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La paix avec l'Azerbaïdjan est "à portée de main": le Premier ministre arménien a profité de la tribune de l'ONU, jeudi, pour porter un message d'optimisme sur la possibilité que les deux anciennes républiques soviétiques tournent la page après des décennies de conflit.
Pour ce faire, Nikol Pachinian s'est dit prêt à consentir à une demande clé de Bakou, à savoir assurer les liaisons de transport vers l'Azerbaïdjan et la Turquie via le territoire arménien.
Le ton tranche avec celui de l'an dernier quand les discussions étaient "dans l'impasse", a reconnu d'emblée le dirigeant.
Il y a tout juste un an, l'Azerbaïdjan venait de reprendre le Haut-Karabakh, une enclave montagneuse sous souveraineté azerbaïdjanaise qui était majoritairement peuplée d'Arméniens.
L'offensive n'avait duré que quelques jours et s'était déroulée pendant la grand-messe annuelle de l'Assemblée générale de l'ONU, créant la stupéfaction parmi les diplomates occidentaux, en particulier Américains et Français alors très impliqués dans la médiation. Ils avaient assisté, impuissants, à l'exode de près de 120.000 Arméniens.
"Je tiens à dire que la paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan est non seulement possible, mais encore à portée de main", a déclaré Nikol Pachinian.
Les deux parties sont d'accord sur 80% des points d'un potentiel traité, a-t-il mis en avant.
"Tout ce que nous devons faire, c'est tendre la main et l'accepter", a-t-il déclaré. "La douleur est très profonde et intense, mais nous devons maintenant nous concentrer sur la paix, car la paix est la seule vérité compréhensible pour les peuples d'Arménie et d'Azerbaïdjan", a-t-il poursuivi.
Nikol Pachinian a souligné qu'Erevan aimerait signer l'accord sur la base des points déjà approuvés.
Jusqu'à présent, Bakou s'y est opposé, estimant qu'il n'y avait pas d'accord possible tant que tous les points n'étaient pas réglés.
"Pourquoi proposons-nous cela? Parce qu'il n'existe aucun précédent d'accord de paix, ni d'accord qui réglementerait et résoudrait tout", a argué Nikol Pachinian.
Mais l'Azerbaïdjan exige que l'Arménie consente à faire changer sa Constitution au motif que celle-ci s'appuie sur un traité de réunification entre l'Arménie et le Haut-Karabakh.
Bakou demande aussi qu'Erevan consente à ouvrir des liaisons de transport avec son exclave du Nakhitchevan, actuellement séparée par le territoire arménien, afin d'offrir une continuité terrestre avec la Turquie, son grand allié.
- Carrefour de paix ? -
"Nous sommes prêts à ouvrir nos communications de transport vers l'Azerbaïdjan et la Turquie, ainsi qu'avec nos autres voisins et partenaires", a déclaré Nikol Pachinian, une concession forte pour tenter d'arracher un traité.
"La République d'Arménie est prête à garantir pleinement la sécurité du passage des véhicules et des personnes sur son territoire. C'est notre souhait, notre engagement et nous pouvons le faire", a-t-il également lancé, affirmant que cela pourrait devenir un "carrefour de paix".
Sur le changement de la Constitution, qui requiert l'organisation d'un référendum -- un processus long à l'issue incertaine -- des diplomates occidentaux y voient "une manoeuvre dilatoire" de Bakou qui consiste à demander l'impossible pour ne pas signer d'accord.
L'Azerbaïdjan, avec ses richesses gazières et une armée modernisée renforcée par les armes turques, a semblé jusqu'alors être en position de force dans les négociations.
Mais alors que le pays a gagné en visibilité internationale -- Bakou est l'hôte en novembre de la COP29 -- la pression de la communauté internationale s'accroît pour qu'un accord soit signé avant ce grand rendez-vous consacré au climat.
Jeudi, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a rencontré les ministres des Affaires étrangères des deux pays à New York.
Il "a encouragé les progrès continus des deux pays pour finaliser un accord dès que possible", selon le porte-parole du département d'État, Matthew Miller.
Sollicité par l'AFP, un porte-parole de la délégation azerbaïdjanaise n'était pas immédiatement disponible.