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Signé Giltay: Macron laisse planer le doute sur l'utilisation des armes atomiques françaises

Jeudi soir, Emmanuel Macron s'est longuement expliqué à la télévision sur son attitude face à la Russie. Il est revenu sur ses propos concernant l'envoi de troupes au sol en Ukraine avec un leitmotiv. Il faut dire avec courage que nous sommes prêts à mettre les moyens pour que la Russie ne gagne pas. Emmanuel Macron a souvent l'impression qu'on trahit mal sa pensée. C'est pourquoi il préfère assurer le job lui-même, ce qu'il a fait jeudi soir.

En parlant dans les 20 heures de TF1 et de France 2, il était assuré de s'adresser directement à 15 ou 16 millions de Français. Alors il a martelé son message. D'abord rassurant. "Jamais nous ne mènerons d'offensive. Jamais nous ne prendrons l'initiative". Mais ensuite ferme concernant l'envoi de troupes au sol. Il a répété qu'il ne fallait s'imposer aucune limite, puisque la Russie, elle, n'en avait pas. "Nous ferons ce qui est nécessaire pour atteindre notre objectif. Parce que si la Russie venait à gagner, la vie des Français changerait. Nous n'aurions plus de sécurité en Europe". 

Il a repris alors la thèse selon laquelle la Russie ne s'arrêterait pas à cette victoire. Ce faisant, il rejoint les craintes des pays les plus à l'est de l'Union européenne. La Pologne, mais surtout les Pays Baltes, Lituanie, Lettonie, Estonie, ex-sujets de l'URSS. Il répète le vieil adage "si tu veux la paix, prépare la guerre". Réponse de Jean-Luc Mélenchon: "si tu veux la paix, prépare la paix".

L'opposition, de gauche comme de droite, a réagi très négativement aux propos présidentiels, qualifiés de belliqueux ou d'irresponsable, aussi bien à droite qu'à gauche. L'opposition accusant notamment le président d'avoir fait de la guerre un argument électoral.

Emmanuel Macron a un autre problème: l'Allemagne. Dès le 26 février, le chancelier Scholz s'est désolidarisé des propos du président français. Emmanuel Macron ira à Berlin dès aujourd'hui pour reprendre le dialogue. Le désaccord est profond. Pour les Allemands, sans le parapluie américain, point de salut. Alors qu'Emmanuel Macron défend le concept d'autonomie stratégique de l'Europe. C'est là toute la différence entre une puissance nucléaire et une autre qui ne l'est pas. Et là, il reste une ambiguïté. La France serait-elle prête à utiliser ses armes atomiques au-delà de sa propre défense ? Cette ambiguïté est voulue. Elle s'adresse directement à Vladimir Poutine. Macron laisse et laissera planer le doute. Car, comme disait le cardinal de Retz, on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment.

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