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Pression de l'armée russe sur Kiev et l'est de l'Ukraine, appel américain à une diplomatie "sérieuse"

Les forces russes augmentaient la pression vendredi sur Kiev et l'est de l'Ukraine, où la grande ville de Dnipro a à son tour été prise pour cible, les Etats-Unis déplorant que Vladimir Poutine ne s'engage pas dans "une diplomatie sérieuse".

La capitale ukrainienne ainsi que Marioupol, sur la mer d'Azov, Kryvy Rig, Kremenchug, Nikopol et Zaporijie sont les principales zones où les Russes concentrent toujours leurs efforts, a déclaré l'armée ukrainienne dans un communiqué.

"Incapable d'obtenir un succès, l'ennemi continue ses attaques à l'aide de missiles et de bombes sur les villes situées profondément dans le territoire de l'Ukraine, Dnipro, Lutsk et Ivano-Frankivsk", a-t-elle ajouté.

Marioupol, un port stratégique assiégé depuis une douzaine de jours et constamment bombardé par les Russes, est dans une situation "quasi désespérée", a alerté l'ONG Médecins sans frontières (MSF): "Des centaines de milliers de personnes" y vivent sans eau, sans chauffage et, selon un bilan officiel, il y a déjà eu 1.582 morts.

Des corps y sont abandonnés dans les rues, une immense fosse commune a été creusée pour les autres. Ces derniers jours, on voyait des gens se battre pour de la nourriture.

Dans une vidéo diffusée samedi sur Telegram, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est tourné vers les mères de soldats russes, les exhortant à empêcher que leurs fils soient envoyés à la "guerre" en Ukraine.

"Je veux le dire encore une fois aux mères russes. Particulièrement, aux mères de conscrits. N'envoyez pas vos enfants à la guerre dans un pays étranger", a déclaré M. Zelensky.

- Dnipro bombardée -

Sur le terrain, la guerre a déjà poussé plus de 2,5 millions de personnes à se réfugier à l'étranger, majoritairement en Pologne, et environ deux millions ont été déplacées en Ukraine même, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Jusqu'ici épargnée par la progression des soldats russes, Dnipro, une cité industrielle d'un million d'habitants arrosée par le Dniepr, le fleuve qui marque la séparation entre l'est en partie prorusse de l'Ukraine et le reste de son territoire, a été visée par des raids qui ont fait au moins un mort.

"Il y a eu trois frappes aériennes sur la ville, sur un jardin d'enfants, un immeuble d'habitations et une usine de chaussures (...) où un incendie s'est ensuite déclaré", ont raconté les services d'urgence ukrainiens.

On pouvait voir sur des images vidéo des sapeurs-pompiers éteindre des flammes dans des ruines fumantes. Certains bâtiments n'étaient plus qu'un amas de poutres et de structures métalliques tordues.

Après un hôpital pédiatrique mercredi à Marioupol, un établissement pour personnes handicapées près de Kharkiv a été touché vendredi, mais aucune victime n'était cette fois à déplorer.

Dima Kassianov, un garçon de huit ans, a eu moins de chance: hospitalisé après avoir été blessé à la tête par un éclat du missile russe qui a détruit l'appartement où il vivait dans cette agglomération du nord-est, il est allongé, inconscient, sur un lit, un oeil recouvert d'un pansement.

"Cibler des civils, des hôpitaux, des écoles est inexcusable" et les auteurs de ces actes "devront rendre des comptes", a mis en garde vendredi l'ONU à l'occasion d'une réunion de son Conseil de sécurité.

- Kiev se prépare -

Quatre soldats ukrainiens ont par ailleurs été tués et six blessés dans le bombardement de l'aéroport militaire de Lutsk, dans le nord-ouest de l'Ukraine. Celui d'Ivano-Frankivsk, dans l'extrême ouest, a aussi été visé.

Ces bases ont été "mises hors service", a affirmé le ministère russe de la Défense.

