Partager:
La liste de Fouad Ahidar, arrivée deuxième chez les électeurs flamands à Bruxelles, suscite des questions sur son succès et l'impact sur la formation d'un gouvernement régional. Les alliances politiques se retrouvent divisées face à cette personnalité controversée.
À la région bruxelloise, les négociations pour former un gouvernement s'annoncent encore plus compliquées. Le chef de file des libéraux flamands a exclu toute alliance avec Fouad Ahidar malgré le succès de sa liste indépendante qui a créé la surprise en arrivant à la deuxième place chez les électeurs flamands à Bruxelles.
On veut refuser des gens capables parce qu'ils portent le voile.
Avec une liste qui porte son nom comme un étendard, Fouad Ahidar a réussi à décrocher trois élus au parlement bruxellois, un tiers du groupe linguistique néerlandophone. Son succès s'explique par son réseau d'influence et ses prises de position sur des sujets tels que l'abattage rituel et le voile. Il explique : "On a le droit de croire ou de ne pas croire. Mais tant qu'il n'est pas interdit ou qu'on peut changer les donnes, on poussera à ça, point à la ligne". Il ajoute : "On a des gens qui sont capables, on veut le refuser parce qu'ils portent un foulard, c'est quand même quelque chose qui est illogique".
Des jeunes filles éduquées, qui ont le sentiment d'être mises sur la touche.
En capitalisant sur les réseaux sociaux et les questions identitaires, notamment, le voile, Fouad Ahidar a su séduire un électorat très spécifique. "Des jeunes filles éduquées parfois, qui ont le sentiment d'être mises sur la touche, sont aujourd'hui un électorat assez large et prescripteur qui a une influence sur les réseaux de pairs", explique Hassan Bousetta, politologue à l'Université de Liège.
Ses positions polémiques
Le report de nombreuses voix francophones dans son collège électoral explique en partie son succès. Toutefois, il n'est pas assuré que des partis souhaitent s'allier avec lui, notamment suite à ses déclarations sur l'attaque du 7 octobre en Israël : "De quel droit est-ce qu'on peut se permettre de me dire que je suis un antisémite ? Mais au contraire, j'ai eu de la colère sur ce qui se passe en Palestine, ce qui se passe en Israël. Il y a des choses qui ne fonctionnent pas. Et j'ai dit effectivement, si on a confondu mes mots ou si on a mal compris, je me suis excusé. Je ne vais pas le répéter 100 fois".
Il déclarait récemment dans une interview qu'il ne fallait pas nécessairement séparer la religion et la politique. "Mais si on ne sépare pas la religion et la politique, alors c'est la porte ouverte à toutes les expressions identitaires, y compris les risques de dérive", précise Hassan Bousetta, politologue à l'Université de Liège.
Conscient de son poids électoral, Fouad Ahidar compte désormais lancer des listes aux élections communales.