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L'Iran a lancé une offensive majeure contre Israël en tirant près de 180 missiles, une riposte directe aux assassinats de responsables du Hamas et du Hezbollah. Cet acte marque une escalade significative dans les tensions régionales et pose la question d'une déflagration plus large au Moyen-Orient. Réponses avec Raoul Delcorde, ambassadeur honoraire de Belgique et spécialiste des relations internationales.
L'escalade des tensions entre l'Iran et Israël a pris un tournant violent. Mardi soir, Téhéran a lancé une attaque d'envergure contre l'État hébreu, tirant environ 180 missiles en direction du territoire israélien. Selon l'armée israélienne, ces frappes ciblent principalement des bases militaires autour de Tel-Aviv.
L'attaque, revendiquée par les Gardiens de la révolution, est décrite comme une riposte aux assassinats du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et de Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah, tués dans des frappes israéliennes.
Des représailles attendues
D'après Raoul Delcorde, ambassadeur honoraire de Belgique et spécialiste des relations internationales, cette attaque de l'Iran était inévitable. "Il en allait de sa crédibilité vis-à-vis de ses alliés régionaux, comme le Hezbollah, qui avait été militairement décapité. Il fallait donc une réaction d'une certaine amplitude."
Delcorde souligne que cette attaque balistique, bien plus que les simples frappes de drones observées jusqu'ici, marque un tournant dans la stratégie iranienne.
Cette offensive confirme également une nouvelle doctrine exposée par un haut gradé iranien après l'assassinat du général Zahedi en avril dernier : "Si le régime sioniste attaque, il sera contre-attaqué depuis l'Iran." Cette déclaration semble aujourd'hui plus que jamais mise en application.
Le risque d'une escalade régionale
Raoul Delcorde reste toutefois prudent sur l'extension du conflit à d'autres acteurs de la région. "Je ne pense pas qu'il y aura d'autres États de la région qui vont directement s'impliquer dans cette confrontation entre Israël et l'Iran", estime-t-il.
Il explique que, pour Israël, l'objectif principal est clair : éliminer la menace iranienne. Cependant, "une partie importante de la population iranienne est opposée à toute implication directe du pays dans ce conflit", ce qui pourrait limiter la durée et l'intensité de l'engagement iranien.
L'ombre de l'arme nucléaire
En ce qui concerne la question nucléaire, l'Iran ne dispose pas encore de l'arme atomique, mais il s'en approche. "L'Iran est très proche de la maîtrise du processus de fabrication d'un missile balistique à charge nucléaire, mais pour le moment, il ne dispose pas de cette arme", précise Delcorde.
Cette absence de capacité nucléaire modifie encore les calculs stratégiques dans la région : "Tout État qui s'attaquerait à un État possédant l'arme nucléaire risquerait évidemment les représailles d'une ampleur considérable, éventuellement de nature nucléaire".
Une question demeure : Israël prendra-t-il l'initiative de détruire les installations nucléaires iraniennes, comme l'ont déjà envisagé les dirigeants israéliens ?
Une paix durable reste incertaine
Même si Israël parvient à atteindre ses objectifs militaires contre le Hamas et le Hezbollah, la fin du conflit semble lointaine. Selon Raoul Delcorde, la sécurité d'Israël dépend d'abord de l'affaiblissement de l'axe de la résistance, soutenu par l'Iran.
Cependant, le problème fondamental reste non résolu : la création d'un État palestinien viable. "Tant que cette question palestinienne ne sera pas réglée de manière à permettre au peuple palestinien de vivre en sécurité sur son territoire, l'insécurité dans la région ne fera que s'accentuer."