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Les forces de l'ordre ont évacué vendredi les militants propalestiniens de Sciences Po Paris mettant rapidement fin à l'occupation du prestigieux établissement, épicentre d'une mobilisation étudiante qui peine à faire tâche d'huile mais enflamme le débat politique.
Une semaine après une mobilisation émaillée déjà de tensions à Sciences Po Paris et une précédente évacuation de locaux, "91 personnes ont été évacuées, sans incident", a précisé la préfecture de police de Paris.
"La fermeté est et restera totale", a fait savoir Matignon.
C'est l'administrateur provisoire, Jean Bassères, qui a requis la force publique pour évacuer ces bâtiments historiques de l'école, rue saint-Guillaume, au coeur d'un quartier huppé de la capitale.
"Je mesure la portée de cette décision difficile et l’émotion qu’elle peut susciter. Je regrette vivement que les multiples tentatives de dialogue n’aient pas permis de l’éviter", a affirmé M. Bassères dans un message envoyé en interne. Il dit être "disposé à poursuivre (le) dialogue dans le respect de nos statuts et des compétences de nos instances".
"Jean Bassères a appelé la police. Il a donné un ultimatum de 20 minutes pour sortir", en raison de "la tenue des examens à partir de lundi et qu'il faut les préparer à partir de demain", a déclaré à la presse Hicham, représentant du Comité Palestine, après sa sortie des locaux occupés.
La mobilisation étudiante en faveur de Gaza et des Palestiniens reste principalement circonscrite à Sciences Po (qui compte entre 5 et 6.000 étudiants dans la capitale), ses campus en régions et aux instituts d'études politiques mais la contestation peine à ce stade à enflammer la jeunesse des universités.
- Des députés LFI -
Un rassemblement en soutien à la cause palestinienne à l'appel de syndicats étudiants a réuni entre 250 et 300 personnes place du Panthéon, a constaté l'AFP.
"Notre mobilisation se poursuit la semaine prochaine dans les facs avec des blocages déjà prévus", a affirmé la direction du syndicat l'Union étudiante.
"Ça me touche beaucoup ce qui se passe en Palestine" et "je suis là aussi pour dire qu'il y a encore des jeunes de gauche qui se lèvent pour ce genre de combats", a expliqué Mathis, 18 ans, étudiant en musicologie à Sorbonne Université, qui n''a pas voulu donner son nom de famille.
Des députés LFI étaient présents en soutien.
"J'assume un devoir d'apologie de l'engagement militant de la jeunesse contre le génocide en cours à Gaza. J'invite tous ceux qui le peuvent à se joindre à eux et à les soutenir moralement et matériellement", a affirmé le leader insoumis, Jean-Luc Mélenchon dans un message sur X.
Aux Etats-Unis, les campus d'une quarantaine d'universités connaissent une vague de mobilisation, avec des interventions musclées de la police.
Place de la Sorbonne, à quelques centaines de mètres de Sciences Po Paris, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a tenu pendant une bonne partie de la journée une "table du dialogue", avec plusieurs invités, dont le dessinateur Joann Sfar ("Le chat du rabbin").
- Des évacuations ailleurs en France -
Ailleurs en France, plusieurs campus de Sciences Po Paris comme au Havre, Dijon, Reims ou Poitiers ont fait l'objet de perturbations, blocages ou occupations partielles, dont certaines ont été levées (Le Havre et Reims).
A Lyon, les forces de l'ordre sont intervenues vendredi pour évacuer dans le calme des manifestants pro-palestiniens de l'institut d'études politiques (qui n'est pas rattaché à Sciences Po Paris). L'établissement sera fermé administrativement jusqu'au 12 mai, a indiqué sa direction.
A Saint-Etienne, la police est également intervenue pour évacuer une quinzaine d'étudiants qui bloquaient l'accès à un site universitaire.
A Menton, Sciences Po Menton a rouvert normalement aujourd'hui, après plusieurs jours de fermeture, selon une étudiante contactée.
L'école de journalisme de Lille a également fait l'objet d'un blocage.
Après un débat interne sur le Proche-Orient organisé jeudi par la direction de Sciences Po Paris, que les étudiants du Comité Palestine ont jugé "décevant", ces derniers avaient effectué un "sit-in pacifique" dans le hall de l'école avant d'occuper le bâtiment. Plusieurs d'entre eux ont déclaré entreprendre une "grève de la faim" en "solidarité avec les victimes palestiniennes".
A l'issue de ce débat, Jean Bassères, a répété qu'il n'était pas question, comme le réclament certains étudiants, d'"investiguer" les relations de Sciences Po avec des universités israéliennes.
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