Partager:
Les accusées du commando jihadiste de Notre-Dame, jugées pour des projets d'attentats en 2016, ont confié lundi leur "honte" devant la cour d'assises spéciale de Paris, assurant au dernier jour de leur procès avoir eu "le pire des comportements".
"J'ai vraiment honte d'être ici aujourd'hui. C'est une humiliation pour mes proches et c'est une humiliation pour moi aussi", a déclaré Inès Madani, pull gris et cheveux ramassés en chignon, avant que les magistrats ne se retirent pour délibérer.
"Je considère que j'ai eu le pire des comportements (...) Je n'avais que des projets de mort à l'époque. Aujourd'hui, j'ai des projets de vie", a assuré la jeune femme, indiquant avoir engagé en prison un "travail" approfondi pour "évoluer".
"Je demande pardon et je demanderai pardon toute ma vie à tous ceux qui ont été victimes du terrorisme", a abondé très émue Ornella Gilligmann, confiant elle aussi sa "honte", notamment vis-à-vis de ses enfants et de son mari.
Agées de 22 à 42 ans, les accusées, devenues le "visage du jihad au féminin", sont soupçonnées d'avoir voulu lancer en septembre 2016 des attaques terroristes en suivant les consignes de Rachid Kassim, propagandiste du groupe État islamique.
Deux d'entre elles, Inès Madani et Ornella Gilligmann, avaient tenté de faire exploser une voiture remplie de bonbonnes de gaz, dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, près de Notre-Dame de Paris. Seule une erreur de carburant avait permis d'empêcher l'explosion.
Dans sa plaidoirie, l'un des avocats d'Inès Madani, Me Laurent Pasquet-Marinacce, a insisté lundi matin sur l'"extrême impréparation" ayant caractérisé les projets de sa cliente, qui se trouvait dans une logique "désespérée" de "suicide".
Les accusées ont fait preuve d'une "improvisation constante", "aux antipodes de ce qu'on a parfois décrit", a expliqué l'avocat, en appelant la cour à prendre en compte la personnalité fragile de l'accusée, âgée de 19 ans à l'époque des faits.
Inès Madani "a fait un travail d'introspection qui est assez avancé, ce qui est rare", a insisté son deuxième avocat, Me Hugues Diaz. Sa peine doit "lui permettre d'écrire quelques lignes dans sa vie d'adulte".
Dans leurs réquisitions, les avocats généraux ont réclamé 25 et 30 ans de réclusion pour Ornella Gilligmann et Inès Madani. Vingt ans ont été requis contre deux autres accusées, Sarah Hervouët et Amel Sakaou, qui a refusé d'assister au procès depuis son ouverture.
Le verdict est attendu lundi soir.