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Près d'une entreprise wallonne sur deux (49%) indique qu'elle ne survivrait à un second confinement de six semaines identique à celui du printemps que si les pouvoirs publics mettent en place les mêmes mesures de soutien, fait savoir jeudi l'Union wallonne des entreprises (UWE). La reprise semble bien loin pour l'organisation.
L'UWE signale que déjà 14.000 emplois salariés ont disparu en Wallonie sur le 1e trimestre, selon les données de l'ONSS. "D'ici fin 2021, nous nous attendons à la disparition de 35.000 à 50.000 emplois". Les exportations ont diminué de 18,5%. Les employeurs wallons sont 13% à juger que leur faillite est probable ou très probable. L'activité des entreprises wallonnes a diminué en moyenne de 25%. Six pour cent d'entre elles estiment qu'un second confinement les pousseraient à mettre la clé sous le paillasson, même avec des aides.
La récession que nous vivons est la plus profonde depuis la seconde guerre mondiale
"Activité, investissement, embauche et exportations ont atteint leur niveau le plus bas depuis près de 20 ans", alerte l'UWE lors de la présentation de sa 37e étude conjoncturelle. En dehors de l'emploi, la situation est pire que ce qu'imaginaient les entrepreneurs wallons en mars pour tous ces indicateurs. La reprise partielle observée au 3e trimestre s'éloigne et l'UWE avertit qu'une crise à plusieurs chocs successifs se profile.
"La récession que nous vivons est la plus profonde depuis la seconde guerre mondiale", résume l'organisation. Elle évalue que le chiffre d'affaires des entreprises wallonnes chutera en moyenne de 11% pour 2021 par rapport à l'avant-crise. Pour expliquer cette diminution, 74% des entreprises évoquent l'absence de demande, 21% l'interdiction totale ou partielle d'activité et 18% le manque de personnel.
Pire que lors du confinement
Le taux d'absentéisme s'élève en effet à 7% dans les entreprises wallonnes en octobre, contre 4% en septembre. "La plus grande difficulté actuelle est d'avoir assez de personnel pour faire fonctionner les usines vu les quarantaines et écartements", témoigne un industriel à l'UWE. L'impact est particulièrement lourd pour les petites entreprises, qui composent 97% du tissu économique wallon, "fragile" face à la récession.
La baisse du chiffre d'affaires se chiffre au-delà de -40% pour les indépendants et à -30% pour les entreprises de moins de 10 personnes. "Les soutiens publics devront continuer pendant de longs mois", prédit l'administrateur délégué de l'UWE Olivier de Wasseige. Il estime que la situation est pire aujourd'hui que lors du confinement de mars. "Les carnets de commande étaient pleins au moment de rentrer dans la crise. Les entrepreneurs ont pu reprendre avec un carnet de commande différé, mais rempli. Aujourd'hui, la demande diminue et les commandes n'arrivent plus", explique-t-il; "Si l'aide ne vient pas avec des subsides, mais sous forme de prêts, on ne va faire que détériorer la situation des entrepreneurs en cumulant les dettes", insiste-t-il.
Pas de concession en matière de santé
Pouvoir tester à nouveau les personnes asymptomatiques est "urgent" pour l'UWE. Le nombre total de jours d'absences est près de 2,7 fois plus élevé si les asymptomatiques sont écartés plus longtemps parce que leur quarantaine est prolongée faute de test, calcule Olivier de Wasseige.
"Notre rôle n'est pas de nous prononcer sur le bienfondé d'un reconfinement, mais de faire prendre conscience de l'impact de ces mesures", ajoute-t-il. "La priorité reste la santé et de protéger le système de soins de santé", assure-t-il, enjoignant aux entreprises de respecter le télétravail et de tout faire pour maintenir leur activité et les emplois, sans faire la moindre concession en matière de santé.