Partager:
Les manœuvres diplomatiques se sont intensifiées lundi pour tenter d'éviter une escalade militaire au Moyen-Orient entre l'Iran et ses alliés d'une part et Israël de l'autre, à l'heure où de nombreux pays appellent leurs ressortissants à quitter le Liban.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a exhorté tous les acteurs de la région à éviter "l'escalade", a annoncé son porte-parole, alors que le président Joe Biden réunissait son équipe de sécurité nationale.
Les tensions à travers la région ont redoublé après l'assassinat, le 31 juillet à Téhéran, du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et la mort quelques heures plus tôt du chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Choukr, dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé dimanche que son pays était prêt à faire face "à l'Iran et ses sbires sur tous les fronts". "Quiconque tue nos citoyens ou nuit à notre pays (...) paiera un prix très élevé", a-t-il averti.
Lundi, l'armée israélienne a annoncé l'arrivée en Israël du chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, le général Erik Kurilla, pour évaluer la situation en matière de sécurité.
Un émissaire russe, l'ex-ministre de la Défense Sergueï Choïgou, est lui arrivé à Téhéran.
L'Iran, le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah ont accusé Israël de l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh.
Israël n'a pas commenté ce décès mais avait promis de détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, après l'attaque sans précédent menée par ce mouvement le 7 octobre sur son sol, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis, tous deux alliés de Téhéran, ont depuis le début de la guerre ouvert des fronts face à Israël.
Après les deux assassinats de la semaine dernière, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé qu'Israël avait franchi des "lignes rouges". Le guide suprême d'Iran, Ali Khamenei, a agité la menace d'un "châtiment sévère".
"L'Iran a légalement le droit de punir" Israël, ont insisté lundi les autorités iraniennes.
Face au risque de confrontation militaire entre l'Iran et Israël, Joe Biden réunit lundi le Conseil de sécurité nationale pour "faire un point sur les tout derniers développements au Moyen-Orient", selon la Maison Blanche.
Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont musclé ces derniers jours leur dispositif militaire au Moyen-Orient tout en disant chercher à "désamorcer la situation diplomatiquement".
Joe Biden s'est également entretenu lundi par téléphone avec le roi Abdallah II de Jordanie. Antony Blinken a eu des échanges téléphoniques avec le Premier ministre du Qatar et le ministre des Affaires étrangères d'Egypte, deux pays impliqués avec les Etats-Unis dans les négociations indirectes entre Israël et le Hamas.
- "Tous les scénarios" -
Le président français Emmanuel Macron, le président émirati Mohammed ben Zayed al-Nahyane et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ont de leur côté appelé "tous les acteurs" au Proche-Orient "à la responsabilité et à la retenue".
Selon le média américain Axios, Antony Blinken a déclaré dimanche à ses homologues des pays du G7 qu'une attaque de l'Iran et du Hezbollah contre Israël pourrait être lancée dans les prochaines 24 ou 48 heures, donc dès lundi, selon des sources informées.
Il a aussi parlé au Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani, face à la possibilité d'attaques de groupes armés irakiens pro-iraniens.
Lundi, des tirs de roquettes ont visé une base accueillant des troupes américaines en Irak, selon une source des services de sécurité.
Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a déclaré lundi que son pays "se préparait à tous les scénarios, à la fois de manière offensive et défensive". "Nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris à un passage rapide à l'attaque", a affirmé le ministre de la Défense, Yoav Gallant.
"Vous savez, on ne peut pas savoir ce qui se passera dans 20 minutes (...) Mais nous sommes un pays fort et je pense que nous allons gagner cette guerre", a assuré un commerçant d'Haïfa, dans le nord d'Israël, Yehuda Levi.
- Vols suspendus -
Entretemps, de nombreux pays dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont appelé leurs ressortissants à quitter le Liban.
Plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec Beyrouth, dont Lufthansa, Air France, Transavia et Kuwait Airways. Lufthansa a prolongé la suspension de ses vols vers Tel-Aviv jusqu'au 12 août et va éviter les espaces aériens iranien et irakien jusqu'au 7 août.
La Royal Jordanian a annoncé qu'elle affréterait cette semaine trois vols pour permettre aux ressortissants jordaniens de quitter le Liban.
Au Liban, le ministère de la Santé a annoncé que des frappes israéliennes avaient fait trois morts dans le sud du pays. Le Hezbollah a annoncé la mort d'un de ses combattants.
L'armée israélienne poursuit pendant ce temps ses bombardements sur la bande de Gaza assiégée.
L'attaque menée le 7 octobre contre Israël par le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, Israël a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 39.623 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.