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"Les PFAS sont surtout issus du poisson, des fruits et de la viande": Nicolas nous envoie des chiffres surprenants, nous les avons vérifiés

Via le bouton orange Alertez-nous, un Wallon estime que nous parlons trop de la présence des PFAS dans l'eau que nous consommons, alors que nous y sommes davantage exposés à cause de la consommation "de poisson, des fruits, de la viande et des oeufs". Chiffres à l'appui. Mais est-ce véridique ?

Nicolas nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour nous faire part d'une réflexion intéressante : selon une étude du Bureau Européen de l'Environnement d'octobre 2023, l'eau potable ne représente que 4,4% de l'exposition totale liée à l'alimentation. Le poisson et les crustacés représenteraient à eux-seuls 46,9%  de notre exposition totale. Les fruits et leurs dérivés totalisent 16,7%, la viande et ses dérivés 12,1%, tandis que les oeufs et leurs dérivés atteignent 7,9% de notre exposition totale aux PFAS.

Nous avons voulu vérifier ces chiffres avancés par Nicolas. Effectivement, selon l'étude "Policy Briefing : Toxic tide rising : time to tackle PFAS. National approaches to address PFAS in drinking water across Europe", du Bureau Européen de l'Environnement (BEE), l'eau représente une part beaucoup plus faible de l'exposition aux PFAS par rapport à d'autres sources alimentaires.

Une étude crédible ?

Le BEE est le plus grand réseau d'organisations citoyennes environnementales en Europe. Il collabore avec des scientifiques, des agences environnementales et des institutions européennes pour produire des analyses fondées sur des données vérifiables. Les chiffres qu'il rapporte correspondent en réalité à ceux de l'EFSA, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), un pilier scientifique de la sécurité alimentaire en Europe.

Mais doit-on davantage craindre les PFAS dans la nourriture solide, comme la viande, le poisson ou les fruits ? Nicolas suggère que les efforts politiques et médiatiques devraient peut-être se concentrer davantage sur ces sources alimentaires.

L'avis de Sciensano

Pour y voir plus clair, nous avons interrogé Nadia Waegeneers, scientifique de Sciensano, l'institut belge de santé publique. Elle nous partage les résultats d'une de leurs études récentes: "Dans ce projet, l'exposition alimentaire de la population belge aux PFAS a été évaluée, suivie d’une évaluation des risques", explique-t-elle. Ses conclusions sont rassurantes dans l'ensemble : "Bien que les PFAS soient omniprésents dans les aliments, un seul échantillon sur 283 échantillons d'aliments du marché, dépassait les niveaux maximaux fixés par le règlement (UE) 2023/915."

Elle ajoute que "si l'on considère l'exposition alimentaire (y compris l'eau de boisson) pour la somme des 4 PFAS (PFOS, PFOA, PFHxS et PFNA) pour lesquels EFSA a établi une dose hebdomadaire tolérable, aucun problème de santé n'est à prévoir pour la population belge."

Les aliments qui contribuent le plus à l'exposition...

Cependant, elle apporte une nuance importante quant aux sources d'exposition. "Les aliments qui contribuent le plus à l’exposition à la somme des 4 PFAS sont la viande (16-20%), les crevettes (10-15%) et l’eau du robinet (15-21%)." Des chiffres bien différents de ceux avancés par Nicolas, et l'EFSA.

Nadia Waegeneers précise que les chiffres du Bureau européen de l'environnement, cités par Nicolas, "proviennent de l’évaluation fait par l’EFSA en 2020. Ils sont basés sur l’ensemble des résultats de surveillance d’échantillons d’aliments et d’eau potable provenant de 16 pays de l’UE. Les données sur la présence de PFAS dans les aliments utilisées par l’EFSA n’étaient donc pas spécifiques à la Belgique."

Elle souligne que les estimations de Sciensano, "qui sont inférieures à celles de l’EFSA, peuvent s’expliquer par l’utilisation des données les plus récentes sur la présence de PFAS dans les aliments, qui ont été obtenues à l’aide de méthodes d’analyse plus sensibles et qui sont spécifiques à la Belgique. De plus, nous avons utilisé des données de consommation alimentaire plus récentes (de 2014 au lieu de 2004)."

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La photo que Nicolas nous a envoyée concernant les voies d'expositions aux PFAS.

Un seuil à ne pas dépasser

La chose importante à retenir, est que même si l'exposition est plus importante, tant que les concentrations de PFAS ne dépassent pas un seuil, il n'y a pas d'inquiétude à avoir. La scientifique de Sciensano rappelle qu'il existe "une dose hebdomadaire tolérable pour la somme des 4 PFAS (« TWI », Tolerable Weekly Intake)". Elle explique : "Lorsque l’exposition est inférieure à cette valeur, il n’y a pas de risque pour la santé. Si l’exposition est supérieure à cette valeur, il n’y a pas nécessairement de risque pour la santé, mais un risque ne peut pas non plus être exclu. Plus l’exposition est élevée au-dessus de cette valeur, plus la probabilité de risques pour la santé est élevée."

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