loyer soit raisonnable par rapport au flux de personnes qui passent devant la boutique, à l'attractivité. À partir du moment où vous avez 10, 20, 30, 40% de cellules vides, est-il encore raisonnable de la part du gestionnaire d'exiger encore le même loyer que si la galerie était pleine et entière?"
Les galeries commerçantes en centre-ville vouées à disparaître?
"Pas nécessairement", selon Christophe Wambersie: "Mais il est vrai qu'il faut un gestionnaire actif et proactif pour essayer d'avoir un certain nombre de locataires et une diversité de l'offre." Non plus pour Guénaël Devillet. Il estime que c'est la loi du plus fort: "Dans un contexte global de concurrence, les plus faibles coulent en premier."