Des raids aériens nocturnes ont également eu lieu au-dessus des villes de Tchernihiv (nord) et de Soumy (nord-est).

A la morgue de Mykolaïv, une cité des bords de la mer Noire soumise au feu russe depuis des jours, les cadavres s'entassent à même le sol et dans la cour, a constaté l'AFP.

"Nous avons repoussé l'ennemi hors des limites de notre ville", a assuré le gouverneur de la région Vitaly Kim.

Les Russes continuent parallèlement leur manœuvre d'encerclement de Kiev. Après avoir atteint ses faubourgs, ils cherchent à éliminer les défenses dans plusieurs localités à l'ouest et au nord de la capitale pour la "bloquer", a déclaré l'état-major ukrainien.

"Kiev est un symbole de la résistance" qui se prépare à une "défense acharnée", a proclamé dans une vidéo Mykhailo Podolyak, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Près de 20.000 personnes ont déjà évacuées mercredi et jeudi de la capitale et de ses environs, quelque 100.000 au total ces deux jours de l'ensemble des zones en proie aux combats en Ukraine.

Dans le sud occupé par les troupes de Moscou, le maire de Melitopol a été enlevé vendredi par des soldats russes.

"Il s'agit de toute évidence d'un signe de faiblesse des envahisseurs (...) Ils sont passés à un nouveau stade de terreur dans lequel ils essaient d'éliminer physiquement les représentants des autorités ukrainiennes locales légitimes", a souligné le président Zelensky.

- Envoi de combattants "volontaires" -

"L'ennemi n'a obtenu aucun succès significatif ces dernières 24 heures, il a été stoppé dans presque toute les directions par nos missiles, nos frappes aériennes et terrestres", a affirmé Oleksiy Arestovytch, un autre conseiller de M. Zelensky.

Un ralentissement de la progression des soldats russes que constatent aussi des sources militaires occidentales, tandis que le président Vladimir Poutine a donné son feu vert à l'envoi de combattants "volontaires", notamment en provenance de Syrie.

"C'est une guerre avec un ennemi très têtu (...) qui a décidé d'embaucher des mercenaires contre nos citoyens. Des assassins de Syrie, d'un pays où tout a été détruit par les occupants, comme ils nous le font subir à nous", a réagi le chef de l'Etat ukrainien.

Le maître du Kremlin a de plus demandé à son ministre de la Défense Sergueï Choïgou de lui proposer des redéploiements militaires à la frontière occidentale de la Russie, en réponse à ceux de l'Otan en Europe orientale.

- "Secteurs phares de l'économie russe" -

Sur le front des sanctions, la pression s'intensifie aussi.

Tout en se disant soucieux d'éviter une "confrontation directe" entre l'Alliance atlantique et la Russie, car elle provoquerait "la Troisième Guerre mondiale", Joe Biden, de concert avec l'Union européenne, s'est montré vendredi désireux de mettre la Russie au ban du commerce international.

Le président américain a en particulier décrété l'interdiction d'importations de "secteurs phares de l'économie russe" comme "les produits de la mer, la vodka et les diamants".

Dans la foulée, les Etats-Unis et l'UE ont banni les exportations en Russie des objets de luxe.

Le G7 a toutefois exhorté la communauté internationale à éviter toute mesure limitant les exportations de denrées alimentaires. Le risque étant, a mis en garde l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), que huit à 13 millions de personnes supplémentaires souffrent de sous-nutrition dans le monde.

La vice-présidente américaine Kamala Harris, en visite en Roumanie, a regretté que le chef de l'Etat russe "ne montre aucun signe d'engagement dans une diplomatie sérieuse", son "comportement atroce et scandaleux" requérant d'"autres mesures".

"Si (le président russe Vladimir) Poutine intensifie les bombardements, fait le siège de Kiev (...), nous savons que nous devrons prendre encore des sanctions massives", a martelé le président français Emmanuel Macron à l'issue d'une réunion près de Paris avec les autres dirigeants européens.

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