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Après une nuit en mer, les pêcheurs qui déchargeaient vendredi leurs caisses de poissons dans le port de Kinmen affirmaient n'avoir ressenti "aucun impact réel" des manœuvres militaires menées par les forces chinoises autour de Taïwan.
Cette ville chargée d'histoire fait partie d'une série d'îles administrées par Taipei à proximité desquelles Pékin a effectué des exercices militaires.
Chen Chien-chou, un pêcheur de 32 ans, qui a passé la nuit en mer sous de fortes pluies, assure que la situation autour de Kinmen est "comme d'habitude".
"Il n'y a pas d'impact réel (des manoeuvres militaires), cela ne fait aucune différence pour les gens", dit-il alors que les travailleurs du port sont en train de placer des dizaines de petits requins dans des caisses destinées aux marchés.
"Ils ciblent l'île principale, et non les îles périphériques, qui entretiennent déjà des interactions étroites" avec la Chine, assure Chen.
Les exercices de deux jours, baptisés Joint Sword-2024A, ont débuté quelques jours après que le président Lai Ching-te, qualifié par Pékin de "séparatiste dangereux", a prêté serment.
Mais les habitants de Kinmen "ne prennent pas à cœur", la campagne d'intimidation croissante de la Chine, assure Wu Wei-kuo, 40 ans, qui dirige une maison d'hôtes dans un manoir historique.
"Je ne peux pas mettre ma vie entre parenthèses pour une chose sur laquelle je n'ai aucune prise", confie-t-il.
Kinmen se trouve à seulement cinq kilomètres du continent chinois, et à 200 kilomètres de l'île principale de Taïwan.
C'est également une base militaire: des camions blindés ont été aperçus vendredi dans les rues alors que les soldats taïwanais effectuaient des exercices de routine.
Ile située en première ligne après la fuite des nationalistes de Chine vers Taïwan en 1949, Kinmen possède aujourd'hui des vestiges de son histoire avec des fortifications sur ses plages et des bunkers dans les rues.
Plus de 70 ans plus tard, les dirigeants communistes chinois promettent toujours de s’emparer de Taïwan, que Pékin considère comme faisant partie de son territoire.
- 'Pas peur'-
L'île est peut-être à la porte de la Chine, mais l'exploitant de la maison d'hôtes Wu est catégorique: "le nom de mon pays est Taïwan". Comme beaucoup d’autres personnes sur l’île autonome, il s’identifie comme Taïwanais, en opposition aux Chinois.
Si malheureusement une guerre éclate... s'il faut que j'aille sur le champ de bataille, j'irai". a-t-il déclaré à l'AFP.
Depuis 2016, date à laquelle le Parti démocrate progressiste de Taïwan – qui défend la souveraineté de l'île – est arrivé au pouvoir, la Chine a coupé toutes les communications de haut niveau.
Elle envoie des avions de combat, des navires de guerre et des drones autour de Taïwan et, ces derniers mois, en particulier dans les îles périphériques, des navires des garde-côtes chinois sont apparus fréquemment.
Mais "ils ne feront rien à nos bateaux de pêche", assure un autre pêcheur du nom de Chen, qui a refusé de donner son nom complet.
"Ils sont juste passés à côté de nous et ont jeté un coup d'œil... Nous ne sommes pas inquiets".
Lin Rong-bin, concierge d'une école résidant à Lieyu, un petit îlot de Kinmen, assure savoir la phrase du discours inaugural de M. Lai lundi qui a fait bondir la Chine.
Le nouveau président a répété la ligne de son parti selon laquelle la République de Chine – le nom officiel de Taïwan – et la République populaire de Chine "ne sont pas subordonnées l'une à l'autre".
"C'est comme dire qu'il y a deux pays", souligne le concierge de 44 ans.
Pékin a dénoncé ce discours comme une "déclaration d'indépendance".