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Ne collecter les poubelles de déchets résiduels qu'une fois toutes les deux semaines, la mesure agace certains habitants du Brabant Wallon. Elle est pourtant bénéfique à plusieurs niveaux, comme l'expliquent les autorités.
Certaines communes du Brabant Wallon ont diminué le nombre de passages de collecte des déchets résiduels et PMC. Si avant la collecte avait lieu toutes les semaines, cela ne se fait plus que toutes les deux semaines désormais. Une mesure qui se fait ressentir dans la population. À Wavre, la capitale de la province, les habitants que nous avons rencontrés sont du même avis : "Je ne trouve pas ça très intelligent. Une fois par semaine, c'est déjà pas mal quand même", assène une passante. "Ça dépend de la discipline des gens", tempère un autre passant. "Mais nous sommes de moins en moins disciplinés donc ça fera peut-être bien des soucis, oui", ajoute-t-il.
Charlotte et son compagnon, eux, remplissent une poubelle par semaine en moyenne. Depuis l'entrée en vigueur de la mesure, le couple se trouve obligé de stocker une poubelle dans la petite cour de leur appartement. "J'ai la chance d'avoir ça, mais les personnes qui n'ont rien, je comprends qu'ils ne soient pas d'accord et qu'ils soient dans l'embarras. Il faudrait passer une fois par semaine", estime cette jeune maman.
Ces coûts doivent être répercutés d'une manière ou d'une autre sur les citoyens
La première raison de cette décision est environnementale. Seuls les déchets organiques sont encore collectés toutes les semaines. Le but de la mesure est ainsi de pousser les ménages à mieux trier leurs déchets. "La population avait du mal à sortir ses déchets alimentaires et organiques du sac blanc", précise Laurent Mafa, le directeur du département déchets de l'in BW. "Le fait de passer toutes les deux semaines pour le résiduel et toutes les semaines pour l'organique, ça pousse la population à sortir les biodéchets du sac blanc pour les mettre dans le sac vert".
Le projet de diminuer la fréquence de la collecte a été lancé en janvier 2023 dans quatre communes pilotes (Chastre, Lasne, La Hulpe et Court-Saint-Étienne). Après des résultats concluants, le projet s'étend désormais de plus en plus dans la province. "Vingt-quatre communes ont démarré avec ce système-là. On a quadruplé voire quintuplé les quantités de déchets organiques collectés et surtout les ordures ménagères résiduelles ont diminué de 20 à 25 %", ajoute Laurent Mafa.
L'objectif affiché des autorités est ainsi de passer de 140 kg de déchets résiduels par an et par personne à 90 kg.
Une autre raison est économique. Les frais de fonctionnement ont augmenté de 80 % ces derniers mois, "notamment à cause des coûts de l'énergie et de l'indexation des salaires", détaille Paul Brasseur, l'échevin de la Propreté publique de la ville de Wavre. Une hausse qu'il fallait compenser. "Ces coûts doivent être répercutés d'une manière ou d'une autre sur les citoyens. C'est une règle wallonne qui s'applique et qui nous oblige à répercuter ces coûts". La ville a alors trouvé une alternative : "Pour ne pas le faire, on diminue la collecte".
Pas de fréquence minimum imposée
Chaque commune est responsable de la collecte de ses déchets. Elle s'adapte donc en fonction de sa situation propre. La seule règle à respecter est d'assurer la salubrité publique. Chargée de projet à la Copidec (la Fédération des sept opérateurs du secteur public de gestion des déchets en Wallonie), Carole de Fays explique que "le service minimum, tel que défini par la Région Wallonne, impose de permettre au citoyen de se défaire de ses déchets. Cela comprend l'accès à un recypark et l'organisation d'une collecte, mais sans en définir les modalités ou une fréquence minimum de collecte". Dans la théorie, une commune pourrait donc organiser sa collecte une fois tous les deux mois, si la salubrité publique reste assurée.
Parallèlement, des communes développent un système de points d'apport volontaire. À Grez-Doiceau, par exemple, depuis le 1er avril, un de ces points d'apport est accessible. Deux conteneurs permettent de déposer les déchets organiques et les déchets résiduels 7 jours sur 7, entre 7h et 22h.
Indispensable pour les générations futures
À Wavre, l'échevin de la Propreté publique, Paul Brasseur, ne craint pas que cette nouvelle mesure soit réellement contraignante pour les habitants. "[Une fois toutes les deux semaines], c'est largement suffisant. L'expérience montre que ça fonctionne très bien dans les autres communes, et ce, parfois depuis plusieurs années. C'est une question d'organisation et de conscientisation. Il y a parfois des situations difficiles, mais petit à petit, les choses se mettent en place".
"Il n'y a pas que la collecte des déchets, il y a également les recyparks, la multiplication des filières de tri. Plus on trie et plus cela coûte cher, mais c'est nécessaire. Nous avons un impact environnemental non-négligeable qui est indispensable pour les générations futures", conclut l'élu local.