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Militaires renversés à Levallois: Hamou Benlatreche conteste les accusations

Il est accusé d'avoir blessé six soldats de l'opération Sentinelle en août 2017 avec sa voiture à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) avant de prendre la fuite: Hamou Benlatreche a contesté lundi dès l'ouverture de son procès en appel les faits qui lui sont reprochés.

"Je ne reconnais rien de ce que vous avez dit", a dit l'Algérien de 42 ans, qui comparaît devant la cour d'assises spéciale d'appel de Paris en fauteuil roulant après avoir été blessé par balles lors de son interpellation.

Comme lors de son premier procès, l'accusé, qui s'exprime en arabe, même s'il comprend et parle le français selon des experts venus déposer à la barre, a choisi de réfuter l'accusation de tentative d’assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste.

"C'est un accident", a-t-il répété lundi.

La cour a diffusé une vidéo, prise par les caméras de vidéosurveillance, montrant le véhicule conduit par M. Benlatreche fonçant sur les militaires.

Cette vidéo montre le véhicule se déporter brusquement sur la gauche pour toucher les militaires qui tombent au sol. Le véhicule revient sur la droite pour poursuivre sa route à grande vitesse.

"Ce sont des manoeuvres très précises. Dire que c'est un accident n'est ni crédible, ni même possible", commente à la barre une capitaine de la brigade criminelle qui a participé à l'enquête.

Hamou Benlatreche demeure impassible pendant la courte projection. Un ex-militaire pousse un léger cri et est aussitôt réconforté par ses camarades sur le banc des parties civiles.

En première instance, M. Benlatreche a été condamné à trente ans de réclusion assortis d'une peine de sûreté de vingt ans.

Il encourt la réclusion à perpétuité.

La première journée de son procès en appel a été essentiellement consacrée à son examen de personnalité.

"Je ne me suis jamais bagarré", s'est-il défendu, agacé quand la cour évoque son tempérament "soupe au lait".

"Êtes-vous impulsif ? Vous arrive-t-il de sortir de vos gonds ?", insiste la présidente Emmanuelle Bessone.

"Jamais !", répond M. Benlatreche d'un ton excédé.

L'avocate générale du Parquet général rappelle que M. Benlatreche est impliqué "dans une quarantaine d'incidents disciplinaires" depuis le début de sa détention. "Crachats, insultes, morsures, coups de poing, coups de tête...", énumère-t-elle.

"Je suis toujours la victime", assure l'accusé provoquant quelques soupirs sur les bancs des parties civiles.

Troisième d'une fratrie de cinq enfants, il a quitté l'Algérie à l'âge de 29 ans pour des raisons médicales. Vivant seul en France, il a fréquenté des mosquées réputées traditionalistes d'Ile-de-France mais n'était pas connu comme étant "radicalisé".

- Pas d'antécédents judiciaires -

Avant les faits, il n'avait aucun antécédent judiciaire.

Le 9 août 2017, au volant de son VTC, il avait fauché des militaires qui s'apprêtaient à partir en patrouille, avant de prendre la fuite et d’être interpellé, cinq heures plus tard, sur une autoroute près de Calais (Pas-de-Calais).

"L'action de percuter les militaires était volontaire et ne pouvait s'expliquer par un malaise fugace", avait jugé la cour d'assises spéciale en première instance.

Six militaires avaient été blessés au cours de l'attaque, dont trois sérieusement, et au total neuf soldats ont été reconnus comme "victimes potentielles".

Au cours de son interpellation, alors qu'il refusait d'obtempérer, la police a fait usage d'armes à feu pour arrêter sa course. Hamou Benlatreche a été touché par cinq balles, notamment au thorax, au bras droit et à l'épaule gauche. Une balle avait été retrouvée logée au niveau du rachis provoquant une paralysie des membres inférieurs.

Au cours de son premier procès, M. Benlatreche, qui souffre d'une grave malformation des vaisseaux sanguins du cerveau, a expliqué avoir perdu le contrôle de son véhicule à cause d'un malaise et que sa jambe droite était restée enfoncée sur l'accélérateur.

C'est "par peur" qu'il avait pris la fuite, avait-il soutenu.

En première instance, la cour avait jugé que son acte traduisait une "volonté d'intimidation des autorités et de transmettre la terreur dans la population".

Le procès en appel est prévu jusqu'au 17 février.

aje/vk

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