Accueil Actu Monde International

Poursuite des combats dans une région russe en proie à une incursion ukrainienne

9cd1e325d263a01870357cda590c7b72b5412ef5
Andreas SOLARO

Les combats se poursuivent mercredi dans la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, théâtre depuis la veille d'une incursion de troupes ukrainiennes, qui a entraîné l'évacuation de milliers de personnes des deux côtés de la frontière.

Selon Moscou, les forces ukrainiennes ont pénétré mardi dans cette région avec jusqu'à un millier de soldats et des dizaines de chars et de blindés. Kiev a, jusqu'à présent, gardé en grande partie le silence sur cette opération.

Le président Vladimir Poutine a dénoncé une "provocation à grande échelle", accusant les troupes ukrainiennes de "tirer de manière aveugle avec différents types d'armes, y compris des roquettes, sur des bâtiments civils, des habitations et des ambulances".

Le chef d'état-major de l'armée russe Valéri Guérassimov a, quant à lui, assuré à M. Poutine que "l'avancée de l'ennemi en profondeur dans le territoire a(vait) été stoppée par des frappes de l'aviation et de l'artillerie", selon une séquence retransmise à la télévision.

922b58d7f923e325f5db3e33b07294e237a9635f
MOHAMMED ABED

Mais le gouverneur local a instauré mercredi soir l'état d'urgence dans la région, en indiquant que la situation opérationnelle restait "difficile dans les zones frontalières".

La Maison Blanche a déclaré qu'elle contactait Kiev afin d'en savoir plus sur les "objectifs" de cette incursion.

Un porte-parole de la diplomatie américaine, Matthew Miller, réagissant aux propos de Vladimir Poutine, a lui estimé "un peu fort d'appeler cela une provocation étant donné que la Russie a violé l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine".

L'ampleur des avancées ukrainiennes n'est pas claire. Selon la chaîne Telegram Rybar, proche de l'armée russe, les militaires ukrainiens se sont emparés de plusieurs villages et auraient atteint le sud de Soudja, une ville de 5.500 habitants située à environ 10 kilomètres de la frontière.

Un prêtre vivant dans cette ville, Evguéni Chestopalov, a affirmé dans une vidéo diffusée par des médias russes que Soudja était "en flammes" et que des habitants s'étaient réfugiés dans son église. Une télévision locale a publié des images montrant des bâtiments détruits, des débris et des cratères d'obus dans le centre de la ville.

La garde nationale russe a par ailleurs annoncé avoir renforcé la protection de la centrale nucléaire de Koursk, située à une soixantaine de kilomètres de l'Ukraine.

- Des milliers d'évacués -

Les affrontements et les bombardements ont suscité des évacuations de civils des deux côtés de la frontière.

En Russie, les autorités ont annoncé que "plusieurs milliers" de personnes avaient quitté les zones frontalières, où au moins cinq civils ont trouvé la mort et 28 ont été blessés, dont des enfants.

En Ukraine, dans la région de Soumy, qui fait face à celle de Koursk, les autorités ont ordonné "l'évacuation obligatoire" de 23 localités, une mesure qui concerne environ 6.000 personnes, dont 425 enfants, selon le gouverneur Volodymyr Artioukh.

Les autorités ukrainiennes observent depuis mardi un silence quasi total sur la situation. Plusieurs hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP se sont refusés à tout commentaire.

Mercredi soir, dans son discours quotidien, le président Volodymyr Zelensky a félicité la "bravoure" des forces ukrainiennes, sans référence explicite à l'incursion. "Plus nous mettons la pression sur la Russie (...) plus nous nous rapprocherons de la paix", a-t-il ajouté.

- Incursions répétées -

dfd458940bd29df162eee6e654f542de8fa0b2eb
Munir UZ ZAMAN

Un expert militaire ukrainien, Serguiï Zgourets, a estimé que l'armée ukrainienne semblait via cette incursion chercher à détourner les forces russes d'autres secteurs du front, où elles poussent depuis plusieurs mois.

"Je pense que l'un des objectifs (de Kiev) est de retirer les réserves (russes), de simplifier les actions de nos militaires dans le secteur de Kharkiv (nord-est) et peut-être dans d'autres régions", a-t-il déclaré à l'AFP.

La géographie de cette zone en Russie permet de "mener de façon efficace ce type d'actions dissuasives contre l'ennemi avec un dispositif réduit et c'est ce que fait probablement l'armée ukrainienne", a ajouté M. Zgourets.

Sans faire de lien avec l'incursion, une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU) a revendiqué auprès de l'AFP la destruction en vol par un drone de petit gabarit d'un hélicoptère russe Mi-28, ce qui serait une "première dans l'histoire de la guerre".

d6ee649020317174ef3779e6f22b4b6eda0cae82
BENJAMIN CREMEL

Plusieurs incursions ukrainiennes en Russie, notamment dans les régions de Belgorod et Koursk, ont eu lieu depuis le début de l'attaque massive contre l'Ukraine en février 2022.

L'armée russe a affirmé les avoir repoussées mais certaines d'entre elles l'ont conduite à recourir à l'artillerie et à l'aviation, comme cela est le cas pour celle entamée mardi.

Cette opération a lieu tandis que les soldats russes gagnent progressivement du terrain dans l'est de l'Ukraine depuis des mois, face à une armée ukrainienne en manque de nouvelles recrues et de munitions.

À lire aussi

Sélectionné pour vous