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Dans la prison de Haren, les détenus semblent avoir pris le contrôle de l’établissement. Alors que la prison manque de personnel, des vidéos montrant des scènes incroyables font le tour des réseaux sociaux. Un ancien prisonnier a accepté de témoigner et de nous livrer ses conditions de détention. Il parle d’insécurité, de violence et d’agents pénitentiaires trop jeunes et peu formés.
Boufix, c'est son pseudonyme, a passé huit mois dans la prison de Haren. Il nous a contactés pour dénoncer ce qu'il a vu lorsqu'il était incarcéré. "On peut voir, de l'extérieur, que la prison est nouvelle, mais ce n'est pas la réalité à l'intérieur", assure l'ancien détenu.
L'homme de 31 ans raconte avoir assisté à des suicides ou tentatives de suicide de détenus. "Un détenu s'est jeté du troisième étage. J'étais dans ma cellule ce jour-là, je n'étais pas présent, mais j'ai entendu les bruits, les gens crier. Le sang sur le sol, je l'ai vu par après aussi", témoigne Boufix. "J'ai vu des détenus qui se coupent beaucoup les bras avec des lames de Gillette. Ça me choquait énormément parce qu'il y a des détenus qui ont des balafres partout sur le corps."
La prison de Haren a été inaugurée il y a à peine deux ans. L'ancien détenu évoque un manque criant de personnel et leur absence de formation. "Il n'y a pas de personnel pour vous ramener au Palais. Combien de fois on ne m'a pas ramené au Palais de Justice, parce qu'il n'y avait pas de personnel? Alors, je rate mon audience et je suis reporté à deux mois de prison."
Le personnel sur place n'est pas qualifié et n'est pas suffisant
Une situation que confirment plusieurs syndicats. "Le personnel sur place n'est pas qualifié et n'est pas suffisant. Cela engendre des tensions", nous répond Stéphane Deldicque, président à la CSC Services publics.
Pour le directeur de la prison de Haren, les problèmes ne sont pas si graves. Pour Juren Van Poecke, la situation catastrophique, "ce n'est pas vrai": "Nous avons connu une ouverture un peu forcée, mais on se met en place tout doucement et ça prend du temps", justifie le directeur.
Selon notre témoin, les personnes malades seraient maltraitées. Il explique que les détenus ayant des problèmes psychiatriques ou de santé ne reçoivent pas les soins adéquats : "On a un système pour appeler les agents dans la cellule, une sonnette. Mais je vous le jure, quand on appuie, ils ne viennent jamais. Récemment, j'ai été admis comme quoi je suis diabétique, de type 2. Et là, je ne comprends plus rien. Quand on appelle les agents pour qu'ils viennent pour n'importe quoi, quand on était malade, quand on n'était pas bien, quand on a besoin d'un soin... Ils ne viennent pas. Des fois, ils viennent après 2 heures, 3 heures.", raconte-t-il.
Boufix livre son témoignage dans l'espoir de voir les choses s'améliorer pour les détenus et les gardiens de la prison de Haren.