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Un rien peut faire du bien ou du mal
Regarde bien et vois ce que je ressens
Brigitte Janssen nous lit ce très court extrait de l'un de ces textes, avant de nous expliquer sa signification. "J'ai écrit ce texte-là parce que deux personnes se disputaient devant moi. C'était un tout jeune couple", nous confie-t-elle.
Sans-abri depuis près d'un an
Auparavant, Brigitte avait un appartement et un travail. Mais depuis octobre 2018, à 59 ans, elle vit à la gare des Guillemins. Plutôt que d'expliquer pourquoi sa vie a basculé, elle préfère écrire en s'inspirant de son quotidien. Par exemple ce sans-abri récemment mis à la porte de la gare alors qu'il faisait 40°C dehors.
Brigitte nous relit l'un de ses écrits:
L'oiseau sur sa branche est plus libre qu'un SDF
Chercher un peu d'ombre est devenu interdit
Mais bon, on va survivre…
Des cahiers, elle en a rempli des centaines depuis l'âge de sept ans, lorsque sa grand-mère la punissait pour avoir prononcé un mot de cinq lettres.
"Donc elle m'a appris à écrire MERDE, et il fallait que j'en fasse un texte. Mais comme elle n'aimait pas la fessée, c'était la façon de me punir, et j'ai gardé cette façon-là d'écrire mes textes", précise Brigitte.
Une rencontre qui lui fait prendre un nouveau tournant
Il y a quelques mois, un étudiant en mathématiques de 23 ans s'est arrêté pour lui parler. Une fois, deux fois… Zacharia a fini par photographier ses cahiers, retranscrire ses poèmes sur ordinateur, et les envoyer à une cinquantaine d'éditeurs.
Le résultat, le voici, il paraîtra le 20 septembre:
"Mon objectif à moi, maintenant, c'est qu'elle puisse s'en sortir grâce à ça. Qu'elle puisse en vendre assez que pour elle s'en sorte, et qu'elle puisse avoir un logement", explique Zacharia.
Et en exclusivité, Brigitte nous offre un dernier poème, écrit durant notre reportage. Il s'appelle "Caméra".
Cela a débuté comme un jeu, avec mon ami Zacharia
Maintenant je ne joue plus
Eh oui, j'espère ouvrir les yeux
Rêve et bonheur pour tous
Alors là je serai heureuse